Défi de l’Olympe : 6 heures à enchaîner les côtes 

En marge des populaires kilomètres verticaux (courses de 1000m de dénivelé positif, et de kilométrages variables), un nouveau type de compétition fédère de plus en plus d’athlètes en recherche de préparation spécifique aux trails de montagne : les courses horaires en côte avec descente banalisée.

Depuis 2016, le club des sports de Méribel organise au départ de la station thermale de Brides-les-Bains le défi de l’Olympe.

Ce défi consiste en une répétition pendant 6 heures d’une montée de 3.5 km pour 520 m de dénivelé positif et 20 m négatif.

Point particulier du règlement : la descente se fait en télécabine (~7 min de télécabine et 2 min de course en descente pour rejoindre la ligne de départ), et ce temps de descente n’est pas comptabilisé !

Et c’est là qu’il faut être malin et calculateur car seul le temps de montée est comptabilisé par cumul.

Ce dimanche 9 avril, Thibaut Garrivier est arrivé seul en tête au sommet de la 9ème montée mais c’est Anthony Felber, le second à priori, qui sera déclaré vainqueur au cumul des 9 montées. En effet, Anthony a su mieux gérer les temps de transition en récupérant mieux, tout en veillant à pouvoir repartir pour une ultime montée.

Au final, il l’emporte en 4h15’52 devant Thibaut en 4h17’37. Pour ces 2 athlètes, ce ne seront pas moins de 31.5 km pour 3680m d+ de réalisés, une belle séance !

La première féminine, Lucille Germain l’emporte avec le record à la clé. Elle réalise 8 montées en 4h20’28.

Voici ci-dessous le tableau des chronos réalisés par les leaders en 2023 :

On remarque que le meilleur chrono est fait lors de la première montée. C’est très fréquent mais pas toujours le cas. En effet, lors de sa précédente tentative, Thibaut Garrivier avait attendu la 3ème montée pour être le plus rapide.

Ce dimanche 9 avril 2023, compte tenu de la densité d’excellents coureurs en individuel et en relais à 2, les chronos se sont affolés dès la première montée avec des chronos sous les 26 min.

A ce petit jeu, Anthony Felber s’est montré très fort avec une première bosse en 26 min, la moins rapide en 31’53 et une moyenne de 28’25 sur les 9 montées.

Pour Thibaud, la plus véloce en 26’52, la plus lente en 31’41 et une moyenne de 28’37. Malgré une meilleure gestion (coefficient de variation de 6,17 vs 7,58) l’avance prise sur les premières montées restera favorable à Anthony.

Lors d’une précédente édition, nous avions analysé la performance en tentant de définir un modèle mathématique. On avait remarqué que la performance était corrélée au meilleur chrono comme au coefficient de variation (qui est le rapport de l’écart-type sur la moyenne, l’écart-type étant une mesure de dispersion des données par rapport à la moyenne). Ainsi, il ne suffit pas d’aller vite, la régularité paie.

Performance moyenne = 17.43 x CV + 1.08 x MT -95.1 (R² = 0.77)

Avec CV = coefficient de variation, et MT = meilleur temps sur l’épreuve

Un modèle pour l’ultra ?

Au-delà de l’intérêt à comprendre la performance sur ce genre d’épreuves, il nous semble que ce type d’efforts représente un modèle important pour la gestion de l’effort en ultra trail.

Pourquoi ? Parce que les ultras se caractérisent souvent par des départs en surintensité, mais aussi par la répétition de côtes longues. Et au final, les meilleurs sont à la fois les plus rapides mais aussi les meilleurs gestionnaires.

Même si la notion de pacing est encore discutée en trail, principalement pour des raisons méthodologiques, il semble avéré qu’une gestion régulière de son effort conduit à une meilleure performance (épuisement retardé des réserves glycogéniques, moindre fatigue musculaire des membres inférieurs).

Quoi qu’il en soit, la participation à de telles épreuves constitue certainement une bonne préparation à l’ultra trail, dans le sens où les capacités musculaires, cardiovasculaires, stratégiques, techniques et psychologiques sont challengées par la répétition de côtes longues.

https://live.l-chrono.com/resultats/defi-de-lolympe-2023

La montée sèche, un autre défi

Si le défi des 6h démarre à 10h pour s’achever vers 16h, l’organisation propose également une montée sèche. A ce moment de l’épreuve, le contraste est saisissant entre ceux qui enchaînent les montées depuis 4 heures et ceux qui vont tout donner sur une unique montée.

A ce petit jeu, c’est le favori et spécialiste du KV (vainqueur en 2023 à Chamonix et 3ème du France) Vincent Loustau qui va s’imposer en 23’34 en battant le record de l’épreuve. Il aura été challengé sur près de la moitié du parcours par le jeune et fougueux junior Chané Souard en stage à Brides les bains avec le Brooks Trail Project. Celui-ci finira 4ème en 24’43.

A la 2ème place, on retrouve Jean Hudry, 5ème des France de KV 2022. Jules Barriod, junior 1 du Brooks Trail Project et champion de France cadet de la montagne en 2022, prend une belle 3ème place en 24’35 avec le record junior.

Le succès grandissant de cette épreuve est tout à fait compréhensible car il permet à tous les profils de coureurs de s’exprimer : les coureurs de montagne, les spécialistes de KV, et les traileurs du court à l’ultra car en relais à 2, les départs se font toutes les 45 min à 1h selon le niveau des coureurs. Bref, de quoi passer une bonne journée en montagne.

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