Lepape-info : Étienne, êtes-vous redescendu de votre nuage ?
Étienne Daguinos : J’essaye de profiter, de rester sur ce nuage vu qu’il n’y avait pas d’autres échéances proches derrière. Je suis allé chez ma copine, je ne suis pas trop sorti, je me suis posé. Se retrouver un peu seul en petit comité après un évènement comme celui-là, cela fait du bien, cela m’a permis de souffler, de digérer l’évènement. J’ai pu me rendre compte de l’impact de ma performance sur les réseaux sociaux.
Lepape-info : Ce record d’Europe du 10 km sur route, on vous en a beaucoup parlé
E.D : Toutes les personnes du milieu de l’athlétisme que je croise m’en parle c’est normal mais à chaque fois c’est un plaisir énorme de raconter encore et encore ce qu’il s’est passé. Ce seront des souvenirs de fou pour la vie, dès que j’en parle j’ai le sourire.
Lepape-info : Avez-vous revu la course ?
E.D : J’ai revu la course par curiosité, cela m’a fait vibrer, j’ai ressenti les mêmes émotions que pendant la course. J’ai réussi à revivre les sensations que j’ai eu pendant la course en me disant : « Là tu pensais cela, là tu t’es dit cela, tu ressentais cela ». Quand je me revois passer au 5e kilomètre je me souviens que je m’étais dit que j’étais sur les bases du record d’Europe, au 6e kilomètre qu’aujourd’hui il fallait prendre des risques. En revoyant la course lorsque je m’échappe je me souviens exactement que je m’étais dit que c’était aujourd’hui ou jamais et dans la dernière ligne droite ne rien regretter, tout donner à 1000% pour ne pas manquer le record d’une seconde. C’était drôle de revoir cette course, de se voir de l’extérieur et cela ravive des sensations incroyables.
Étienne Daguinos : « L’année 2024 est ma plus belle année, le record d’Europe va changer ma vie, même s’il sera battu j’aurais été au moins une fois dans ma vie recordman d’Europe, c’est incroyable. »
Lepape-info : Votre notoriété a t-elle changé ? Vous avez hâte de voir cela lors de votre prochaine course ?
E.D : C’est la curiosité de me rendre compte quel impact a eu ma performance. Peut-être que cela ne changera rien ou peut-être que cela changera je verrai. Des gens parfois me félicitent dans la rue. Avoir cette sensation de voir ce que cela fait d’être recordman d’Europe, je me suis rendu compte que cela changeait certaines choses déjà au niveau des médias. Je ne sais pas à quoi m’attendre.
Lepape-info : 2024 se termine pour vous en fanfare, quel bilan tirez-vous de cette année ?
E.D : Le bilan est plus que positif, j’ai passé des caps à l’entraînement avec pour récompense des performances à la fin de la saison. Ma non-qualification pour les Jeux olympiques fut un échec, j’ai encore du mal a réaliser que ce fut un grand échec. L’année 2024 est ma plus belle année, le record d’Europe va changer ma vie, même s’il sera battu j’aurais été au moins une fois de ma vie recordman d’Europe c’est incroyable. Je mets un pied dans le très haut niveau, j’ai toujours rêvé d’être un jour le meilleur, battre un record d’Europe c’est un premier rêve de réalisé.
Étienne Daguinos : « Mon prochain objectif est d’obtenir ma première médaille internationale aux Championnats d’Europe sur route (sans doute sur 10 km) à Bruxelles (Belgique) en avril.
Lepape-info : Quelle est votre programme à venir ?
E.D : Je vais repartir focus sur l’entraînement, refaire ce que je sais faire, passer des heures sur le tartan et le bitume. Mon prochain objectif est d’obtenir ma première médaille internationale aux Championnats d’Europe sur route (sans doute sur 10 km) à Bruxelles (Belgique) en avril. L’autre objectif sera ensuite de me qualifier sur 5 000 m pour les Championnats du monde d’athlétisme à Tokyo (Japon) en septembre prochain et d’y performer. Il se peut que je fasse du cross cet hiver avec les championnats de France à Challans sur cross court ou long, je vais voir en fonction des ambitions de mon club.
Lepape-info : Les retrouvailles avec Jimmy Gressier à qui vous avez pris le record d’Europe du 10 km sont attendues
E.D : J’ai hâte de retrouver Jimmy en course, je m’entends bien avec lui, ce sera drôle de voir l’emballement qu’il risque d’y avoir, ce qui va pouvoir se passer si nous sommes alignés sur la même ligne de départ. Je sais qu’il va courir bientôt cet hiver, il reprendra peut-être mon record d’Europe, il en a les capacités. Cela me remotivera à refaire encore mieux derrière, si le record d’Europe peut rester en France ce sera avec grand plaisir.
Lepape-info : Aujourd’hui ce run et ces échanges avec d’autres adeptes de la course à pied sont des moments qui vous plaisent et liés à votre nouvelle notoriété
E.D : Cela fait partie de ma nouvelle vie mais j’ai toujours adoré partager autour d’une même passion. Je ne me considère pas être au-dessus d’un tel ou un tel. Nous sommes tous pareils on aime courir, je cours peut-être plus et plus vite mais la passion est la même. On a fait un petit run super sympa, on a rigolé, parlé, chacun et chacune a raconté ses habitudes. C’est bien d’écouter les autres et de leur expliquer ce que je ressens aussi, pour moi c’est toujours un plaisir on se retrouve entre passionnés.
2 réactions à cet article
Rafael Le Moal
Merci pour ce bel entretien. Étienne est un jeune garçon mais qui garde la tête sur les épaules. Une belle carrière lui est promise !
Olivier
Magnifique témoignage… au 5eme km, puis au 6eme. Dans le sport d’endurance, on a des jours de grace, ce jour là Etienne était dans un très bon jour. Personnellement, j’ai vibré, alors que je ne connaissais pas du tout ce jeune bien que je regarde régulièrement la course à pieds. A part une second place sur cross court au France, ce qui est déjà phénoménal…. Ce qui me stupéfait c’est sa progression, je n’ai jamais vu cela. A 18 ans j’ai fait de meilleurs temps, mais assurément avec beaucoup moins de potentiel. 6 min au 10 000 en moins en 6 ans, c’est 1 minute par an de gagnée, soit 5 secondes par mois!!!