Marathon : Eliud Kipchoge supersonique pulvérise son record du monde à Berlin

Le Kenyan Eliud Kipchoge a remporté le marathon de Berlin pour la 4ème fois de sa carrière.
En 2h01’09 le double champion olympique améliore de 30 secondes son record du monde qu’il avait déjà établi sur le macadam Berlinois il y a 4 ans. Tout simplement grandiose.
À bientôt 38 ans, le roi du marathon Eliud Kipchoge reste phénoménal.

Eliud Kipchoge vainqueur du marathon de Berlin pour la 4ème fois de sa carrière avec un nouveau record du monde - Crédit photo : © SCC EVENTS/camera4_Tilo Wiedensohler

Une douzaine de degrés au départ et un vent quasi inexistant. En ce dimanche matin, les conditions météorologiques étaient optimales pour les performances pour la 48ème édition du marathon de Berlin réputé pour être le plus rapide de la planète.

Eliud Kipchoge de retour pour la première fois à Berlin depuis son record du monde établi il y a 4 ans était très attendu pour une nouvelle performance de folie.

Même si un record ne se réalise pas sur commande, les rumeurs allaient bon train depuis quelques jours sur la possibilité de voir le roi du marathon améliorer son chrono de 2h01’39.

Pour arriver à ses fins ou du moins le lancer idéalement, le double champion olympique avait sollicité 3 meneurs d’allure Koech, Kipkemboi et Kiplimo avec qui il s’entraîne.   

3 coureurs de confiance qui étaient chargés d’emmener Eliud Kipchoge en 1h00’50 au semi-marathon selon les informations révélées la veille de la course.

 

Le ton est donné dès les premiers temps de passage, Eliud Kipchoge et sa « garde rapprochée » sont en avance sur le record du monde.

Kilomètre après kilomètre ce capital temps augmente, les 5 premiers kilomètres sont engloutis en 14’14 avant d’atteindre le 10ème kilomètre en 28’23 (14’09), le 15ème kilomètre en 42’33 (14’10) et le 20ème kilomètre en 56’45 (14’12).

Derrière la sélection s’est rapidement faite, le vainqueur de l’an passé l’Ethiopien Guye Adola qui craquera en premier et son surprenant compatriote Andamlak Belihu âgé de 22 ans tiennent encore la cadence infernale de la NN Team Running au service d’Eliud Kipchoge qui boucle le premier semi en 59’51 soit une minute de moins que le chrono envisagé la veille et avec plus d’une minute d’avance sur le temps de passage 4 ans auparavant lorsque le record du monde avait été établi. Phénoménal.

Et si Eliud Kipchoge descendait sous les 2h ? On se prend à imaginer l’impensable connaissant le champion Kenyan adepte du négative split lors de quelques-uns de ces précédents marathons.

Après avoir rallié le kilomètre 25 en 1h11’08, les 3 meneurs d’allure quittent la course, Eliud Kipchoge se retrouve subitement seul, face à son destin, face au chrono, face à son propre record du monde.

Habitué de l’exercice en solitaire sur la fin de marathon, la confiance est de mise même si le rythme faiblit légèrement. L’Ethiopien qui l’accompagnait encore à la surprise générale ne peut plus suivre et disparait progressivement du sillage d’Eliud Kipchoge qui file vers un nouveau marathon d’anthologie.

Au 30ème kilomètre en 1h25’40, au 35ème en 1h40’10, Eliud Kipchoge enchaîne les portions de 5 km plus raisonnablement aux alentours de 14’30-14’32 mais garde environ une minute d’avance sur son record du monde.

Le rêve des moins de 2h s’éloigne avant d’être définitivement abandonné mais le record reste d’actualité.

 

En 1h54’53, Eliud Kipchoge s’offre un passage au 40ème kilomètre qui ne laisse plus aucune place au doute, son record du monde va voler en éclat.

La foule massée en nombre au bord de la route sur la fin de course est en délire, la Porte de Brandebourg puis la dernière ligne droite dans une ambiance de folie porte Eliud Kichoge qui s’impose en 2h01’09 et améliore finalement son record du monde de 30 secondes.

