Nathalie Mauclair : « Le Grand Raid de la Réunion, une saveur particulière »

Encore toute auréolée de sa deuxième victoire sur le Grand Raid de la Réunion, Nathalie Mauclair dresse le bilan de sa saison 2014. Et se projette sur le rendez-vous majeur de 2015 : les championnats du monde de trail à Annecy.

Nathalie Mauclair Grand raid de la Réunion

Lepape-info : Votre début d’année 2014 a été marqué par quelques problèmes physiques, avec notamment votre abandon sur l’Ultra Trail du Mont-Fuji (voir les résultats). Quels enseignements en tirez-vous ?

Nathalie Mauclair : Je crois que j’ai surtout eu du mal à gérer la récupération post Diagonale des Fous l’an dernier (voir les résultats 2013). Physiquement, ça a été, mais pas forcément psychologiquement. J’ai été pas mal sollicitée. Le fait de gagner le Grand Raid de La Réunion a révélé au monde du trail que j’existais. Et que j’étais championne du monde. Ca a donné du crédit à mon titre. Tout ça, c’est un peu magique pour moi, j’ai voulu répondre présente partout. J’ai aussi mis les bouchées doubles au travail (Nathalie est cadre infirmier) pour rattraper mes trois semaines d’absence en octobre. Résultat : en décembre, c’est mon corps qui a dit stop… J’essaie de mieux gérer tout cela cette année.

Lepape-info : Vous avez découvert les Etats-Unis (sur la Western States où elle a terminé troisième, voir les résultats) et le Japon. Qu’avez-vous pensé de leur manière d’aborder l’ultra ?

N. M. : J’ai trouvé le Japon tout de même très urbanisé, avec pas mal de bitume sur l’Ultra Trail du Mont Fuji. Dans le concept, cela ressemble beaucoup à l’UTMB avec du matériel obligatoire, etc… Les Etats-Unis, j’ai adoré. Chacun part avec ce qu’il estime nécessaire pour lui et adopte la stratégie qu’il veut. Ce qui n’empêche pas que les organisateurs soient très attentifs, et que l’on soit par exemple pesés régulièrement pour voir si on ne se déshydrate pas. Personnellement, j’ai couru librement.

Lepape-info : Revenons sur votre choix de courir l’UTMB (dont elle a pris la troisième place, voir les résultats) plutôt que de tenter une deuxième victoire sur la TDS. Qu’est-ce qui a motivé votre changement d’avis ?

N. M. : La peur de m’ennuyer, de vivre la même fin de saison que l’an dernier. Et puis, aussi, l’envie de courir une autre étape de l’Ultra Trail World Tour.

Lepape-info : Cette peur de vous ennuyer, vous ne l’avez pas eue sur la Diagonale des Fous ?

N. M. : Non ! Parce que j’avais vraiment un super souvenir de 2013. L’ambiance de la course, la ferveur du public, il y a une saveur particulière. J’étais vraiment contente d’y retourner. Quand j’ai appris, une fois sur place, que le parcours était modifié, je me suis dit « tant mieux ». Le public est vraiment super. En plus, cette année, les gens me connaissaient, j’étais très encouragée. J’en ai eu la chair de poule. Même après l’épreuve, nous sommes restés une semaine sur l’île et c’était impressionnant. Jusque dans l’avion où l’on nous a accueillis avec deux coupes de champagne (sourire).

« Il y a un gros enjeu sur les championnats du monde de trail à Annecy, j’ai bien l’intention de défendre mes chances »

Lepape-info : Le challenge de l’Ultra Trail World Tour (dont elle termine troisième) vous avait attirée dès sa création. Après cette première expérience, que pensez-vous du fait de courir trois ultras dans une année ?

N. M. : Pour un coureur expérimenté, c’est faisable. Mais il faut bien choisir ses compétitions. A chacun de bien mesurer ce dont il est capable.

Lepape-info : Depuis votre victoire sur la TDS en 2013, vous vous êtes spécialisée sur l’ultra. Pensez-vous avoir franchi un cap dans la gestion de ces formats ?

N. M. : Oui, notamment en matière d’alimentation. J’ai élargi mon panel. Au Japon, par exemple, j’ai appris à faire des boulettes de riz. Et puis, j’ai appris à ne pas hésiter à changer de chaussures par exemple. A prendre le temps d’être bien pour courir.

Lepape-info : Le premier semestre 2015 sera marqué par les championnats du monde de trail à Annecy (29-31 mai sur la Maxi Race). Vous remettrez votre titre en jeu sur un format bien plus court (85 km, 5 300 m D+) que vos dernières épreuves. Comment l’abordez-vous ?

N. M. : Sereinement. Parce que c’est ce par quoi j’ai commencé dans le trail. C’est quand même un format que je connais assez bien. Mais je sais que depuis, j’ai ralenti mon rythme de course. Alors j’ai ressorti mes carnets d’entraînement de 2013. L’envie est là, il y a un gros enjeu, j’ai bien l’intention de défendre mes chances, même si les montagnardes seront probablement plus à leur aise et que j’ai aussi vieilli (sourire). J’envisage de faire la saison de cross, puis je serai au trail du Mont Ventoux.

Lepape-info : Et la suite de l’année ? Vous verra-t-on une troisième fois sur le Grand Raid de la Réunion ?

N. M. : Ce n’est pas exclu. J’ai aussi notamment la possibilité de retourner sur la Western States. Mais rien n’est calé…

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