Les résultats du Championnat de France de trail long (Mont-Dore, 63), le 27 septembre 2015

Championnat de France de trail 2015 Patrick Bringer — Patrick Bringer Champion de France 2015 de trail long

Il avait annoncé que ce serait sa dernière course. Il voulait marquer le coup. Sur ses terres, sur ses sentiers d’entraînement, Patrick Bringer voulait faire la différence et clôturer sa carrière sportive de la plus belle des manières. Et il l’a fait. Qui plus est avec panache. « C’est un accomplissement, je n’avais pas pu avoir de titre de champion de France en triathlon… là, je termine de la plus belle des manières. »

Tout a commencé au petit matin dans la rue adjacente au Casino du Mont-Dore à 50mn de Clermont-Ferrand. Il est 5h30 du matin, la météo s’annonce clémente, idéale même pour les traileurs qui s’élancent alors pour 60 km et 3350 m de dénivelé positif.

Dans un premier temps, les hommes restent groupés mais cela ne dure pas bien longtemps. Le champion du monde en titre, Sylvain Court prend les choses en main (lire les résultats des championnats du monde de trail 2015). Au 27ème km, juste après le passage au Puy Gros à 1 485m d’altitude, il dispose de 1mn40s d’avance sur Patrick Bringer, Thierry Moulay et Benoit Cori. Derrière à plus de 3 mn, on retrouve Sébastien Spehler et Nicolas Bouvier. « On ne s’est pas affolés lorsque Sylvain est parti. Il sprintait dans les descentes, il n’y a pas d’autre mot. Il a joué à son jeu favori : le sprint dans les cailloux, nous on ne peut pas faire ça. Avec Benoit et Tony, nous avons donc géré notre effort. Après, j’avais la maîtrise du circuit, ça m’a bien aidé, » explique quelques heures plus tard le champion de France. « Je dois dire aussi que j’étais content d’être avec Benoit et Tony car ils vont vite sur les parties roulantes et on s’entendait bien pour revenir sur Sylvain. »

Et c’est dans la montée au col de la Croix Morand, que Sylvain Court voit ses adversaires revenir sur lui, puis prendre le contrôle de la course. C’est alors le jeu du qui m’aime me suive. Patrick Bringer se place devant, Sylvain Court reste dans sa foulée, Benoit Cori et Tony Moulai à quelques secondes tandis que Sébastien Spehler a entamé sa remontée et n’est plus qu’à 1mn 15.

L’objectif est alors de distancer Sylvain Court « Sur les crêtes, je n’ai pas pu créer d’écart, je n’avais pas suffisamment de jambes en raison, je pense, du départ très rapide. Ensuite, le jeu était de prendre 30-40 s d’avance sur Sylvain dans les bosses pour ne pas se faire déboîter dans la descente. D’autant, qu’il revenait à chaque fois. »

Les trois hommes jouent ainsi jusqu’au Sancy où le champion du monde lâche un peu. Reste Benoit Cori dans les runnings de Patrick Bringer mais lui aussi finit par céder. Derrière le trou est fait car Sébastien Spehler et Tony Moulay se sont perdus et sont à plus de 4 minutes. Au sommet du Sancy l’écart est de plus de deux minutes suffisamment pour que Sylvain Court ne puisse revenir « Je suis descendu un petit peu plus fort qu’eux mais je n’ai pas réussi à les reprendre. J’ai fait un départ assez fort et je l’ai peut être payé sur la fin, » explique le champion du monde

D’autant que Patrick Bringer ne cesse de creuser l’écart en plaçant quelques « taquets » dans les dernières petites bosses tandis que Benoit Cori est à la limite de la rupture. « Mais je me méfiais quand même car c’est quelqu’un qui sait gagner les courses, il nous l’a déjà prouvé mais l’avantage du circuit était important, » ajoute le champion de France avant d’avouer « qu’il avait fait beaucoup de reconnaissances à allure de course avec les copains et savais à la minute prêt ce qu’il y avait comme portion et comment les prendre. Je me méfiais aussi beaucoup du possible retour de Seb (Spehler, ndlr) presque plus que de celui de Sylvain car je sais qu’il termine toujours très très vite mais il était un peu trop loin pour revenir. »

Et c’est ainsi que Patrick Bringer s’octroie le premier titre de champion de France de sa carrière en s’imposant sur ses terres de la plus belle des manières en 5h21mn42s. 35 secondes devant Benoit Cori et 2mn devant Sylvain Court. Sébastien Spehler termine 4ème en 5h31mn tandis que l’ancien triathlète international Tony Moulai est 5ème en 5h43.

