Record du monde pour Dorian Louvet qui a couru en 2025 les 7 marathons Majeurs en moins de 2h30 de moyenne

Dorian Louvet : « Le record du monde était un défi dans le défi mais le principal message à faire passer était de pouvoir inspirer, fédérer, rassembler. »

Le 54e marathon de New-York (Etats-Unis) a tenu toutes ses promesses. Chez les femmes, la Kenyane Hellen Obiri victorieuse en 2h19’51 en pulvérisant de plus de 2 minutes le record féminin de l’épreuve qui datait de 2003 est devenue la première femme à courir le mythique marathon en moins de 2h20.

Chez les hommes, l’arrivée au sprint fut dantesque. Le Kenyan Benson Kipruto l’a emporté en 2 h08’09, avec seulement 3 centièmes de seconde d’avance sur son compatriote Alexander Mutiso. Incroyable !

Coté Français, pour sa première à New-York, Emmanuel Roudolff-Levisse a terminé 16e en 2h13’05, Felix Bour a été contraint à l’abandon.

Enfin record du monde pour Dorian Louvet qui a terminé en 2h27’09 et qui a réussi son pari de courir la même année les 7 marathons Majeurs en moins de 2h30 de moyenne (2h27’52) ! Le Normand lancé en début d’année dans son défi « Miles of Discovery » est à la fois comblé et ému d’être allé au bout de l’aventure. Entretien.

Lepape-info : Dorian, quel superbe tour de force réalisé

Dorian Louvet : L’aventure est belle, certes on communique sur le record du monde mais en vérité l’aventure avec tout ce qu’il y a autour avec la création de contenus, être toujours au taquet pour tout c’est épuisant, on a fait quelque chose de trop cool, je suis trop content.

Lepape-info :  Raconte-nous comment s’est passé ce marathon de New-York

D.L : Vu que je savais que c’était le dernier, je ne stressais pas j’avais l’impression de connaître la distance un peu par cœur et qu’elle ne me fait plus du tout peur. Pourtant un marathon c’est toujours un peu dur, même si c’était le dernier et que j’avais de la marge pour faire une moyenne de moins de 2h30 sur les 7 majeurs et aller chercher ce record j’avais envie de courir avec l’envie, avec de l’audace et du panache. Je ne sais pas faire les choses à moitié, dès le début je me suis engagé en me disant que je pouvais prendre du temps pour profiter à l’arrivée. Je suis parti assez rapidement, je suis passé en 1h12’35 au semi, l’ambiance était incroyable sur le second semi mais par contre qu’est ce que le parcours est difficile. New-York est pour moi clairement le plus dur des 7 majeurs bien plus que Boston et Sydney malgré le dénivelé. Il y a tout le temps des faux plats montants, la côte à Central Park au 37e kilomètre est lunaire.

Lepape-info :  Tu as pu profiter de l’ambiance pendant la course ?

D.L : Pour avoir déjà fait des marathons Américains (Boston et Chicago) je me rends compte qu’ils ont au-dessus en terme d’organisation, de parcours, de show. Aux Etats-Unis ils sont à fond derrière le sport, le marathon avec cette distance mythique, pour le public on sent que les marathoniens sont des héros et cela rend l’ambiance assez particulière. En plus New-York est la ville du monde qui fait rêver tout le monde, c’était un marathon incroyable et terminer par celui-là c’est très symbolique.

Dorian Louvet : « Ce fut tout le temps de la remise en question, de la peur, des doutes. À chaque fois avec l’adrénaline et l’énergie des gens, mon corps a répondu présent, c’est vraiment ce qui m’a galvanisé. »

Lepape-info :  Que ressens-tu maintenant que tu as relevé ton défi des 7 Majeurs en moins de 2h30 de moyenne ?

D.L : Beaucoup de sentiments mêlés mais surtout de la fierté car moins de 2h30 lorsque l’on a écrit le projet on savait ce que cela impliquait au niveau de la récupération, du risque de blessures d’enchaîner des marathons de la sorte, ce n’est pas forcément l’idéal. Je suis fier d’avoir réussi à mener à bien ce projet. Je suis soulagé que cela soit terminé, je suis épuisé, essoré mais c’est surtout une satisfaction, un soulagement de me dire que le projet a été réussi. Pour moi le record du monde était un défi dans le défi mais le principal message à faire passer était de pouvoir inspirer, fédérer, rassembler. Je sais que les gens ne vont pas se dire je vais faire 7 marathons dans l’année parce que c’est déconseillé mais je leur dit d’aller chercher des émotions, sortez, commencez par courir 5 km puis 10, soyez fiers de vous, fixez vous des objectifs et venez vivre ces émotions avec tous ceux qui courent, c’est unique en son genre.

Lepape-info :  Tu as eu des moments de doutes pendant cette aventure

D.L : C’est vrai, c’est bizarre parce que l’on a l’impression que tout est lisse, que tout s’est bien passé mais en vérité je doutais perpétuellement. En avril, j’ai fait 2 marathons Boston (21 avril) et Londres (27 avril) en moins d’une semaine, j’ai commencé Londres au bout de 5 km j’avais les jambes comme des gros poteaux comme si j’étais au 30e kilomètre, je me suis dit que je n’allais jamais tenir et en serrant les dents c’est passé avec au final un meilleur chrono qu’à Boston 5 jours avant mais j’ai eu peur. L’enchaînement depuis fin août avec un marathon toutes les 3 semaines pendant 2 mois de Sydney à New-York en passant par Berlin et Chicago, c’est impossible de gérer un pic de forme, il faut rester régulier sans se blesser, il faut récupérer du marathon, s’entraîner à nouveau pour le suivant pour rester au niveau. Ce fut tout le temps de la remise en question, de la peur, des doutes. À chaque fois avec l’adrénaline et l’énergie des gens, mon corps a répondu présent, c’est vraiment ce qui m’a galvanisé. C’est épuisant mais j’adore être entouré, parler avec les gens. Sur la fin de mon aventure j’ai senti qu’il y avait un élan de solidarité et de rassemblement autour de ce projet et cela m’a donné une force vraiment incroyable. Quand je cours et que j’y pense cela me donne des frissons, je ne vois pas les kilomètres passer, je suis vraiment content de cette aventure humaine.

