Maud Gobert : de l’énergie à revendre

C’est une vie à 100 km/h. Une sportive, une monitrice de ski, une guide de moyenne montagne, une maman de trois jeunes filles. Et une athlète hors norme membre de l’Equipe de France de trail.

Maud Gobert

Chaque seconde compte. Lever 6h/6h30 pour un entraînement runnings aux pieds ou équipée de skis de randonnée. Retour 8h/8h30. Douche, petit-déjeuner et la voilà en combinaison rouge de monitrice de ski. Direction les pistes avec le déjeuner dans le sac composé d’une soupe faite maison et d’une salade de fruits.
La journée passe à un rythme d’enfer. Le midi, si elle n’est pas occupée avec un cours, elle s’élance pour une séance de ski de randonnée supplémentaire afin de dépenser un peu plus d’énergie.

Car c’est certainement la marque de fabrique de Maud Gobert. De l’énergie à revendre. Ce besoin de toujours bouger, de toujours se dépenser. Ses filles sont à son image avec ses deux ainées en ski études et la petite dernière âgée de 10 ans qui navigue entre le ski, le judo,  le catéchisme et l’école. Des enfants qu’elle a une semaine sur deux dans sa maison de Valloire, station de ski en Savoie à une petite vingtaine de kilomètres du col du Galibier. Maud adapte donc son emploi du temps en fonction de leurs besoins « sachant que le père de mes enfants m’aide beaucoup aussi » .

La championne du monde de trail en 2011 rêve enfant de devenir une championne de ski. Après des années en sports études, elle ne parvient pas à sortir vraiment de l’eau et à intégrer le circuit. Pas de regrets, juste un constat. Maud Gobert ne se retourne jamais et regarde vers l’avant. Pas de ski alpin ? Ce sera le snowboard puis le ski ride et le ski cross. « Je me suis éclatée. »

Mais la jeune femme a une autre passion. Depuis l’enfance, elle jongle entre les pistes de ski et les stades d’athlétisme tout en aimant particulièrement le cross.Maud Gobert Alors lorsqu’elle découvre le trail, la magie opère. Nous sommes en 2007. « J’ai fait le marathon du Mont-Blanc puis l’Annecime, l’ancienne Maxi-Race. Je devais la faire en relais avec un ami qui est, soit disant, tombé malade, » raconte-t-elle en riant. « Du coup, je me suis retrouvée sur le 80 km et je termine deuxième. » Elle apparaît alors de plus en plus souvent runnings aux pieds sur les épreuves de montagne. « C’était l’époque de Corinne Favre, elle gagnait tout ! »

Viens alors Ludovic Pommeret qui l’emmène sur le Tour des Glaciers de la Vanoise l’année suivante. Première victoire. « Je me suis rendue compte que je pouvais gagner, faire quelque chose. »

Le trail devient-il sa revanche ? Le moyen de parvenir en haut de l’affiche ? Ou de parachever son investissement sportif durant toutes ces années ? Peut-être un peu, mais surtout le début ou la suite d’une aventure. Car Maud Gobert n’a pas oublié sa joie de parcourir les kilomètres en cross. Sa technique est toujours là, le plaisir de parcourir les sentiers aussi. ET la compétition est présente. Sans être vraiment en quête de reconnaissance, Maud Gobert semble courir après elle-même. En 2009, c’est sa consécration, sa première victoire aux Templiers (il y en aura une deuxième en 2011). Instant d’émotion. Une émotion toujours palpable lorsqu’elle tente de raconter les sentiments qui l’ont envahie en franchissant la ligne d’arrivée en tête. « La course à pied (et le trail) c’est une école de vie. Il faut faire face à soi-même, accepter de s’écouter tout en se faisant mal pour aller chercher les dernières ressources. Il faut se confronter aux autres et aux éléments. C’est pourquoi je n’aime pas abandonner sauf sur une blessure qui ne vous permet pas de poursuivre. Savoir passer la ligne d’arrivée à la place qui n’est pas celle que vous êtes venue chercher, c’est la course, c’est le sport. Ne pas terminer, c’est fuir une réalité. »

Caractérielle, parfois une peu « brut de pomme », Maud Gobert n’est pas du genre à se laisser mener. Philippe Propage, Jean Louis Bal ont été ses entraîneurs ces dernières années. Aujourd’hui, elle est supervisée par Julien Racon sans que ce soit un suivi quotidien. « Je ne suis pas une gamine. Je me connais, je me gère. J’ai juste de temps en temps besoin d’un conseil, d’une directive. »

Comme dans sa cuisine où, si elle regarde les recettes, il est bien difficile de lui donner un coup de main. Tous les jours, la tenue de ski ou de rando ôtée, elle cuisine et cuisine encore. Fait des essais, trouve des recettes en accord avec son régime alimentaire où la matière grasse est bannie mais pas le plaisir du palet.

Une adepte du si de rando
Une adepte du ski de rando

Après sa victoire en 2009 sur les Templiers, sa vie change. Sponsors, Team Adidas, statut au départ des courses, une nouvelle page s’ouvre. En 2010, elle remporte, entre autres, la Saintélyon, la CCC (Courmayeur – Champex – Chamonix) – 98 km et la 6000 D. Si en 20011, elle a tenté l’UTMB, elle ne s’y aligne plus « J’ai craqué à La Fouly, j’en avais marre de courir. Je n’avais pas envie d’aller au-delà. Plus de 110 km ce n’est pas pour moi, j’admire ceux qui y arrivent. Peut-être que je pourrais mais il me faudrait prendre sur moi, me préparer mentalement à courir moins vite et plus longtemps ». Depuis, les victoires se succèdent avec un titre de championne du monde en 2011 « C’est un beau souvenir mais sans plus car la course n’était pas à la hauteur d’un championnat du monde. Celui de cette année sera bien plus représentatif. Il y aura du beau monde et un parcours très sélectif. Et tellement de paramètres ! Je vais donner le meilleur de moi-même, je n’y vais pas pour faire de la figuration. J’aimerais aussi qu’on aille chercher un titre par équipe. C’est une notion à laquelle je tiens. J’aime porter le maillot national, je n’ai pas eu l’opportunité de le faire en ski. »