« C’est extraordinaire. Je suis heureux de boucler une longue carrière sportive en gagnant ce titre à la maison. De plus avec deux coureurs sur le podium, Benoit et Sylvain, que j’apprécie beaucoup. C’est un super moment. » Avec sa troisième place lors des championnats du monde, Patrick Bringer clôt aussi une superbe saison. « J’avais ciblé deux objectifs, je les atteints, c’est vraiment génial. Maintenant, j’ai envie de me consacrer un peu plus à mes athlètes. Je veux les aider à atteindre leurs objectifs. Je dois aussi passer du temps avec mes enfants qui sont adolescents et ont besoin de moi, après il sera trop tard. C’est une belle conclusion. J’irais peut être aux Templiers s’il y a un match international comme ils l’avaient fait l’an dernier mais de toute façon ma saison est réussie, c’est une belle conclusion. Il ne faut pas toujours courir après le temps, il faut aussi donner du temps aux autres. »

De son côté en franchissant la ligne, Benoit Cori est tous sourire presque aussi heureux que s’il avait remporté le titre. « Je profite pleinement. Je partais pour un top 10 voire un top 5, je ne pensais pas au podium. Vu les noms qu’il y avait et puis voilà, un podium sur les France, je savoure. Je me suis accroché, j’ai tout donné pour ne rien regretter et je ne peux rien regretter car là je suis en vrac total ! J’ai eu peur du retour de Sylvain, on ne pensait qu’à ça avec Patrick. »

Un Sylvain Court qui aurait bien aimé réussir le doublé championnat de France 2014/2015 et celui de champion du Monde et champion de France 2015 mais reconnaissait la supériorité de ses adversaires du jour. »Le trail, c’est une grande communauté du premier au dernier. On a l’habitude de se côtoyer en équipe de France, c’est une bande de potes qui se tire la bourre en course. Aujourd’hui, Patrick était le plus fort et je suis vraiment content pour lui, ça lui permet de terminer sa carrière sur une belle note, il le mérite. Ca lui laissera un super souvenir. Je suis parti devant c’est vrai mais je n’étais pas en surrégime donc je ne pense pas que c’était une erreur. Je voulais créer l’écart puis je les ai laissé rentrer en me disant fais là un peu tactique. Je savais que ça se jouerait au Sancy. Mais Patrick a mis un gros rythme et avec Benoit on n’avait plus qu’à s’accrocher. J’ai essayé de ne pas exploser en ne prenant qu’une ou 2 minutes de retard mais au sommet il y a 2mn30. C’était trop même si je fais une belle descente. Je suis vraiment content pour Patrick, c’est un beau podium. Je lui tire un gros coup de chapeau. »

Maud Gobert, pour un troisième sacre

Championnat de France de trail 2015 — Maud Gobert

Chez les femmes, le scénario a offert là aussi un beau suspens après un long cavalier seul d’Anne Lise Rousset. Après 27 km de course, elle s’offre le luxe de devancer ses adversaires de plus de 7 mn. Elle avale les kilomètres tandis que Maud Gobert, Lucie Jamsin et Stéphanie Duc tentent de ne pas trop se faire distancer.

Après le col de la Croix Morand, Anne Lise Rousset est toujours en tête, Maud Gobert a repris un peu de terrain mais est à 6 minutes en compagnie de Stéphanie Duc tandis que Lucie Jamsin est à 7mn.

Mais kilomètre après kilomètre la championne de France 2009, championne du monde et de France 2011, va chercher son troisième titre national. Et au sommet du Sancy, elle passe en tête, personne ne viendra la chercher. « On dit jamais deux sans trois. Je pense à mes filles, l’ainé a eu le titre 2009, la cadette celui de 2011 et celui-ci est pour la petite dernière ». « Mais je dois dire que ça me fait mal au coeur pour Anne-Lise qui a mené toute la course. Ca ne se fait pas trop sur ce type de championnat mais j’ai tellement d’estime pour ce petit bout de femme que j’aurais bien aimé finir avec elle. A la fin, on a vécu une belle bagarre. J’avais bien préparé ces France….. sans trop le savoir car je fais tout à la sensation. J’ai fait la semaine dernière un 10 km en 37mn, ce n’est pas non plus un chrono époustouflant mais j’ai aussi fait la transalpine avec Caroline Fresnon Bette que je remercie ici car en l’accompagnant ainsi sur 8 jours j’ai pris de la force. Je ne savais pas si j’aurais récupéré c’est pourquoi j’ai validé mon inscription tardivement mais tout compte fait c’était la bonne préparation, tout au feeling ! Je fais donc un clin d’oeil à Caro car le fait de l’avoir tiré derrière moi m’a fait beaucoup de bien. Ca m’a donné de la force en montée ! »

Pas de déception pour Anne Lise Rousset satisfaite d’avoir tout donné. « Ca a été très très dur sur la fin. Je suis toujours euphorique au départ, je ne sens pas du tout mes jambes et je me dis que ce qui est fait est fait. Je pense qu’il me manque encore la capacité d’encaisser. Lorsque Maud est revenue je ne savais pas du tout d’où elle venait car si je n’avais pas été informée. Je savais que j’étais en tête mais j’ignorais qui était deuxième et je ne connaissais pas l’écart. Après c’est Maud qui revient, je m’accroche mais…. Je suis très très contente de finir deuxième car j’étais cuite cuite cuite… »

Stéphanie Duc complète le podium. « Dur, j’espérais surtout garder ma troisième place car mes chevilles lâchaient. J’aurais aimé accrocher les filles devant mais je n’ai pas pu. »

Au final, c’est l’expérience qui aura primé en cette année 2015 avec deux vainqueurs qui auront su garder leur calme, ne jamais s’affoler et faire parler leurs runnings en temps et en heure. Ce sont donc ni plus ni moins les sacres de l’expérience.

Les résultats

Hommes