 

Il s’agit du 8ème record du monde du marathon établi chez les hommes à Berlin, le 7ème consécutif, le 2ème pour Eliud Kipchoge qui remporte le marathon de Berlin pour la 4ème fois de sa carrière et égale au passage le record de la légende Haile Gebreselassie également vainqueur à 4 reprises à Berlin.

 

Après l’arrivée, Eliud Kipchoge reconnaissant qu’il était peut-être parti un peu trop vite (premier semi en 59’51 à une moyenne de 2’50 au kilomètre / second semi en 61’18 à une moyenne de 2’54 au kilomètre) savourait son bonheur :

« Mon plan, ma stratégie avec toute mon équipe était de battre le record du parcours. Si ce record pouvait être amélioré d’une seconde, c’était un nouveau record du monde. Je sentais que j’avais de très bonnes jambes et que je pouvais courir en 2 heures. Je suis très heureux et content de mon temps, je n’ai aucun regret Mon corps supporte encore bien les charges de travail j’espère continuer à faire aussi bien et surtout que l’avenir soit aussi radieux. Berlin est un endroit où tout le monde a une chance de repousser ses limites. J’ai toujours dit que je ne croyais pas aux limites. Je dis toujours qu’aucun humain n’est limité. »

 

Une performance analysée par l’un de nos experts Jean-Claude Vollmer notamment entraîneur du recordman de France Morhad Amdouni :

« On a assisté à quelque chose qui marquera l’histoire du marathon pour très longtemps. Je pensais déjà que son 2h01’39 serait difficile à battre au niveau de la performance humaine. Il m’a fait peur quand à un moment on a cru qu’il pourrait peut-être courir en moins de 2 heures. Les temps de passage étaient phénoménaux, il est parti très vite, un peu trop vite je pense. C’était incroyable même en ayant ralenti on ne voyait pas de changement au niveau de son attitude, il n’y a rien qui bougeait. Son marathon fut une synthèse extraordinaire d’économie de course, de relâchement, de sérénité, on avait l’impression de voir une machine huilée qui tournait à grande vitesse. C’était beau, faramineux… les superlatifs me manquent. Après cet exploit comment se remotiver pour qu’il batte à nouveau son record ? Je pense que ce sera difficile, les conditions météo étaient parfaites, son état de forme au top, toutes les planètes étaient alignées c’est très rare. Je pense que son objectif à venir ce sont les JO à Paris en 2024 avec un 3ème titre olympique consécutif qui marquerait encore plus l’histoire. A t’il besoin de marquer encore plus l’histoire ? Sa longévité au très haut niveau me scotche. On a jamais connu cela. Il me fait penser en tennis à Nadal, Federer qui ont tout gagné… On a l’impression qu’il est en mission. J’aimerai bien connaître son degré de maîtrise de la souffrance, il a mis un énorme coup sur la tête à tout le monde. »

 

Eliud Kipchoge l’a emporté en assommant la concurrence, le Kenyan Marc Korir également âgé de 37 ans s’adjuge la 2ème place en 2h05’48 pas si loin de son record tout comme l’Ethiopien Tadu Abate 3ème en 2h06’28.

Le surprenant Andamlak Belihu longtemps aux côtés d’Eliud Kipchoge échoue au pied du podium en 2h06’40 mais pulvérise d’un peu plus de 3 minutes son unique temps sur la distance l’an passé à Valence.

 

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Tigist Assefa victorieuse chez les dames du marathon de Berlin en 2h15’37 signe la 3ème meilleure performance mondiale de tous les temps – Crédit photo : © SCC EVENTS/camera4_Tilo Wiedensohler

 

Chez les dames, la course fut également de toute beauté avec une seconde moitié de course plus rapide que la première. La victoire est revenue à l’étonnante Ethiopienne Tigist Assefa qui ne faisait pas partie des favorites et qui l’emporte en pulvérisant le record de l’épreuve en 2h15’37 et qui signe la 3ème meilleure performance mondiale de tous les temps.             

La Kenyane Rosemary Wanjiru (2h18) et l’Ethiopienne Tigist Abayechew (2h18’03) complètent le podium dans des chronos de très grande qualité, dans le TOP 7 des meilleures performances de l’année. Oui décidemment le marathon de Berlin est bel et bien le plus rapide du monde.

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