Et pour mettre toutes les chances de son côté, l’entraînement a repris un mois et demi plus tôt que les autres années. « Je cours à la sensation, je ne connais même pas ma VMA. J’ai la chance de pouvoir m’entraîneur dans un cadre idéal. J’ai tous les terrains que je veux. Le matin, je pars à jeun puis dès que je peux je double avec une sortie longue avec de la rando-course ou un footing ou de la qualité. Je varie en fonction de mes envies et de mes besoins. Cette année, j’ai aussi ajouté des séances de musculation deux à trois fois par semaine. Je sens que cela me fait beaucoup de bien ».

Le samedi 30 mai 2015, date des championnats du monde à Annecy-le-Vieux, elle sera prête et surtout, toute sa famille sera là. Ses parents, ses enfants. « Mes filles m’ont fait des gris-gris, je les porte toujours en course. Ça fait partie de mon matos obligatoire, j’en ai plusieurs et j’y tiens » explique Maud avant d’ajouter, « avoir du monde sur la course pour vous encourager, c’est tellement important. On se sent soutenue, portée. Avec le maillot de l’équipe de France, c’est encore plus fort. »

Après… Maud rêve de nouveaux horizons, de courses à l’étranger, mais ce n’est pas encore le temps d’y penser . En attendant, elle espère qu’elle aura glissé dans son placard, la tenue de l’équipe de France 2015 afin de la placer à côté de celle de 2011. « La seule tenue que j’ai gardée depuis que je cours. »

Sa carte de visite

Maud Gobert
Team Adidas

Née le : 25 Avril 1977 à Somain (59)
Monitrice de Ski (ESF Valloire – 73)
Accompagnatrice en Moyenne Montagne

10 ans de compétition de ski-alpin (FIS) => Club des Arcs.
4 ans de compétition en « Snowboard » (Coupe de France, coupes d’Europe).
3 ans de compétition en « Skie-cross », Coupe du monde (qualifiée aux « X-GAMES »).
8 ans d’athlétisme au sein du Club d’Aix-les-Bains (spécialisée dans le « Cross- Country » et le 400 m haies).

  • Ses grands titres en trail

Championne du monde de trail 2011
Vice championne de France de trail 2014
Championne nationale de skyrunning marathon 2013
5ème de la Coupe du Monde Skyrunning Ultra Marathon 2012
Championne de France de trail 2011
Vice-championne de France 2010
Championne de France de trail 2009
Vice Championne de France 2010 en ski alpinisme par équipe et en Verticale Race

La Plagne 6000 D 2014
Victoire sur la 6000 D 2014

Victoires 2014

Saintélyon – 76 km
6000 D (La Plagne) – 63 km
Trail Faverges Icebreaker (Faverges) – 42 km
Trail du Galibier (Valloire) – 21 km
Trail des Moulins (La Rosière) – 22 km
Trail du Colorado (La Réunion) – 38 km
Trail Blanc de Serre-Chevalier (Serre Chevalier) – 32 km

Victorieuse du TTN long 2014

Victoires 2013

Saintélyon – 73km
Ultra Tour du Môle – 33km
10km du Marathon du Mont Blanc (Chamonix)

Victoires 2012

Trail de l’Ardéchoix (Désaignes) – 76 km
6000 D (La Plagne) – 51 km
Courchevel X-Trail – 22 km
Marathon Race d’Annecy – 41 km

Victoires 2011

Les Templiers ( Millau ) – 76 km
Trail Del Monte Casto ( Italie ) – 21 km
10 km de Saint Jean de Maurienne (route – 36min47s)
UTAT ( Maroc ) – 26 km
Foulée de Drumettaz-Clarafond ( Drumettaz ) – 17 km
10 km du Marathon du Mont Blanc (Chamonix)
Trail de la Vallée des Lacs (Gérardmer – TTN long) – 65 km
Pilat Trail (TTN long) – 45 km
Oxygen Challenge (Montée verticale / Enduro / Trail de 45 km)
Trail International du Ventoux (Bedoin) – 49 km

Victoires 2010

Saintélyon (Trail nocturne) – 69 km.
Kanna-Mountain-Run (Japon) – 40 km.
CCC (Courmayeur – Champex – Chamonix) – 98 km.
6000 D (La Plagne) + record féminin de l’épreuve – 55 km
Swiss Alpin Marathon (Davos – sélection équipe de France) – 42 km.
Merrell Oxygen Séries (Le Lioran) / 3 courses (3 victoires)
Marathon du Mont Blanc (Chamonix) – 42 km.
Nivolet-Revard (Voglans) – 49 km.
Lozère Trail (Chanac) – 45 km.

Victoires 2009

SaintéLyon (Trail nocturne) / 69 km.
Grande Course des Templiers  (Nant) / 70 km.
Marathon du Mont Blanc (Chamonix) / 42 km.
Trail de la Côte d’Opale (Wissan) / 55 km.
Lyon Urban Trail (Lyon) / 42 km.
Nivolet-Revard (Voglans) / 49 km.
Trail des Aiguilles Rouges (Chamonix) / 58 km.
Trail de la Vallée des Lacs (Gérardmer) / 57 km.
Trail des Cerces (Serre Chevalier) / 68 km.
Chaberthon Marathon (Cezanna) / 20 km.

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