Le risque d’hypoglycémie réactionnelle, suite à la consommation de sucres à index glycémique élevé pendant un effort de longue durée, est encore trop tenue pour évidente par les sportifs.
Quel crédit accorder à cette forme d’hypoglycémie en 2025 ? Ce diagnostic n’est-il pas galvaudé ?
Que se passe-t-il au repos ?
L’ingestion de glucides déclenche l’augmentation de la glycémie. Le signal est vite repéré. La riposte du pancréas est immédiate. Il sécrète une hormone hypoglycémiante, l’insuline, dont le rôle est d’abaisser la concentration de glucose dans le sang. Elle commande la pénétration rapide du glucose plasmatique vers l’intérieur des adipocytes, des hépatocytes et des cellules musculaires.
La consommation trop importante et concentrée de produits sucrés peut entrainer lasurproduction d’insuline et la chute de la glycémie en réaction à cette hormone.
Chez de rares sportifs,apparaissent des effets secondaires (faiblesse, anxiété) généralement nommés « hypoglycémie réactive ou réactionnelle ». Ce terme fait même partie, désormais, du vocabulaire du grand public. Mais, attention, force est de reconnaître que ce « diagnostic » pourrait avoir d’autres origines que l’excès de sucres.
La prise régulière de collations sucrées, pendant un effort en endurance, doit-elle aussi faire craindre des à-coups insuliniques ?
Que se passe-t-il pendant la pratique sportive ? Un bel exemple d’équilibre
À l’entrainement comme en compétition, la pratique sportive et l’insuline bousculent le métabolisme de manière différente. Pendant l’effort, les deux forces de régulation glucidique s’opposent.
Pour empêcher que le taux de glucose dans le sang s’effondre trop vite (il faut fournir l’énergie nécessaire aux contractions musculaires), plusieurs mécanismes se mettent en route, pour le bonheur musculaire :
- La sécrétion d’insuline est inhibée. Lorsque que vous vous activez pendant votre séance de sport, vos muscles ont besoin de glucose. Cet état stimule la libération d’hormones comme les catécholamines (Ex : adrénaline). A leur tour, elles bloquent momentanément la sécrétion d’insuline : ses effets sur la mise en réserve des sucres sont neutralisés. De plus, cet ajustement hormonal facilite le déstockage hépatique de glucose procurant aux muscles une source d’énergie complémentaire et rapidement disponible.
- L’activité physique est un puissant activateur de la captation du glucose sanguin par les cellules musculaires, et sans l’aide de l’insuline. En effet, les contractions des muscles facilitent le prélèvement du glucose circulant dans le sang et stimulent son passage et sa mise à disposition dans les fibres musculaires.
Compte tenu du sérieux avantage à maintenir sa glycémie au cours d’activités impliquant des heures d’effort physique, il est vivement suggéré aux sportifs d’assurer un apport suffisant et régulier de glucides pendant les séances d’entraînement importantes et les compétitions de longue durée, afin de limiter les risques d’hypoglycémie. (mais dans ce cas, il ne s’agit pas d’hypoglycémie réactionnelle)
Recommandation :
Tout malaise suite à la prise importante de sucres ne doit pas être attribué a priori à une hypoglycémie réactionnelle. En cas de suspicion, le diagnostic différentiel doit être confirmé par votre médecin.
Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport
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