Force : quel déclin lié à l’âge et au sexe ?

Article écrit par Cyril Schmit

Il nous attend tous, entraîné ou non, performant ou non, ambitieux ou non. Le déclin de performance est inéluctable avec les années. Qu’en est-il chez les hommes et les femmes sur une qualité physique comme la force ?

Force est de constater qu’avec l’âge, les performances sportives diminuent, en loisir comme en compétition. Des disciplines de puissance comme l’haltérophilie ou d’endurance comme le triathlon illustrent cette décadence généralisée, même si des nuances existent dans le déclin selon que la performance soit aérobie VS anaérobie, de force VS de puissance. 

 

En raison d’adaptations spécifiques de leurs systèmes musculo-squelettique et cardiovasculaire, les haltérophiles ont la particularité de posséder un niveau de puissance supérieur à celui des autres sportifs si bien que cette discipline est récemment devenue populaire pour optimiser les séances d’entraînement d’autres sports de force. Les femmes y affluent d’ailleurs : alors que 40 femmes ont participé aux Championnats du monde Masters de la IWF (Fédération internationale d’haltérophilie) entre 1993 et 1995, 336 femmes y prenaient part en 2018.

 

Ces 2 observations ont récemment été appréhendées dans une même étude publiée au sein de la revue Medicine & Science in Sport & Exercise et ayant pour optique de quantifier le déclin de performance lié à l’âge en fonction du sexe. Pour cela, les données des Championnats du monde Masters d’haltérophilie de l’IWF de ont été compilées de 1993 à 2018 et, en guise de mesures pertinentes, le poids total soulevé à l’arraché + à l’épaulé jeté a été analysé (si au moins 1 tentative sur 3 était valable pour les deux levées).

 

Pour se rendre compte de l’ampleur de cette étude, retenons qu’un total de 10 225 performances ont été traitées pour les haltérophiles âgés de 35 à 74 ans (femmes) et 35 à 90 ans (hommes).


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« Une diminution nettement plus prononcée des niveaux de performance a été observée chez les femmes que chez les hommes commençant déjà à 35 ans ou moins. »

Huebner et al., 2019

 

Un premier résultat intéressant de l’étude est que la courbe de décroissance de performance des femmes est similaire à celle des hommes, hormis sur la période 45-55 ans. En effet, tandis qu’elles se confondent de 35 à 40 ans, les courbes s’écartent vers l’âge de 45 ans et le déclin de performance des femmes devient plus marqué avant finalement de retrouver une cinétique comparable à celle des hommes. 

 

De façon générale, le déclin pour les 2 sexes s’explique par le rapport qu’il existe entre la diminution des androgènes (qui développent les caractéristiques mâles) et des œstrogènes (hormones sexuelles femelles) avec l’âge, et la diminution de la masse et de la force musculaires. 

 

De façon plus précise, l’accélération du déclin de performance chez la femme pourrait s’expliquer par des changements hormonaux dus à la ménopause. Spécifiquement, alors que chez les hommes les taux de testostérone diminuent de 1 à 3 % par an, le niveau de testostérone post-ménopause représente seulement 15% du niveau pré-ménopause (ce taux étant déjà beaucoup plus faible de base chez les femmes). De plus, le niveau d’œstrogènes chute considérablement la 1ère année de la ménopause. Ces baisses pourraient donc précipiter la perte de force musculaire et une moindre capacité de préhension de la main

 

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Un second résultat utile est celui relatif à la capacité des haltérophiles à performer au fil des années (image ci-dessus). Forte de ses 10 225 performances analysées, cette étude met effectivement en évidence qu’un/une athlète de 40 ans possède 95% du potentiel qu’il/elle avait à 35 ans. Puis comme discuté plus haut, les femmes perdent ensuite leur capacité à performer (seulement 60% de leur potentiel à 60 ans) plus rapidement que les hommes (72% à 60 ans).

 

Cette décroissance ne doit surtout pas être synonyme de démotivation, bien au contraire ! Rappelons que le travail de force (tout comme celui à dominante cardiovasculaire) est un incontournable pour préserver sa santé musculaire et osseuse, et repousser l’apparition de pathologies liées à l’âge. Une séance de renforcement musculaire par semaine étant un minimum.

 

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