Tendinopathies : Les douleurs de la région glutéale du sportif

Le sportif est le plus souvent un patient expert capable de décrire et localiser les douleurs qui le perturbent. Au niveau du bassin, les douleurs sont généralement localisées en avant, au niveau de l’aine, et orientent d'emblée vers une pubalgie. Lorsque les douleurs sont postérieures, au niveau de la fesse, elles orientent le plus souvent vers une sciatique ou, par exemple, une tendinopathie du muscle piriforme.
Les sportifs peuvent être aussi atteints de douleurs de la face externe (latérale) de la racine de la cuisse, au niveau de la hanche, et on parle alors de tendinopathies de la région glutéale. Quels sont les remèdes ?

Ces lésions sont peu fréquentes et, de ce fait, mal connues de l’encadrement technique ou médical des sportifs.

Pour ces raisons, il arrive qu’un bon diagnostic ne soit pas posé et que le sportif se sente incompris voire abandonné. À partir de données récentes, nous allons tenter de faire un point sur l’origine des douleurs de la région glutéale.

 

 

La région glutéale

Pour localiser cette région glutéale, le mieux est de prendre quelques repères osseux faciles à trouver car situés sous la peau.

Si vous palpez la face externe de votre hanche, le long de la couture du pantalon, vous trouverez en haut de votre fémur une tubérosité osseuse qui se nomme « grand trochanter ». Ce grand trochanter est la face émergée du col du fémur et de l’articulation de la hanche avec le bassin.

Et si vous remontez verticalement à partir de ce grand trochanter, vous allez trouver environ 10 cm plus haut, un rebord osseux qui appartient au bassin, plus précisément à l’os iliaque, dont l’orientation est antéro-postérieure, et qui se nomme « crête iliaque ».

La région glutéale comprend tous les éléments musculaires, tendineux ou fibreux qui sont situés sous la crête iliaque, au dessus, en avant ou en arrière du grand trochanter.

 

 

Les muscles et les tendons glutéaux

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Les muscles glutéaux sont impliqués dans tous les mouvements du fémur et de la cuisse, en premier lieu l’abduction (l’élévation vers l’extérieur), la flexion (l’élévation vers l’avant) et l’extension (l’élévation vers l’arrière) ainsi que dans les rotations de la hanche.

Trois muscles glutéaux sont décrits. Avec, de la profondeur à la superficie, le petit glutéal puis le moyen glutéal puis le grand glutéal qui est le plus volumineux. Si les trois muscles sont complémentaires, chacun a son anatomie, son trajet et sa fonction.

Au niveau de leurs insertions basses sur le grand trochanter, il existe trois « bourses séreuses » dont le rôle est de faire glisser tendrement les muscles et leurs tendons sur les reliefs osseux.

 

 

Le muscle tenseur du fascia lata

coxa saltans syndrome 3d medical vector illustration on white backgroundCe muscle est situé à la racine de la cuisse et à sa face antérieure. Il est mieux visible en flexion de hanche, dans la position du départ en start par exemple. Il s’insère en haut sur la face antérieure de la crête iliaque et en bas au niveau du grand trochanter. Il est complémentaire du petit et du moyen glutéal dans leur fonction d’abduction et de rotation de hanche. Il assiste le grand glutéal dans les mouvements d’abduction de la hanche.

 

 

Le fascia lata et le tractus iliotibial (TIT)

C’est sans doute la spécificité de cette région glutéale, l’importance et l’omniprésence des aponévroses composées de tissu conjonctif, vascularisées et innervées, qui entourent les corps musculaires et que certains comparent à un exosquelette fibreux. Pour désigner ces aponévroses, kinésithérapeutes et ostéopathes emploient plutôt les termes de tissu fascial ou de fascias.

Sous le terme de « fascia lata », on décrit une aponévrose qui entoure toute la cuisse et qui est en continuité en haut avec l’aponévrose des muscles de la hanche et en bas avec l’aponévrose des muscles de la jambe. A la face externe (latérale) de la cuisse, ce fascia lata est renforcé par le tractus iliotibial (TIT), une bandelette aponévrotique fibreuse tendue de la crête iliaque au tibia. Ce TIT est très impliqué dans les mouvements de la hanche mais aussi dans ceux du genou.

 

 

Région glutéale et tendinopathies du sportif

Lorsque le sportif vient consulter pour des douleurs de la région glutéale, quelles sont les structures atteintes et les différentes pathologies qui peuvent le faire souffrir ?

