Cheat meal ou cheat day ?

Vous avez peut-être un ami féru de musculation, tout enthousiaste et fébrile, vous dire qu’il va enfin décompresser, oublier ses règles alimentaires, et se donner la permission de manger absolument tout, tout ce qu’il veut durant son « cheat meal ».
Au vue des injonctions diététiques suivies habituellement par votre ami sportif, vous pouvez être amené à vous poser la question « Qu’est ce qu’un cheat meal » ? Un nouveau régime en semi-liberté ?

De la « sèche » à la faim

Après des mois de prise de masse et de programmes intenses d’entrainement, certains pratiquants de musculation (ou non !) s’imposent une « phase de sèche » via un régime spécifique, hypocalorique et rapide pour rendre visibles leurs muscles sculptés et afficher un physique sec, asséché et découpé.

Cette étape est fort éprouvante. Il s’agit d’abaisser au plus bas le pourcentage de masse graisseuse par à-coups de grandes privations alimentaires.

Les entrainements se poursuivent mais l’apport calorique inférieur aux dépenses énergétiques quotidiennes impacte l’organisme. La fatigue se fait sentir au fil des jours. Et, le sportif a faim ! Incorporer des cheat meals au programme alimentaire devient alors une délivrance pour nombre de pratiquants. Certains les voient comme le meilleur moyen d’accélérer la perte de poids !

Cheat meal ou cheat day: Qu’est ce que c’est ?

Le repas dit « cheat meal » nous vient tout droit des États-Unis où il a fait ses premières apparitions dans l’univers de la musculation avant de se reproduire à travers le monde. Sa traduction littérale française désigne un « repas de triche ». La formule peut en cacher une autre avec le  « cheat day » ou « jour de triche » quand les mangeurs décident de le pratiquer durant toute une journée, et non sur le seul temps d’un repas.

Le « cheat meal » est un repas où tous les excès sont permis. Plus besoin de calculer les calories, de limiter les quantités ingérées, d’observer la qualité nutritionnelle de votre assiette, vous pouvez tout vous autoriser.

Le seul et ultime objectif est de « se faire plaisir » avec des aliments de faible qualité nutritionnelle (junk-food, biscuits apéritifs, produits panés…), mais que vous appréciez sans vous donner le droit de les consommer les autres jours de la semaine. Et, oui, le substrat énergétique du paradis et de l’enfer est l’aliment gras et/ou sucré. Seuls l’alcool et les sodas sont prohibés.

 

Des diètes qui ne disent pas leur nom

Le « cheat meal » appartient à toutes ces nouvelles tendances alimentaires miracles qui émergent, sans fin, dans les stades ou salles de sport.

En période de « sèche », réduire violemment ses apports caloriques conduit à des sensations de faim, désagréables puis intolérables : de simples gargouillis, crampes gastriques aux céphalées, irritabilité, étourdissements… puis de fatigues passagères à des conséquences plus graves : système immunitaire abaissé, fractures de stress…

Pour le corps épuisé par les rationnements et les contrôles alimentaires, lassé par les privations disparates, il devient difficile d’éviter quelques sorties de route. Les régimes hyper restrictifs, de par leur nature propre, portent frustration et craquage. Le lâcher prise, sursaut de survie pour l’organisme, bascule en suralimentations incontrôlables lors des phases pudiquement nommées « cheat meal ».

Le risque est l’installation et l’aggravation d’un cercle vicieux d’hypercontrôles puis de pertes de contrôle : restriction-craquage-restriction-craquage

Attention que ces yoyos alimentaires périlleux ne finissent pas par engendrer un trouble ou une détresse du comportement alimentaire. 

 

Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport :http://www.nutritionniste-dieteticien.fr

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