Erik Clavery : « Une expérience exceptionnelle et inoubliable qui mérite d’être vécue. »

Ce samedi la 35ème édition des Foulées du Gois fut une nouvelle fois un véritable succès.
Le passage du Gois entre l'île de Noirmoutier et Beauvoir-sur-Mer (Vendée) emprunté par environ 2000 participants, le public venu en masse pour assister à l'évènement, le soleil, un peu de vent tous les ingrédients étaient réunis pour que la fête soit belle.
7 courses au programme avec l'apothéose le défi contre la marée montante avec 35 athlètes sur invitation (12 femmes et 23 hommes) au départ dont Erik Clavery.
L'un de nos ambassadeurs LEPAPE 9ème du récent Marathon des Sables a découvert une course atypique bien loin de ses repères en ultra-trail. Entretien.

Erik Clavery aux Foulées du Gois

Lepape-info : Erik, pourquoi avez-vous relevé le défi des Foulées du Gois ?  

Erik Clavery : C’est une invitation de longue date de l’organisateur de la course, Claude Merceron qui m’avait proposé de venir quand j’étais devenu champion du monde de trail. Les dates des précédentes éditions n’étaient pas compatibles avec mon calendrier, c’était compliqué de venir. Cette année j’ai profité d’une opportunité, le Marathon des Sables était passé cela pouvait rentrer dans mon calendrier. Cette course m’a toujours attiré de part son originalité et puis aussi sa proximité car j’habite tout près. Je suis ravi d’avoir honoré ma première participation.

Lepape-info : Un peu plus de 4 km les pieds dans l’eau contre la marée montante, vous aviez de l’appréhension  

E.C : C’est hyper particulier d’avancer ainsi dans l’eau même si je connais le passage du Gois puisque j’avais fait mon enterrement de vie de garçon dessus, je savais que la mer montait vite. Il y a cette appréhension quand tu t’élances et que tu vois que l’eau commence à recouvrir la chaussée et que tu as 4 kilomètres à parcourir dessus.

Lepape-info : De l’appréhension et aussi un peu de pression au moment de la présentation des 35 athlètes qui montent tour à tour sur le podium avant le départ.

E.C : Oui, je viens de l’ultra endurance, les 24h, le 100 km, l’ultra trail etc… Là c’est 4 km c’est une épreuve très très rapide, on a de l’eau jusqu’aux genoux cela met un peu de piment à cette course au format court mais lorsque l’on voit et entend le palmarès des autres, on se demande ce que l’on fait là, il y a de l’appréhension c’est clair. C’est un format que je ne connaissais pas avec de sérieux clients comme Julien Moreau, Anthony Guillard (vainqueur en 2011, 5ème l’an passé), David Menanteau (vainqueur en 2022 de la course à marée descendante), je savais qu’ils étaient bien meilleurs que moi sur ce genre de format par contre moi je ne savais pas trop ce que cela allait donner, je pensais les observer de loin.

Présentation des athlètes de la course des As contre la marée montante

Lepape-info :  Vous avez terminé 27ème en 21’53, comment avez-vous vécu cette course ?

E.C : Le départ de course est fabuleux. Il y avait du monde au départ sur l’île de Noirmoutier avec l’ambiance qui commençait à monter. Les féminines partent 2 minutes avant nous, on les voit s’élancer quasiment au sprint pour mettre les premiers pas dans l’eau et puis ensuite c’est à notre tour. Nous sommes une vingtaine et je me rends compte rapidement que mon appréhension était légitime, je suis avec un autre concurrent en fin de peloton au moment d’entrer dans l’eau. La course part très très vite sur une portion au sec en faux-plat descendant. Ensuite viennent les premiers pas dans l’eau, au début cela va il n’y a pas beaucoup d’eau « cela fait floc-floc » mais les pieds mouillés avec les chaussettes comment à s’alourdir, cela devient un peu plus particulier. Quand l’eau commence à monter aux chevilles, mi mollet cela commence vraiment à devenir plus difficile. En avançant l’eau monte jusqu’aux genoux, avec un départ hyper rapide dans le rouge c’était impossible pour moi de continuer à courir, j’ai essayé de marcher vite pour m’octroyer une petite pause et repartir après. Cela demande une préparation spécifique, très particulière avec une technique propre à cette course.