Vous l’avez compris en lisant les paragraphes dédiés à l’anatomie, il n’est jamais facile de faire un diagnostic précis car, sur une petite surface, se croisent plusieurs muscles et leurs tendons qui ont des orientations et des fonctions différentes. De plus, les nombreuses aponévroses qui se superposent ont un rôle mécanique important mais leur très faible épaisseur ne permet pas de les évaluer à l’examen clinique.

L’échographie est un examen complémentaire le plus souvent incontournable pour faire un diagnostic précis des muscles, des tendons et des aponévroses atteintes.

 

 

Tendinopathies de la région glutéale : un démembrement à partir de la localisation de la douleur.

Le sportif décrit des douleurs hautes et l’examen clinique retrouve des signes douloureux au niveau de la crête iliaque. Il s’agit probablement d’une enthésopathie (tendinopathie d’insertion) du tractus iliotibial.

Le sportif décrit des douleurs basses au niveau du grand trochanter et l’examen clinique retrouve des signes au testing des muscles glutéaux ou du muscle tenseur du fascia lata. Il s’agit probablement d’une atteinte chronique, voir d’une rupture d’un tendon à son insertion basse sur le grand trochanter.

Le sportif se plaint de douleurs de la partie médiane située entre la crête iliaque et le trochanter, il s’agit le plus souvent d’une tendinopathie avec à l’échographie un épaississement du tractus iliotibial ou du fascia glutéal.

Dans tous les cas, si l’échographie ne donne pas de diagnostic satisfaisant, une IRM devra être envisagée pour éliminer une rupture d’un tendon ou une déchirure d’une aponévrose.

 

 

Les traitements médicaux

Les traitements médicaux des pathologies des tendons glutéaux ne sont pas différents des traitements habituels en cas de tendinopathies. Étirements, physiothérapie, éventuellement infiltrations pour les enthésopathies ; étirements, physiothérapie, ondes de choc, renforcement excentrique pour les tendinopathies ; infiltrations guidées par échographie pour les bursites ; physiothérapie et repos sportif prolongé pour les ruptures d’aponévroses.

 

 

Les traitements préventifs

Concernant la survenue de ces tendinopathies rares et difficiles à soigner, il est toujours nécessaire de se poser des questions concernant la survenue de la blessure et d’envisager un contrôle des phases de transition

(Lire et relire l’article de Jean-Claude Vollmer : « Sortie de confinement et reprise » https://www.lepape-info.com/entrainement/entrainement-running/sortie-de-confinement-et-reprise/).

Attention aux changement de chaussures et aux changements d’appuis, aux sorties longues, aux séances spécifiques pour montées ou descentes, à la pratique intensive du « step ».

 

 

Douleurs et tendinopathies de la région glutéale : les conseils du médecin du sport

Chez un sportif ou chez une sportive, les douleurs situées autour de la hanche et du grand trochanter, doivent, en premier lieu, faire penser à une tendinopathie des muscles glutéaux et du muscle tenseur du fascia lata ou à une atteinte des aponévroses qui sont largement impliquées dans les mouvements de la cuisse.

L’examen clinique va permettre de localiser la douleur et de rechercher des circonstances favorisantes comme une inégalité de longueur des membres inférieurs, un déficit de force des muscles fléchisseurs/extenseurs de hanche, une raideur articulaire ou une possible pathologie de l’articulation de la hanche.

Les traitements médicaux dépendent essentiellement du type et de la localisation de la tendinopathies. Un bilan échographique est toujours nécessaire. En cas de doute sur une atteinte complexe, tendineuse ou aponévrotique, échographie et IRM sont complémentaires.

Au plan préventif, l’entretien de la souplesse articulaire ainsi que les étirements soigneux et réguliers des différents muscles qui s’insèrent sur le fémur et le bassin sont des éducatifs parfaitement nécessaires. Ces étirements devraient être enseignés puis surveillés par un kinésithérapeute qui a l’habitude d’accompagner les sportifs.

 

 

Dr Jacques Pruvost

Marseille

 

Pour en savoir plus :

Vuillemin V, Morvan G. « Pathologie de la région sus-trochantérienne et contexte sportif ».

37 e journée de traumatologie du sport de la Pitié-Salpetriére. 2019. Sauramps médical.

 

 

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