Activité physique, temps assis et mortalité : prenez soin de vous !

Article écrit par Cyril Schmit

Pour donner du crédit à l’activité physique, on parle souvent de choses complexes (la physiologie du cœur, du cerveau…). Pour discréditer son opposé, la sédentarité, il en est de même (ostéoporose, inactivité enzymatique…). Si l’on prend du recul sur ces explications complexes pour observer plus simplement des statistiques sur la mortalité – ce qui nous parle à tous, il faut l’avouer – le message reste tout aussi limpide et gagne même en impact. Principe d’ergonomie.

L’inactivité physique est actuellement définie comme le fait de ne pas respecter les recommandations de santé publique en matière d’activité physique (ex : marcher au moins 10 000 pas par jour).

Elle est même devenue un facteur prégnant du risque de mortalité prématurée en raison des estimations récentes : ~9 % de tous les décès annuels pourraient lui être imputables (soit plus de 5 millions de décès dans le monde).

 

Aujourd’hui, le temps passé assis constitue la majorité de notre temps d’éveil – et de plus en plus en raison de la digitalisation des métiers. Or, les comportements sédentaires sont associés à de nombreuses pathologies chroniques, ce qui a par exemple conduit les autorités sanitaires /scientifiques à introduire des directives sur la position assise. Dans cette même perspective de santé publique, une récente étude a cherché à déterminer dans quelle mesure l’activité physique était nécessaire pour atténuer, voire éliminer, l’association néfaste entre le temps quotidien passé assis /devant la télévision et la mortalité (Ekelund et al., The Lancet, 2016). 

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Pour cela, les investigateurs ont sollicité les auteurs de 13 autres études réalisées préalablement, dans le but que ces derniers harmonisent leurs données selon un protocole bien défini. Les données de ces études étaient relatives au temps d’activité physique individuel, au temps passé en position assise (et/ou devant la télévision) ainsi qu’aux résultats de toutes causes de mortalité (maladies cardiovasculaires, cancer…).

 

En termes de population, 1 005 791 participants ont ainsi fait l’objet d’un suivi pendant 2 à 18 ans, au cours desquels 84 609 (8,4 %) sont décédés. Dans les résultats, une association « dose-réponse » a été observée, indiquant que le risque de mortalité (toutes causes confondues) était accru par une augmentation du temps passé en position assise et des niveaux faibles d’activité physique. Par exemple, ceux qui ont été classés dans la catégorie « inactifs » (<5 min d’activité physique /jour) et qui sont restés assis >8 heures /jour présentaient un risque accru de mortalité de 59 % par rapport au groupe témoin. Pour information, ce risque s’avère semblable à ceux du tabagisme et de l’obésité déjà signalés dans la littérature.

 

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De façon intéressante, cependant, ce risque accru de mortalité disparaissait chez les participants assis pendant >8 heures mais qui étaient aussi actifs pendant 60 à 75 minutes par jour. Cette quantité de pratique pourrait être considérée comme élevée, certes, mais elle a tout de même été relevée chez 1/4 des participants. Sa faisabilité à large échelle n’est donc pas inenvisageable.

 

En conséquence, ces résultats indiquent que l’allongement du temps d’inactivité est associé à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues. Cependant, l’ampleur du risque est considérablement atténuée, voire éliminée, chez les personnes physiquement actives (au moins 1h par jour). Ces observations démontrent les bienfaits de l’activité physique et sont à considérer dans les sociétés actuelles en particulier, où un nombre croissant de personnes doivent rester assis pendant de longues heures pour travailler.

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