Erik Clavery : « Avant le départ tu as de l’appréhension surtout comme moi quand tu viens de l’ultra endurance mais quand tu es à 100 m de l’arrivée sur cette dernière ligne droite et que tu tapes dans les mains des spectateurs au bord de la route tu sais pourquoi tu es là et pourquoi tu fais du sport. »

Lepape-info : Au milieu du passage, avec la hauteur maximale d’eau à gérer, on se pose des questions

E.C : Quand on a de l’eau qui arrive des deux côtés entre les chevilles et les mollets, il y a un courant qui se crée sur la chaussée, un courant qui a tendance à chasser chacun de nos appuis, je ne m’y attendais pas. Quand l’eau commence à monter aux mollets avec toujours ce petit courant, le temps que vous mettez à toucher le fond avec votre pied pour trouver un appui, cela tend à dévier un peu, il faut trouver cette stabilité, c’est quelque chose qu’il faut appréhender rapidement parce que vous n’avez pas le choix comme c’était une première pour moi. Il faut aussi voir comment vous vous placez sur la chaussée entre le côté ou le milieu, comme la route est bombée au centre il y a un peu moins d’eau mais ce n’est pas là où il y a moins de courant. Il faut s’adapter au moment présent. Il y a les bateaux sur les côtés qui nous suivent, tu as fait 1,5 km avec de l’eau jusqu’aux genoux et tu te dis il faut que j’avance parce que sinon comment je vais me retrouver dans 5 minutes avec la marée qui monte ! C’est poignant et surprenant. Tu continues à avancer, tu te rapproches de l’arrivée et cela te rassure de voir tout ce monde sur les remblais avant l’arrivée, cela commence à devenir fabuleux.

Lepape-info : La dernière ligne droite est un moment à part

E.C : C’est unique, il y a un dernier petit virage sur la chaussée, tu étais en ligne droite tout le long de la traversée et là avec ce virage tu n’as plus de repères je suis sorti un peu de la chaussée, je me suis retrouvé dans les cailloux, j’ai du me repositionner. Ensuite tu vois la dernière ligne droite avec le monde au fond, tu vois les coureurs devant toi qui commencent à courir bien parce qu’il y a moins d’eau, tu vois les premiers spectateurs les pieds dans l’eau, après tu sors de l’eau. Arrive la dernière droite tu donnes tout ce que tu as, moi je n’avais plus grand chose, j’avais le couteau sous la gorge depuis le début. Il y a cette effervescence avec le public, les speakers qui chauffent l’ambiance, plus tu approches de l’arrivée plus il y a de l’ambiance, les mains du public qui se tendent, tu en profites à fond parce que c’est une course mais c’est la fête aussi. Avant le départ tu as de l’appréhension surtout comme moi quand tu viens de l’ultra endurance mais quand tu es à 100 m de l’arrivée sur cette dernière ligne droite et que tu tapes dans les mains des spectateurs au bord de la route tu sais pourquoi tu es là et pourquoi tu fais du sport.

C’est une expérience exceptionnelle que j’ai eu la chance de pouvoir vivre grâce à Claude Merceron. On ne le fait pas tous les jours, j’ai mis quasiment 1 km à mettre en place ma technique de foulée, à trouver un bon rythme pour avancer correctement en me préservant le plus possible. Ce serait un honneur de pouvoir revenir et revivre cette expérience.

Lepape-info : Comment résumer les Foulées du Gois en quelques mots ?

E.C : Un groupe de casquettes rouges (bénévoles et organisation) qui donnent vie à un passage submersible et qui permettent de découvrir un autre aspect de ce que l’on peut connaître du running, c’est une expérience exceptionnelle et inoubliable qui mérite d’être vécue.

Lepape-info :  Quelle est la suite du programme cet été ?

E.C : Je pars en stage dans les Pyrénées la semaine prochaine avec Le Patou Trail à Saint Lary Soulan au programme 42 km avec 3 450 m D+, tout à fait différent de ce que j’ai vécu samedi. C’est dans le cadre de ma préparation en vue du Grand Raid des Pyrénées (24-27 août). C’est donc un été studieux qui m’attend, orienté vers du dénivelé et de la montagne et une belle préparation pour être au mieux fin août.

La course contre la marée montante est revenue à Jonathan Billaud vainqueur en 16’04 et désormais double tenant du titre après son succès l’an passé. Chez les femmes, l’Ukrainienne Tetyana Vernygor qui l’avait déjà emporté en 2019, s’est adjugée la victoire.

1 réaction à cet article

  1. Merci pour ton témoignage Erik
    A l année prochaine peut être….
    Claude

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