Manger des protéines en trop : c’est pour les muscles ou pour le gras ?

Nombreux sont les sportifs qui pensent que manger des protéines en très grandes quantités garantit la prise de masse musculaire, tandis que d’autres les accusent d’être à l’origine de leur prise de masse grasse. Qu’en est-il ?

© georgerudy

Qu’advient-il des protéines pendant la digestion ?

Le processus digestif commence au niveau de l’estomac. L’acide chlorhydrique sécrété par la paroi stomacale dénature les protéines. En renfort, l’enzyme pepsine entame la dégradation des longues chaines de protéines en chaines d’acides aminés plus courtes. Cette étape de la digestion est incomplète. Elle se poursuit dans l’intestin grêle où d’entres enzymes, les protéases, dégradent les chainons en molécules encore plus petites.

Celles-ci sont absorbées par les entérocytes (cellules de la paroi intestinale) où elles sont totalement découpées en acides aminés unitaires. Ces nutriments sont ensuite rejetés dans les capillaires sanguins.

 

 

Répartition des acides aminés

Les acides aminés sont récupérés par la veine porte, grosse veine de l’abdomen drainant le sang des viscères intestinaux, vers le foie. La glande hépatique utilise une partie des molécules pour fabriquer de nouvelles protéines importantes pour l’organisme. Les acides aminés non utilisés se dirigent via la circulation sanguine vers un autre lieu de stockage: les muscles (régénération des tissus musculaires, production de protéines contractiles,…).

Les concentrations en acides aminés sont à l’équilibre entre ces différents compartiments. Si le niveau d’acides aminés baisse dans une des réserves, l’autre est sollicitée pour corriger le déséquilibre. Ce partage entre foie, sang et muscles contribue à garantir la disponibilité des acides aminés.

Mais, les capacités de stockage musculaire et hépatique ont leur limite. Si le sportif ingère une quantité trop élevée de protéines, leurs acides aminés sont démantelés et convertis en diverses substances.

 

 

Qu’advient-il des protéines en excès ?

Certes, les protéines corporelles (protéines de structure des tissus, hormones, anticorps,…) sont en renouvellement constant, nécessitant un apport alimentaire régulier. Mais, une chose est certaine : un apport excessif en protéines ne « gonfle » pas les muscles. Et, malgré le radotage de certains sites internet se voulant rassurants, les excès de protéines ne disparaissent pas complètement dans les urines.

 

Si le sportif surestime ses besoins en protéines, les acides aminés en surplus cheminent jusqu’au foie où ils sont « clivés » en deux parties:

  • Une première fraction est convertie en urée par le foie. Ce produit terminal du métabolisme protéique est ensuite éliminé par le rein, via les urines.
  • La seconde portion est déstructurée et dégradée par plusieurs voies métaboliques. Selon l’acide aminé d’origine, les différents composants des « squelettes carbonés» sont recyclés. Certains servent à la synthèse de nouveaux acides aminés, d’autres sont convertis en glucose,…. Les fragments restants, après quelques modifications, sont incorporés dans la structure des acides gras. Ils se recombinent pour former des graisses qui seront stockées dans les cellules adipeuses où le potentiel de réserve est fort généreux.

 

Les régimes excessifs en protéines profitent à la lipogenèse (ensemble des processus biochimiques permettant la fabrication des graisses). Ces modes nutritionnels offrent tout l’inverse de la dégradation des acides gras.

 

Les recommandations en matière d’apport en protéines chez les sportifs d’endurance sont de l’ordre de 1.1 g/kg de poids corporel/j chez les sportifs amateurs, et de 1.5-1.7 g/kg de poids corporel/j chez les athlètes très entrainés explique le Professeur Xavier Bigard. D’une manière générale, les besoins protéiques nécessaires aux sportifs sont couverts par une alimentation équilibrée. En cas de doute quant à votre assiette, n’hésitez pas à prendre rendez-vous auprès d’un (e) diététicien (ne) du sport !

 

Références scientifiques : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT-Ra-Proteines.pdf

Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport : http://www.nutritionniste-dieteticien.fr

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