Pour éviter la chute une seule solution : l’activité physique ! 

Le stress, l’entraînement, la chaleur… ont des effets sur le corps qui s’illustrent sous la forme d’un U inversé. Ainsi, un peu, c’est bien, mais trop est néfaste.
Quand il s’agit de méthodes de prévention, penser qu’on ne peut pas « trop » en faire est légitime, or il pourrait en être autrement. Exemple avec les interventions contre le risque de chute chez les personnes âgées.

Un tiers des personnes âgées de 65 ans et plus vivant en communauté tombent chaque année, et cette proportion augmente à mesure de l’avancée en âge.

À long terme, ces chutes peuvent avoir de graves conséquences, avec notamment des effets sur la perte d’indépendance, la morbidité et la mortalité.

 

 

Les facteurs de risque en rapport avec les chutes comprennent :

– L’âge avancé

– Les antécédents de chutes

– La faiblesse musculaire

– Les problèmes de démarche et d’équilibre

– Une mauvaise vision

– Des maladies chroniques, comme l’arthrite

 

À ceux-ci s’ajoutent des facteurs environnementaux :

– L’absence d’appui-mains disponibles

– Un mauvais éclairage

– Des surfaces glissantes ou de hauteur variable

– De mauvaises chaussures

 

Au quotidien, la plupart des chutes résultent de l’interaction de ces facteurs : plus ils sont nombreux, plus la personne a statistiquement de risques de chuter. C’est pourquoi les interventions de prévention sont de plus en plus multifactorielles (avec au moins 2 de ces facteurs ciblés) et individualisées (chaque intervention est spécifique à la personne).

 

Parmi les interventions recommandées, on trouve par exemple :

– Les exercices de musculation et d’équilibre

– L’évaluation de la vision et de l’orientation

– L’évaluation des dangers au domicile

 

Cependant, face à la diversité des interventions possibles, il est difficile de déterminer un effet global, d’autant plus si celui-ci est à mesurer dans la durée. Alors que le rôle de l’activité physique dans la prévention des chutes est bien connu, celle-ci bénéficie-t-elle de l’appui d’interventions complémentaires ? Une telle démarche tirerait-t-elle son épingle du jeu dans la durée ?

 

Pour répondre à ces questions, une équipe d’Oxford a entrepris un focus spécifique sur des interventions d’une durée supérieure à 12 mois, avec comme mesures d’intérêt :

– Le taux de chutes : nombre de chutes par année-personne

– Le risque de subir une ou plusieurs chutes

– Le risque d’une ou plusieurs fractures liées aux chutes

– Le risque de chute nécessitant une admission à l’hôpital ou des soins médicaux (ex : consultation d’un médecin généraliste)

– La qualité de vie en rapport à la santé (mesurée à l’aide d’un questionnaire)

 

Au total, ce sont 41 études impliquant 19 369 participants âgés de 72 à 85 ans, sur 14 pays et une période de 12 à 48 mois, qui ont été considérés. Et pour identifier leurs bénéfices, ces données ont été comparées à des démarches plus classiques, qui consistent soit à ne rien changer au quotidien des personnes âgées (34 études concernées) soit à fournir des conseils visant à attirer leur attention sur des facteurs de risque spécifiques (7 études concernées).

 

Les résultats n’ont finalement pas été ceux auxquels on pourrait s’attendre spontanément. En effet, ils indiquaient que les interventions multifactorielles ne pourraient que « légèrement » réduire le risque des personnes âgées à subir une ou plusieurs chutes.

Autrement dit, les avantages de compléter des séances d’activité physique avec des outils complémentaires ne semblent pas flagrants pour minimiser le risque de chute. Pour ce que l’on pourrait escompter d’une intervention « globale », le résultat est donc décevant.

 

La grande diversité dans les résultats des études analysées pourrait, selon les auteurs, être à l’origine de ce constat. Ce qui les a naturellement conduit à rester conservateurs quant aux avantages présumés des interventions multifactorielles.

 

À noter que si les interventions multifactorielles dégagent effectivement un léger effet bénéfique par rapport aux démarches classiques, leurs effets restent toutefois peu différents de celles incluant des conseils aux personnes. En d’autres termes, lorsque les personnes âgées sont guidées par rapport aux facteurs de risque à considérer – sans autre intervention supplémentaire – leur risque de chute diminue de façon comparable aux approches multifactorielles. Sans différenciation dans la durée.

 

Ensemble, ces résultats ont alors conduit les auteurs à conclure que « si des recherches antérieures ont montré que les exercices, en particulier ceux d’équilibre et fonctionnels, sont efficaces pour réduire le taux de chutes chez les personnes âgées, (…) des recherches restent nécessaires pour déterminer l’avantage d’inclure d’autres interventions, en supplément de l’exercice, dans le cadre d’une intervention multifactorielle. »

 

Ainsi les bénéfices de l’activité physique pour la prévention des chutes existent, mais pourraient se perdre lorsque couplés à d’autres outils. Si cette déduction est vraie, derrière elle peuvent alors se poser des hypothèses quant aux mécanismes impliqués :

– Serait-ce une sur-fatigue des participants qui atténuerait finalement les bénéfices de l’activité physique unique ?

– Pourrait-il y avoir des interférences entre les différents outils, qui nuanceraient alors l’effet unique de l’activité physique ?

– Serait-ce une problématique de charge cognitive de la personne âgée à gérer plusieurs outils ?

 

Au regard de ces résultats, une notion forte du monde de l’entraînement revient alors avec force : celle de « progressivité ». Et avec elle, une dernière question : nos séniors ne bénéficieraient-ils pas d’une progressivité dans l’inclusion des différents outils à leur protocole de prévention ?

L’exercice pourrait ainsi servir de point d’appuis, sur lequel tout autre outil de prévention pourrait pédagogiquement venir se greffer.

 

Source : Hopewell et al., 2020

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