Florian Carvalho : « Si je pouvais courir en me faisant plaisir et être champion de France ce serait le jackpot. »

Place ce week-end aux Championnats de France du 10 000 m à Pacé (Ille-et-Vilaine) pour la 4ème fois consécutive. Mais cette année avec la pandémie de coronavirus, l'absence de courses, les reports puis finalement les annulations des Championnats de France de marathon et de semi, cette édition des "France du 10 000" s'annonce de toute beauté avec une densité exceptionnelle notamment dans les courses élites.
Chez les messieurs, Florian Carvalho (8ème des Championnats d'Europe 2018 à Berlin sur 10 000 m) va enfin regoûter à la compétition avec comme tout le monde une énorme envie. Entretien.

Florian Carvalho à l'entraînement à Font-Romeu

Lepape-info : Florian, le championnat de France du 10 000 m s’annonce de toute beauté   

Florian Carvalho : Beaucoup de coureurs ont décidé de participer à ce bel événement avec une grosse densité. La course est très intéressante, c’est plaisant de la faire d’autant qu’elle a été maintenue malgré tous les contraintes de la crise sanitaire. Tout le monde est conscient de l’effort fait par l’organisateur Loïc Rapinel avec son équipe et les instances.

 

Florian Carvalho : « Que ces championnats de France du 10 000 m aient été maintenus c’est un beau message, c’est une récompense aussi pour tout ceux qui se sont investis que ce soient les organisateurs ou les athlètes. »

 

Lepape-info : Comment vous sentez-vous physiquement après tous ces mois sans compétition ? 

F.C : Je viens de terminer un mois de stage à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales) jamais je n’y étais resté aussi longtemps dans ma carrière. J’ai fait du volume mais je n’ai pas fait du très très long sur piste vu l’altitude. J’ai fait des séances avec parfois 8 km au total mais avec des portions au maximum de 1 500 m. En dehors de la piste, j’ai fait des sorties plus longues allant jusqu’à une heure et demie pour faire un maximum de globules mais surtout pour la suite. Le but est de voir les bienfaits, le retour positif de ce stage sur les 3-4 semaines qui arrivent et pas uniquement sur le 10 000 m de ce samedi soir. Je suis redescendu mercredi, je suis encore un peu fatigué du voyage mais cela devrait aller. Le stage était prévu de durer un mois car au départ l’objectif n’était pas le championnat de France du 10 000 m mais le Championnat de France de semi-marathon (finalement annulé) et toutes les courses prévues après. Comme beaucoup de monde je me suis finalement réorienté vers le rendez-vous de Pacé. Le stage a été correct avec de bonnes séances et des bonnes sensations, il me tarde de remettre un dossard et de courir tout simplement.

 

Lepape-info : Il y’a une vraie impatience avant de regoûter enfin à la compétition ?  

F.C : Il y’aura du monde, nous avons tous à coeur de faire une belle course, un résultat avec un bon chrono car nous savons que les compétitions vont être rares et que si cela se trouve nous allons devoir attendre peut-être à nouveau un moment avant de pouvoir en refaire une. Je pense que chacun aura les dents longues, va prendre du plaisir et donner le meilleur de lui-même. Il y’aura une vraie densité, pour participer à course élite chez les messieurs il fallait valoir moins de 30′ au 10 000 m. Il y’a quelques jours nous étions 43 inscrits il y’en aura un peu moins avec les forfaits de dernière minute mais quand même. Cela laisse présager d’une belle course et de quoi donner de l’importance au 10 000 m avec certainement je l’espère des records personnels battus avec l’émulation.

 

Lepape-info : Qu’attendez-vous personnellement de cette course ? 

F.C : Après mon bon stage en altitude j’ai envie de courir et de voir ce que mon mois en altitude m’a apporté. Je préfère terminer 4ème en 28’30 que de gagner en 29’45. Il n’y aura pas de lièvre mais je pense que le rythme va être soutenu de part la densité et puis aussi parce que depuis le temps que nous n’avons pas couru il y’en a certains qui ne sont pas venus juste pour gagner le titre de champion de France avec un chrono moyen. C’est important d’être sacré mais aussi avec un beau chrono car il n’y aura pas beaucoup d’autres courses avant la fin de l’année. Si je pouvais courir en me faisant plaisir et être champion de France ce serait le jackpot.

 

Florian Carvalho : « J’ai croisé Mo Farah lors de ma dernière séance mardi dernier à Font-Romeu, il sera lièvre à Londres mais il m’a dit que personnellement il ne referait plus de marathon. »

 

Lepape-info : Vous en avez discuté entre vous de ce grand retour pour tous à la compétition ? 

F.C : Oui beaucoup d’entre nous étions à Font-Romeu. J’ai vu les post sur les réseaux sociaux de Benjamin Choquert qui visiblement est bien préparé, il a les crocs je pense. Fabien Palcau a fait un très bon stage et qui est en grande forme. Mehdi Frère qui était avec moi comme collègue d’entraînement veut courir et peut avoir des ambitions. Les frères Gras (Damien et Michaël) seront aussi à Pacé pour faire une belle course et se faire plaisir. Pour ce qui est du contexte, que ces championnats de France du 10 000 m aient été maintenus c’est un beau message, c’est une  récompense aussi pour tout ceux qui se sont investis que ce soient les organisateurs ou les athlètes. Mais pour autant il faut rester vigilent pour tout ce qui est de la prévention au niveau sanitaire, nous avons reçu des consignes avec le port du masque obligatoire avant et après la course. Il faut respecter le protocole sérieusement.

 

Lepape-info : Après Pacé, votre prochain rendez-vous c’est le marathon de Londres le 4 octobre ?  

F.C : Je suis en effet annoncé à Londres (comme le seul Français), j’étais déjà prévu en avril dernier avant le report du marathon de Londres, les organisateurs m’ont maintenu dans la liste des engagés. Après le report de Londres je voulais me rabattre sur le marathon de Valence (Espagne) en décembre prochain mais comme nous ne sommes sûrs de rien au point de vue sanitaire, je garde ma place à Londres. Lors du stage à Font-Romeu nous avons fait des bornes mais sans trop travailler l’allure marathon, il va nous rester un mois pour s’y préparer. Pendant le confinement j’ai fait pas mal de kilomètres, avant Font-Romeu j’avais fait un bon cycle donc je devrais m’y retrouver. En plus à Londres la course sera belle avec du très beau monde et notamment le duel au sommet entre Kenenisa Bekele et Eliud Kipchoge avec Mo Farah (agé de 37 ans) en lièvre de luxe donc on va essayer de se faire plaisir là-bas. Je n’y vais pas pour faire 2h20. J’ai croisé Mo Farah lors de ma dernière séance mardi dernier à Font-Romeu, il sera lièvre à Londres mais il m’a dit que personnellement il ne referait plus de marathon.

 

Lepape-info : Comment avez-vous vécu psychologiquement ces derniers mois particuliers ? 

F.C : J’ai deux enfants (un garçon et une fille) qui ont rythmé mes journées. Avec ma vie de famille je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. C’était juste un peu difficile de perdre mes repères au niveau de l’entraînement que je faisais chez moi pendant le confinement. Je n’étais pas tout seul c’était bien mais il fallait trouver des occupations à faire avec les enfants, cela me permettait d’avoir quand même une sorte de vie sociale, c’était un vrai plus psychologiquement.

 

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