Séance HIT vs Tempo : quels dommages cardiaques ?

Article écrit par Cyril Schmit

Des fibres, des nerfs, un flux sanguin, un rythme de contractions… Tout comme les muscles, le cœur aussi se fatigue à l’exercice. Qu’en est-il alors de l’effet de 2 séances au format différent, mais qui imposent à l’organisme la même charge de travail ?

En physiologie de l’exercice, il est courant de se demander dans quelle mesure un mouvement, un entraînement, voire un plan d’entraînement entier… induit des traumatismes sur le corps. Cela sert par exemple à identifier des signes d’alerte simple pour le sportif (fréquence cardiaque, ressenti, etc.) pour lui éviter de pousser le bouchon trop loin (blessure). Mais derrière la face visible de l’iceberg, ce sont d’autres processus qui sont plus précisément étudiés : les marqueurs sanguins propres aux dommages musculaires, l’oxygénation cérébrale propre à la fatigue mentale, ou encore la contractilité musculaire. Le cœur, lui, reste paradoxalement survolé.

 

On en mesure certes la fréquence de battement instantanée ou la dérive au cours de l’effort, mais après ? Pas de repères simples sur sa capacité à se déformer, sur sa réponse aux impulses nerveux, ni encore sur l’état de ses fibres musculaires… Bref, tout ce que l’on peut capter plutôt simplement à propos du muscle squelettique (car il peut être contracté volontairement). Pourtant, c’est bien le cœur la première pompe à énergie ! 

 

La question se pose donc de l’impact que peut finalement avoir l’exercice sur le cœur, non pas à moyen-terme comme on le sait déjà bien (prévention santé, entraînabilité, etc.), mais plutôt à très, très court-terme. En effet, un peu comme un muscle de la cuisse se déchire puis se remodèle, le cœur subit pendant un effort ponctuel d’endurance des contraintes de déformation, ce qui peut altérer son fonctionnement. À titre d’exemple, les études sur l’ultra-endurance montrent que pour une même stimulation, il est moins « réactif » après l’épreuve.


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Nos plans quotidiens se remplissent de séances souples, techniques, très intenses, tempo, fartlek, etc. qui n’ont ni les mêmes effets musculaires, ni énergétiques, ni mentaux. A priori donc, on peut spontanément transférer ce raisonnement aux réactions du cœur – structurellement comme fonctionnellement. C’est avec cette question en tête qu’une équipe rassemblant Australiens et Chinois (Feifei et al., MSSE 2019) a investigué la question des dommages cardiaques posés par 2 séances d’entraînement.

 

Plus précisément, l’idée était de déterminer si, pour une charge de travail similaire, 2 entraînements dont la forme différait influençaient la quantité de dommages cardiaques générés. Pour cela, une séance d’intervalles a été comparée à une séance Tempo chez 11 coureurs bien entraînés (VO2max de 62,4 ± 5.4 ml.kg-1.min-1) : 


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Pour ces 11 coureurs, courir à 90% de leur vitesse atteinte à VO2max correspondait, durant la séance d’intervalles, à 15,4 km.h, soit 85% de la fréquence cardiaque de réserve (qui est, rappelons-le, l’écart entre la FC maximale et la FC au repos, par exemple : 180 – 60 = 120 bpm donc 85% de ce nombre correspond à 102 bpm à ajouter à la FC de repos, soit 162 bpm). Pour la séance Tempo, courir à 70% de la vitesse atteinte à VO2max correspondait à 12 km.h, soit 78% de la fréquence cardiaque de réserve (ou 154 bpm dans notre exemple).

 

Pour évaluer la nature et la quantité des dommages cardiaques générés par les exercices, des prises de sang étaient aussi réalisées à +0h, +2h, +4h, +24h et +48h après la fin de l’effort. 

 

Finalement, les résultats du protocole restent plutôt intuitifs puisque même si beaucoup de marqueurs sanguins restaient comparables entre les 2 formes de séance, 2 d’entre eux (la troponine-I et la troponine-T) révélaient des concentrations sanguines plus élevées après l’exercice intermittent par rapport à l’exercice continu

 

Hors contexte sportif, ces deux protéines sont habituellement mesurées dans le but d’appréhender la bonne santé cardiaque d’une personne (ex : risque d’infarctus = lésions cardiaques = troponine libérée dans le sang). Ici, évidemment, l’idée est davantage de garder en tête que pour une durée d’entraînement donnée, la manière de distribuer son volume dans le temps importe. 

 

Ainsi, lorsque notre charge d’entraînement est lourde, que notre charge professionnelle s’intensifie… probablement devient-il judicieux – d’un point de vue cardiaque en tout cas – de basculer d’une séance d’intervalles à une séance à allure fixe.

 

1 réaction à cet article

  1. De nombreuses études ont montrées que l’endurance à intensité faible à modérée était d’idéal au niveau cardiaque pour ce qui est considéré « Sport santé », d’ou la conclusion des séances à allures fixes si l’objectif du sport est la santé à long terme et non l’intensité ou la compétition …

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