Cyclisme : Comment gérer la prise de relais durant un gentlemen?

L’exercice du Gentlemen est un exercice très particulier. Il s’agit de parcourir par équipe de deux, le plus rapidement possible, une distance allant, généralement, de 15 à 30 km. La composante technico-tactique de la performance en gentlemen est très importante. David Giraud, notre expert cyclisme, vous explique quelle est la meilleure façon de gérer ses relais lors de ce type d’épreuve.

  • La prise de relais

Afin d’imager et donc de simplifier les explications concernant le passage des relais durant un gentlemen, considérons deux coureurs selon leur position dans le relais. Le « relayeur » sera celui qui passe en tête et le « relayé » sera celui qui se remet dans la roue de son coéquipier pour s’abriter.
Si le niveau des deux coureurs est proche, l’idéal est de commencer l’épreuve en partageant équitablement la longueur des relais. Des relais de 30 secondes à 1 minute semblent être un bon compromis sur ce type d’épreuve.
Une fois son effort produit, le relayé s’écarte puis relâche très légèrement son effort afin de laisser passer son coéquipier. Celui-ci cherche alors à conserver la vitesse qu’il possédait dans la roue de son collègue grâce au phénomène de drafting (d’aspiration) en augmentant la puissance qu’il produit au niveau des pédales. Il remonte le relayé en le rasant afin de bénéficier au mieux de son aspiration, et de sa protection en cas de vent. Lorsque la roue avant du relayé, qui a veillé à ne pas perdre trop de vitesse en s’écartant, est à hauteur de la roue arrière de son partenaire, celui-ci accélère légèrement avant de se décaler pour se remettre dans l’axe du vélo de ce dernier. Cette opération de passage de relais doit se faire rapidement afin de ne pas exposer trop longtemps les deux protagonistes.
Si le vent est complètement inexistant, une autre technique de relais peut consister, à l’image des relais de poursuite par équipe sur piste, à s’écarter vers le milieu de la route sans relâcher son effort, et de se rabattre dans l’alignement de son coéquipier avant de relâcher l’effort et de bénéficier de l’effet « drafting ». Le fait de rallonger la distance parcourue en s’écartant, permet au relayé de retomber dans la roue de son coéquipier sans relâcher l’effort. Il peut alors reprendre sa roue sans accélérer.

  • L’éventail pour contrecarrer les effets du vent

Une composante externe importante peut changer la donne sur la technique de relais à adopter. Il s’agit du vent. Si le vent latéral est important, il faut que les deux coureurs se positionnent en éventail. Plutôt que de se positionner dans l’alignement du relayeur, le donneur de relais va contourner le preneur de relais afin de venir se positionner à l’abri de celui-ci. Si le vent vient de gauche, il se positionne à droite, s’il vient de droite, il se positionne à gauche. Plus le vent sera fort et latéral et plus le relayé viendra se placer haut par rapport au relayeur. Ensuite, celui-ci redeviendra relayeur remontant à l’abri du vent tandis que le relayé relâchera son effort et descendra exposé au vent avant de remonter se positionner latéralement de l’autre côté du relayeur, à l’abri du vent. (Lire qu’est ce qu’un éventail ?)

  • Adapter les relais pour préserver l’unité

Durant un gentlemen, il est assez rare que le niveau des deux coureurs reste homogène. En effet, de multiples raisons peuvent être à l’origine d’un affaiblissement plus important chez l’un des deux coureurs. Celui-ci peut être dans un mauvais jour, mal échauffé, avoir mal géré son alimentation ou le début de l’épreuve etc… Il faut alors être réactif dès les premiers signaux d’un affaiblissement de l’un des deux relayeurs.
Le duo doit adapter sa répartition des relais. Le coureur en difficulté doit raccourcir les siens tandis que son coéquipier doit les rallonger. Ainsi ils pourront limiter la perte de vitesse liée à cet affaiblissement. L’objectif du coureur le plus performant est alors de soulager au mieux son coéquipier afin de le préserver jusqu’à la ligne d’arrivée, sans pour autant se mettre, lui-même, en difficulté trop loin de celle-ci.

  • Adapter les relais en fonction du terrain

Pour que votre gestion soit proche de la perfection, veillez à adapter le temps de vos relais aux différents terrains rencontrés. En effet, plus la vitesse de déplacement est importante, plus les relais doivent être courts car plus les intensités d’efforts des deux coureurs seront différentes. En effet, plus le terrain favorisera la prise de vitesse (faible résistance liée à la pente ou à la granulométrie de la route) et plus le phénomène de drafting sera important. Le coureur abrité récupérera alors davantage et pourra reprendre le relais plus rapidement. Au contraire, dans une ascension raide, rien ne sert de beaucoup tourner puisque de toute façon le phénomène de drafting est quasiment inexistant. Si c’est le cas, alors n’hésitez pas à vous mettre à deux de front si cela peut vous aider psychologiquement.

  • Le mot de la fin

Afin de maîtriser les techniques de relais présentés ci-dessus, je vous recommande de vous exercer à l’entrainement en simulant, sur des courtes distances, de manières répétitives ce type d’effort. L’idéal est de le faire avec votre partenaire de compétition. Après la séance ou même chaque exercice, n’oubliez pas de débriefer pour corriger mutuellement vos erreurs. En agissant ainsi, vous apprendrez à communiquer de façon verbale et non-verbale, vous affinerez vos qualités technico-tactiques (passage de relais, gestion de l’effort, etc.) et vous développerez votre cohésion, primordiale à une performance collective.
Enfin, le jour de l’épreuve, si à 30 m de la ligne vous êtes dans la roue de votre coéquipier, n’oublier pas de faire le sprint, si bien évidemment vous en êtes capable. Le chrono étant pris sur le deuxième coureur, cela vous permettra de gagner quelques dixièmes de secondes qui, en sport, ont parfois d’importantes répercussions.

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