Lepape-info :  La médaille qui atteste de tes 7 majeurs terminés est un aboutissement

D.L : Cette médaille (le modèle avec les 7 Majeurs est en cours de préparation) m’a toujours fait rêver en tant qu’amoureux du marathon, de la course à pied, avec les plus grands marathons du monde cette médaille est unique. Avoir tout coché cette année au terme d’une aventure folle c’est incroyable, j’ai encore un peu de mal à réaliser, je suis encore dans le feu de l’action, cela vient de se terminer, tout va vite. Je réalise la chance d’avoir cette médaille autour du cou que je suis vraiment allé chercher.

Lepape-info :  Tu te rends compte que tu as obtenu cette médaille en un an alors que la légende Eliud Kipchoge qui faisait son premier New-York l’a eu seulement aujourd’hui

D.L : C’est un trop beau clin d’œil pour moi, j’ai trouvé cela incroyable, ce matin j’étais avec les dossards Elites, dans leur SAS de départ. On a une navette spéciale qui nous a emmené sur une piste indoor pour l’échauffement avec les Elites. Je me suis entraîné à coté de Kenenisa Bekele et d’Eliud Kipchoge qui sont des idoles pour moi, des gens qui m’inspirent. C’était fou de penser que pour le dernier marathon de mon défi qui était aussi le dernier Major de Kipchoge avec les Elites on était ensemble en train de s’échauffer. Cette place je ne l’ai volé à personne, de me retrouver avec eux dans le même SAS et de me dire que j’ai eu ma médaille en même temps que Kipchoge c’est incroyable.

Lepape-info :  Que va t’il se passer maintenant que le défi est relevé ?

D.L : Je vais déjà me reposer et avant de penser à d’autres objectifs qui auront lieu en 2026 on va travailler sur un documentaire de 52 minutes qui reprend toute l’année et qui s’appelle « Miles of Discovery », ce projet de découvrir le monde à travers les kilomètres avec une paire de baskets en s’appuyant sur les 7 plus grands marathons du monde. À travers ce défi il y a aussi le côté compétitif d’aller chercher le record du monde en moins de 2h30 de moyenne sur les 7 marathons. Le but du documentaire est surtout de partager une même passion, des émotions. Le documentaire sera projeté en avant-première le 11 ou 12 décembre à Paris et qui sera diffusé le 14 décembre à la télévision. On a pas triché sur les émotions, ce sera sans filtre, c’est incroyable, il va y avoir beaucoup de travail de montage pour condenser un an et 7 marathons en 52 minutes mais j’ai hâte de montrer l’aventure de l’intérieur.

Dorian Louvet : « Quand je vois le run communautaire organisé samedi veille du marathon à l’autre bout du monde à New-York avec 120-130 personnes présentes pour venir courir un petit run juste parce que j’ai donné un point de rendez-vous, cela veut dire que j’ai réussi à fédérer, à rassembler autour d’un projet et de la course à pied. »

Lepape-info :  Un nouveau défi notamment pour Rabah Houali déjà à l’origine du film « Jour de marché » avec le marathonien Duncan Perrillat

D.L : Rabah Houali avec Kevin Esnard qui sont mes 2 vidéastes et qui m’ont suivi sur toute l’aventure, à travers les réseaux sociaux ils sont devenus très connus on leur demande des photos (rires), il sont devenus deux amis, deux piliers sur qui je peux compter dans les moments de doute mais aussi de joie. Ils ont été indispensables à ma performance, vidéastes ce sont presque des intendants, ils étaient là pour gérer toutes mes galères, calculer les horaires, gérer les dossards, ils sont forcément associés à cette performance.

Lepape-info :  Tu pensais vivre autant d’émotions en l’espace d’une année ?

D.L : Je l’espérais au fond mais lorsque tu lances un tel projet, c’est difficile d’emmener les gens avec toi sur un an, c’est la plus belle réussite comme quand je vois le run communautaire organisé samedi veille du marathon à l’autre bout du monde à New-York avec 120-130 personnes présentes pour venir courir un petit run juste parce que j’ai donné un point de rendez-vous, cela veut dire que j’ai réussi à fédérer, à rassembler autour d’un projet et de la course à pied. On échange, on a des sourires, la course à pied est l’un des sports les plus accessibles, moi aussi je suis accessible. Le virtuel sur les réseaux c’est mon travail c’est ce que j’aime faire mais il y a aussi le réel. Quand on passe du virtuel au réel et que l’on arrive à être aussi nombreux c’est de loin la plus belle réussite du projet.

Lepape-info :  Ce soir tu vas fêter cette belle aventure

D.L : Oui bien sur là je suis en train de me prendre un burger avec des frites, je vais prendre une douche, je vais faire une petite sieste et ce soir on va fêter cela, demain et après-demain aussi.

LE DÉFI DE DORIAN LOUVET :

2 Mars Marathon de Tokyo 2h18’56

21 Avril Marathon de Boston 2h33’41

27 Avril Marathon de Londres 2h33’23

31 Août Marathon de Sydney 2h28’02

21 Septembre Marathon de Berlin 2h28’24

12 Octobre Marathon de Chicago 2h25’27

2 Novembre Marathon de New-York 2h27’09

Moyenne sur les 7 marathons Majeurs : 2h27’52