Traversée des Pyrénées en courant : Didier Guillemet l’a fait

« Etape par étape, ravitaillement par ravitaillement »

Didier Guillemet a bouclé samedi 7 juillet sa traversée des Pyrénées en courant. 700 kilomètres en 14 jours entre Banyuls et Hendaye. De retour au travail, « un peu fatigué mais extrêmement heureux » selon ses dires, il revient sur son aventure.

Didier Guillemet

Lepape-info : Avant votre départ, vous nous aviez confié que l’une de vos interrogations portait sur votre capacité à encaisser les efforts répétés. Quel bilan tirez-vous de votre expérience sur ce point ?

Didier Guillemet : J’ai été assez surpris. Physiquement, je ne suis finalement pas trop traumatisé, par apport à la distance que j’ai parcourue. C’est vrai que le matin, j’avais un peu de mal à me sortir du lit et j’avais quelques douleurs. Mais avec 5 à 6 heures de sommeil par nuit, j’étais relativement frais. J’ai pas mal douté au début, j’ai tout de suite été accablé par la difficulté. La première étape a été longue (68 km). Il a fallu que je me régule pour m’acclimater à la température (il faisait très chaud), et à l’environnement. J’ai aussi dû gérer mon émotion. Sur la première étape, je me suis surpris à pleurer de temps en temps, en écoutant un morceau de musique… Sur la fin de la première journée, je commençais à fatiguer, c’était difficile. Et finalement, le lendemain, je me sentais plutôt pas mal ! Durant l’étape, j’ai dû franchir notamment des arrêtes et crêtes très techniques. Je suis arrivé à mon dernier ravitaillement avec 3 heures de retard, j’en avais plein la casquette. J’ai pris le temps de souffler, et j’ai terminé l’étape pas aussi déconcerté que j’aurais pu le penser…

Lepape-info : Vous vous interrogiez aussi sur la gestion de la solitude….

Didier Guillemet : Et j’ai découvert que j’adorais ça ! Mais je n’étais pas tout à fait seul : j’avais mon GPS, qui pour moi était en quelque sorte un peu vivant… C’était la trace que je devais suivre pour me permettre d’aller au bout de mon rêve. J’étais aussi très actif toute la journée, j’ai rencontré pas mal de monde. Des personnes qui faisaient la traversée dans l’autre sens, des randonneurs, beaucoup d’étrangers. On a pris des photos, etc… J’ai d’ailleurs pris beaucoup de photos parce que j’ai vu des paysages extraordinaires, des animaux… C’était sensationnel.
Et puis, j’avais toute une équipe avec moi qui faisait tout pour me recevoir dans les meilleures conditions sur les ravitos. L’ambiance était très sympa. Je ne pourrai jamais être assez reconnaissant envers eux…

Lepape-info : Comment ressortez-vous moralement de cette expérience ?

Didier Guillemet : Je suis content et assez fier. Mais je crois que je ne réalise pas vraiment encore que j’ai fait quelque chose d’un peu hors norme… Et que je ne referai pas.

Didier GuillemetLepape-info : Si vous deviez comparer cet effort avec ceux consentis notamment sur la Diagonale des Fous ou la CCC ?

Didier Guillemet : C’est totalement différent. Là, ce sont des efforts à la journée. Et c’est d’ailleurs ce que je n’ai pas bien géré au début en me focalisant sur tout ce qu’il me restait à faire. Ensuite, j’ai raisonné étape par étape, et même ravitaillement par ravitaillement. J’ai mangé énormément, je me suis découvert un appétit incroyable. J’ai d’ailleurs pris 2 ou 3 kilos, probablement en partie dus à de la rétention d’eau. Je n’ai pas eu de problème de digestion.

Lepape-info : Allez-vous couper avec la course à pied pendant quelque temps ?

Didier Guillemet : Oui mais pas trop ! D’abord parce que si je ne fais plus du tout de sport, je vais continuer à grossir (sourire) ! Et ensuite parce que je suis toujours inscrit sur l’UTMB fin août. Et si je récupère bien, je pense pouvoir être en forme…

Précision : Didier Guillemet avait lancé l’opération « 1 kilomètre pour 5 repas » en proposant de faire un don de deux euros minimum pour chaque kilomètre de sa traversée. Opération organisée au profit de l’association Zaza Tiana qui soutient financièrement un orphelinat de jeunes filles à Madagascar. Près de 675 kilomètres ont été financés, permettant de reverser 1 350 euros à l’association.

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