Jean-Bernard Falco, le running version collectif

Si pour certains la course à pied est un plaisir solitaire, pour lui c'est tout l'inverse. Depuis quinze ans qu'il court, Jean-Bernard Falco, président de la société Paris Inn Group, met la notion de partage au centre de sa pratique.

Jean Bernard Falco

Costume cravate ou short et chaussures de running. Il n’y a presque que la tenue qui change. Pour le reste, dans sa vie professionnelle ou dans sa vie privée, le fil conducteur reste le même : « C’est l’image de ma vie, je suis un partisan du « never give up » (ne jamais abandonner, ndlr) ». A la tête du Paris Inn Group qui gère une trentaine d’hôtels sur Paris et a réalisé l’an dernier plus de 42 millions d’euros de chiffres d’affaires consolidé, Jean-Bernard Falco jongle entre ses casquettes avec entrain. « C’est une organisation très complexe, souffle-t-il à propos de son emploi du temps. Généralement, je cours soit le matin très tôt, entre 5h30 et 6h30, soit le soir entre 21h30 et 22h30. La journée ce n’est pas possible ». Des joggings « actifs » où il en profite pour écouter des podcasts, lire ses mails, et répondre à quelques coups de fil.

En ce début d’automne, comme chaque année depuis plus de dix ans, il s’entraîne pour le marathon de New York. Pourtant, à l’entendre replonger dans ses souvenirs, rien ne prédestinait ce féru de football à la pratique de la course à pied. « En 1998, j’avais 30 ans, et horreur de courir. Je prenais mon scooter pour aller à la boulangerie tout près. Et je fumais deux paquets de cigarette par jour ». Pas vraiment le profil type du marathonien.

Mais 1998 fait office de déclic. « L’effet Coupe du Monde ». Et puis, à bien y réfléchir, peut-être les suites d’une « nouvelle orientation professionnelle », marquée par le rachat d’un cabinet de transaction hôtelière. Une combinaison de facteurs pour un résultat étonnant : « Au mois d’août, j’ai décidé d’aller courir ». Verdict ? « Je n’ai pas du tout aimé. Moi qui avais l’habitude du foot et des sports collectifs, je n’ai pas apprécié le fait de me retrouver seul ».

Aimer courir n’est pas inné. Encore moins le fait d’y prendre du plaisir. « Mais je suis quelqu’un qui n’aime pas ne pas comprendre. Je me suis dit « qu’est ce qui peut faire qu’autant de gens aiment courir ? ». Alors je me suis documenté, sur la préparation, l’équipement, etc… ». La machine est en marche. Avec des amis qu’il a convaincus de s’entraîner avec lui, ils se prennent au jeu des courses.

Le premier marathon est programmé à New York en 2001. Mais Jean-Bernard Falco se « dégonfle ». « C’était juste après les attentats du 11 septembre. Je ne le sentais pas. Mais il y avait peut-être aussi un peu d’appréhension. Plus de dix ans après, je ne sais toujours pas vraiment ce qui a réellement fait que je n’y suis pas allé ».  L’histoire aurait pu s’arrêter là. C’était sans compter sur le fameux « never give up ». « On s’est entraîné comme des fous pour la marathon de Paris en 2012 ». 3h35 pour une première. Un chrono jamais battu depuis.

Mais plus que le chrono, ce que l’homme aime, c’est le partage. « C’est super de courir un marathon mais c’est encore mieux de le faire avec des gens qui ne l’ont jamais vécu ». En 2003, à un ami breton pas vraiment habitué à ce genre d’effort, il propose de venir faire le marathon du Mont Saint Michel. « Le jour J, j’étais plus angoissé que lui. Avec des amis, on l’a accompagné, protégé du vent. C’était un truc extraordinaire ».

Moins de six mois plus tard à New York, cette vision collective de la course à pied se confirme : « C’est là que l’idée d’emmener quelqu’un courir avec moi là-bas est née. Mais à cette époque-là, je ne savais ni qui, ni quand »

Il lui aura fallu dix ans pour trouver le bon moment. Dix ans à convertir une grande partie de ses proches au running, et à développer son activité professionnelle, jusqu’à créer en 2005 la société Paris Inn Group qu’il préside avec sa femme. Dix ans plus tard, en 2013, tous les critères sont réunis pour tenter l’aventure collective de l’autre côté de l’Atlantique. Mais Jean-Bernard Falco se nourrit de défis. « Emmener mes amis, ma famille, c’était un peu trop simple. Alors je me suis dit : quelle est la cible la plus difficile ? ». Réponse : ses salariés et collaborateurs. Tous ses proches ne sont pas convaincus du succès de l’opération. Lui, si. « J’étais sûr que ça allait marcher. Mais pas à ce point ». Sur la centaine de personnes à qui il a proposé de venir courir le marathon de New York en 2014, environ 70 ont répondu oui (voir l’article : Ils préparent le marathon de New York avec leur patron). « Parmi ces gens-là, beaucoup sont surs qu’ils ne pourront pas y arriver ! Et c’est ce que j’aime, permettre à des personnes de découvrir ce sport et d’atteindre des niveaux qu’ils n’imaginaient même pas. Sans cela, courir seul ne procure toujours pas vraiment de plaisir ». De la recherche de nouveaux itinéraires pour leurs entraînements hebdomadaires, à la construction des séances, et à la composition des groupes, Jean-Bernard Falco prend donc son rôle de coach très à cœur. Envoi des mails de suivi chaque semaine. Et découvre certains de ses salariés sous un nouveau jour. « Quand on est tous en short, il n’y a plus de patron. On se tutoie. Ça fait partie de la vie sportive ».

Même si la réponse paraît évidente, on lui demande si, quand il jouait au foot, il était capitaine. Bien sûr, ce tempérament de leader ne date pas d’hier. Tout comme les valeurs qu’il revendique. « Dans la vie, j’ai horreur de perdre. Que ce soit dans le travail ou dans le sport. Mais j’accepte la défaite. La chose importante à mes yeux, c’est de se battre. Et de ne pas perdre en se disant qu’on ne s’est pas donné tous les moyens nécessaires ». Le dépassement de soi, voilà ce que Jean-Bernard Falco entend transmettre à ses salariés. Et tant mieux si, en plus, cela a des conséquences positives dans leur travail.

Quant à lui, il l’assure, il mettra un point d’honneur à ce que tous ceux qui s’élanceront à ses côtés sur le pont de Verrazano le 2 novembre 2014, rejoignent la ligne d’arrivée à Central Park. Et puissent s’exclamer : « We did it ! »

*  « On l’a fait »

4 réactions à cet article

  1. Bravo, j’aurais aimé travaillé dans votre entreprise, malheureusement j’habite dans le cher !!
    Super chez d’entreprise

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  2. c’est nul ! je suis chef d’entreprise aussi, j’emmerde pas mes salariés avec un pseudo discours de performance ! les gars bossent et c’est normal qu’ils fassent ce qu’ils veulent de leur temps libre !
    Cessez de glorifier ce discours de naze …

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    • C’est toi le naze. Si tu regardes bien , il y a 55 personnes qui courent sur les 700 salariés. Je ne pense pas qu’il ait viré les 645 autres. Un peu d’esprit d’équipe, un projet commun en dehors du boulot, un challenge à relever, what else ?

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      • d’accord avec toi sebast !
        c’est vraiment une idée géniale
        chaque directeur, chef d’entreprise devrait lire cet article et s’en inspiré !

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