Zoé Teboul, le running en toute décontraction

A 26 ans, elle dirige un hôtel quatre étoiles dans Paris, et courra le marathon de New York 2014, en famille et entre collègues. Rencontre sans chichis avec Zoé Teboul.

Zoe Teboul Paris Inn Group

C’est le genre de filles qui n’a pas peur des mots. Qui lance en riant : « Je ne tombe pas dans les pommes par manque d’aliments », pour faire comprendre qu’elle « aime bien la bonne bouffe et le bon vin ». Qui soutient qu’elle « ne (se) voit pas mener une vie d’esthète », sans pour autant être une fêtarde invétérée. Qui parle de la course à pied comme d’un « sport de malade, sans pitié, où tu paies cash tes excès » alors qu’elle se décrit « plutôt à la cool, du genre « on ne se fait pas mal ! » ».

Zoé Teboul, 26 ans, diplômée de Sciences Po Aix-en-Provence, dirige le Best Western Hôtel de Neuville depuis 2011. Niché dans 17ème arrondissement de Paris, cet établissement quatre étoiles appartient à ses parents et est géré par la société Paris Inn Group. Un de ses frères dirige un autre hôtel du groupe, dont ses parents, par ailleurs pharmaciens, sont également propriétaires. « Le travail en famille, c’est sûr, c’est un pari. Mais on n’a pas la même formation, on est donc plus complémentaires qu’en compétition ».

Mieux, l’aventure familiale ne s’arrête pas là. Car avec son père et ses deux frères, Zoé s’envolera à l’automne prochain pour New York. Objectif : boucler l’édition 2014 du plus gros marathon du monde, le 2 novembre. De ce quatuor, la grande brune sera la seule à découvrir l’épreuve. Elle n’était pas avec eux, il y a deux ans, lorsqu’ils ont couru ce marathon, aux côtés de Jean-Bernard Falco. Lui, le président de Paris Inn Group, à l’« hyper activité constructive » comme le souligne Zoé, qui a proposé à ses salariés et partenaires de leur offrir le voyage et la préparation pour l’épreuve américaine cette année (voir plus d’informations). « Quand j’ai reçu la proposition par mail, j’ai trouvé ça sympa pour le côté humain. Parce qu’on le fait à plusieurs. Mais je savais que ça allait être dur », se souvient la jeune directrice.

Inscrite « quasiment d’office » dans l’aventure, celle qui avait jusque-là l’habitude de « courir une demi-heure par ci par là, tous les quinze jours peut-être », a intégré un programme bien plus étoffé et régulier. Deux séances par semaine à partir de septembre 2013, trois depuis ce printemps, et quatre à venir après l’été. « Sur le papier, la course à pied, ce n’est pas un sport où l’on se dit qu’on va se marrer, lance celle qui a longtemps pratiqué le horseball (sport collectif équestre qui se joue avec un ballon). Ça ne m’a jamais prise aux tripes. Mais depuis que je cours régulièrement, je comprends mieux. Après une séance, on sent que l’on s’est dépensé, et ça c’est chouette ! ».

« Il y a un côté sympa à se dire « je ne sais pas si je vais pouvoir le faire ». Plus les chances d’échec sont importantes, plus le fait de réussir est agréable ».

Après huit mois d’entraînement, Zoé Teboul affirme mesurer « le chemin parcouru ». Il est loin le temps où elle s’était inscrite sur le semi-marathon de Paris, il y a deux ans, sans préparation. « J’ai arrêté au 17ème kilomètre en chialant et mis trois mois à m’en remettre ! ». Son semi de Boulogne-Billancourt, en fin d’année 2013 (voir les résultats), elle l’a bouclé en 2h10mn56s. « A un moment sur les quais, je n’avais plus de forces, un mec m’a sorti des raisins de sa poche pour me soutenir ! Et à partir du 18ème kilomètre, un petit vieux habitué des marathons m’a parlé. Il m’a bien aidée sur les trois derniers kilomètres ! Les gens sont sympas ». Depuis, elle a déjà couru 30 kilomètres, un dimanche avec une grande partie de l’équipe. « Ca a été, mais c’est clair que je n’en aurais pas fait dix de plus ! Les cinq derniers ont été très durs. Mais il y a un côté sympa à se dire « je ne sais pas si je vais pouvoir le faire ». Plus les chances d’échec sont importantes, plus le fait de réussir est agréable ».

Zoe Teboul Paris Inn Group Semi marathon Boulogne Billancourt 2013
Zoé Teboul à l’arrivée du semi-marathon de Boulogne-Billancourt, le 17 novembre 2013.

Bilan : elle confie, « l’idée de courir le marathon commence à devenir accessible ». Tout en précisant : « La barrière mentale est en train de se rétrécir mais elle est encore là ». La preuve, elle soutient qu’elle se sent comme la « Marion Bartoli de la course à pied » dans les pelotons, et quand elle parle de ce « challenge », elle évoque spontanément « une folie » sur laquelle elle aura « peut-être plus de recul dans dix ans ».

L’avenir, justement, elle l’imagine volontiers dans ce milieu hôtelier auquel elle n’était pas prédestinée, elle qui envisageait de devenir magistrat sans avoir eu « la patience pour l’Ecole Nationale de la Magistrature ». Mais elle aime le « côté concret » et « les sujets transversaux » de son métier. « Je suis amenée à tout faire : je suis parfois à la réception, je passe des commandes, je gère les plannings, je manage, je suis gouvernante à mes heures perdues, j’appelle les fournisseurs pour les engueuler, je me fais engueuler par les clients… ».

Et puis finalement, elle a aussi appris à aimer la course à pied. « Je ne crois pas que j’arrêterai après New York. Je ne dis pas que je ferai 50 bornes par semaine, mais je continuerai. J’ai pris goût aux bienfaits ». L’aventure collective et familiale n’est probablement pas étrangère à tout cela. « Avant, je voyais très peu les comptables, notaires, avocats avec qui on travaille, ou alors dans des occasions très formelles. C’est plutôt un milieu guindé. Là, on se félicite après les séances, on se charrie… Quand je cours, je ne parle à personne, j’ai besoin de tout mon oxygène. Mais avant et après, c’est bien de partager. Et puis, même quand on court à deux sans se parler, c’est plus motivant. Toute seule, tu as toujours cette petite voix au fond de toi qui te dit : « arrête de te faire du mal » ».

Zoé l’a compris, la course à pied n’est pas « une activité linéaire », il y a des hauts et des bas, « des jours où l’on se sent bien et d’autres où dès trois kilomètres on n’en peut plus ». Il y a des douleurs aussi. Comme celles qu’elle a constatées en spectatrice sur le dernier marathon de Paris. « J’en ai vu des gens qui marchaient difficilement après ! », raconte-t-elle. Mais lorsqu’on lui demande si cela lui fait peur, fidèle à elle-même, elle rétorque : « Ha non, je trouve ça fun, pour l’instant ça me fait rire ! ».

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