Cross, piste, route, montagne, trail : Peut-on tout pratiquer avec bonheur sur une même saison ? Le cas de Marie Perrier

On a souvent tendance à opposer les disciplines de l’athlétisme, dans le stade ou hors du stade. Mais à trop vouloir travailler spécifiquement, ne perdons-nous pas de notre capacité à nous adapter et à progresser grâce au transfert de compétences ? Voyons cela avec Marie Perrier, une touche à tout de l’athlétisme.

La nature qui prépare à la route ou à la piste : retour aux sources. Bruno Dheilly

Aimer courir

Tout part de là finalement, l’amour de la course. Quand on aime courir, on peut prendre du plaisir indifféremment quel que soit le terrain. Bien sûr, on peut préférer la bagarre des cross, la chasse au chrono sur la piste ou l’asphalte, ou bien encore l’évolution en pleine nature. Il s’agit bien souvent d’une histoire d’éducation à la course. Pour un athlète qui démarre son activité par des courses nature, la piste apparaît comme un élément étranger et inutile.

Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à y venir à l’entraînement car la piste ne ment jamais sur son état de forme.

 

Un point commun essentiel

Chaque discipline a ses spécificités qui plaisent ou non. Mais si on y regarde de plus près, les disciplines citées sont toutes aérobies. Même sur la piste, Jean-Claude Vollmer rappelait dans son article sur Peter Snell que le 800m intéressait cette filière à plus de 50%, et quasiment à 100% à partir du 3000m. Par conséquent, il est évident que la diversité des pratiques au sein d’une même saison peut être enrichissante. On le sait depuis longtemps avec le couple cross/piste, puis cross/route, et à présent cross/trail. Et puis bien entendu, rares sont les pistards qui ne viennent pas sur la route à un moment ou à un autre, où ils retrouvent des traileurs de plus en plus nombreux à prendre du plaisir du 10 km au marathon.

Parmi ces traileurs et traileuses, prenons l’exemple de Marie Perrier, jeune athlète mauricienne licenciée au CA Balma (31) et du Team HOKA international.

Marie Perrier débute la compétition en 2015 par le cross court, puis la poursuit en 2016 avec du cross, de la piste et de la route. Elle débute véritablement le trail en 2017 et poursuit jusqu’à ce jour en courant en cross, sur piste, sur route et en trail, sans oublier la course de montagne et le kilomètre vertical.

Sur semi-marathon, Marie est passée de 1h31’53 en 2016 à 1h21’51 en 2017 et 1h17’00 en 2018. En 2017, elle prend la 21ème place aux France de cross court, et en 2018 elle remporte le championnat de France de trail court à Montgenèvre, même si le titre est revenu à sa dauphine Adeline Roche, Marie n’étant pas française.

Si les objectifs de Marie restent centrés sur le trail, cela ne l’empêche pas de réussir dans les autres disciplines.

Trail, piste, cross, route : 4 disciplines aérobies aux enjeux différents

 

Trail, piste, cross, route : 4 disciplines aérobies aux enjeux différents
Trail, piste, cross, route : 4 disciplines aérobies aux enjeux différents

2019 sur tous les fronts…

Et cette manière d’appréhender la course à pied se poursuivra en 2019, même si une entorse survenue fin décembre à l’île Maurice n’a pas permis à Marie de disputer les cross. Les objectifs seront les suivants :

 

Mi-avril : championnat de France 10 km sur piste (objectif record national Maurice)

9 juin : Championnat du monde de trail (Portugal) 41 km

Fin juillet : Jeux des îles de l’océan indien : 10 000m piste + semi-marathon

11 août : Heritage Trail île Maurice 25 km. Préparation OCC

29 août : OCC (UTMB©) : 56 km et 3500m d+

Octobre : 10 km route

 

Ainsi Marie tentera des records piste et route sur la distance de 10 km, et poursuivra 2 gros objectifs en trail : le championnat du monde IAAF et Orcières-Champex-Chamonix qui rassemblera les meilleures spécialistes mondiales de la distance.

 

…mais avec un nombre réduit d’objectifs

La seule contrainte d’une telle planification est le nombre limité d’épreuves d’une même spécialité. Si on définit des objectifs ambitieux, cela ne donne pas de droit à l’erreur, mais c’est également ce qui fait tout le sel d’une saison. Et puis soyons clairs, on ne peut accumuler les compétitions de cross/piste et route 10 km comme on accumule les trails. La période d’affûtage précompétitif tout comme la période de récupération post-course seront bien plus longues après le mondial et encore plus après l’OCC. Marie utilise donc les épreuves plus courtes, et surtout la préparation à ces épreuves, comme moyen de développement de qualités utiles en trail, à savoir la capacité lactique, la puissance aérobie, la vitesse au seuil anaérobie et l’indice d’endurance. Les autres qualités propres au trail (force, technique, pacing…) sont travaillées dans un autre contexte, conjointement ou à posteriori.

Maintenant, on pourrait tout à fait envisager l’inverse, c’est-à-dire utiliser le trail comme moyen de développement de qualités utiles sur la route et même sur la piste : capacité aérobie, endurance (= fraction de VMA), force et puissance …

 

Ainsi, s’il est difficile de mener de front plusieurs disciplines, il est fortement conseillé de développer des compétences dans les unes qui se transfèreront dans les autres. On devient un athlète plus complet avec de meilleures capacités d’adaptation, et donc un risque diminué de blessures.

 

Réagissez