Sports d’endurance : l’atout énergétique des femmes ?

Nous avons déjà consacré plusieurs articles aux différences hommes-femmes dans le sport, et plus particulièrement dans les sports d’endurance.
Pour aller plus loin, nous vous présentons aujourd’hui les conclusions d’une méta-analyse parue en février 2021 dans European Journal of Applied Physiology et intitulée Analysis of sex-based differences in energy substrate utilization during moderate-intensity aerobic exercise (Analyse des différences intersexuelles dans l’utilisation des substrats énergétiques pendant les exercices aérobie à intensité modérée).
L’objectif : identifier les mécanismes physiologiques sous-jacents.

Crédit photo : Bruno Dheilly

Les différences hommes-femmes dans les sports d’endurance** est un sujet passionnant qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Nous avons évoqué dans différents articles les différences cardiovasculaires et musculaires, et surtout la problématique de la déplétion énergétique, c’est à dire la dégradation différentielle des substrats glucidiques et lipidiques qui joue un rôle majeur dans la performance au long cours.

 

 

**Articles déjà parus sur ce thème :

https://www.lepape-info.com/entrainement/entrainement-running/entrainement-trail/mesurer-la-performance-et-les-ecarts-hommes-femmes-en-trail/

https://www.lepape-info.com/sante/comprendre-son-corps/femmes-hommes-des-ecarts-incompressibles/

https://www.lepape-info.com/entrainement/entrainement-running/plans-dentrainement-entrainement/course-sur-route-plan-dentrainement-entrainement/marathon-course-sur-route-plan-dentrainement-entrainement/les-femmes-sont-elles-vraiment-moins-endurantes-que-les-hommes/

 

Rappelons que le modèle de la déplétion énergétique est l’un des modèles de la performance aérobie proposé par Grégoire Millet et Daniel Le Gallais (La préparation physique, optimisations et limites de la performance sportive).

 

Place aux conclusions de la méta-analyse parue en février 2021.

 

Méta-analyse, ça veut dire quoi ?

Une méta-analyse est une méthode scientifique systématique combinant les résultats d’une série d’études indépendantes sur un problème donné, selon un protocole reproductible. La méta-analyse permet une analyse plus précise des données par l’augmentation du nombre de cas étudiés et de tirer une conclusion globale.

Ici, les chercheurs ont recoupé les données de 35 études réalisées dans tout type de population, des sédentaires aux sportifs accomplis. Voici quelques résultats intéressants :

  • À intensités égales, le quotient respiratoire est significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes, et cela quelle que soit la population (sédentaire ou sportive).

 

Petit rappel : Le quotient respiratoire (QR, ou Respiratory Exchange Ratio en anglais) est le rapport entre le dioxyde de carbone (CO2) expiré et le dioxygène (O2) consommé. Il témoigne de l’utilisation différentielle des glucides/lipides.

Plus ce rapport est élevé et plus la consommation de glucides est importante. A QR = 1, les lipides ne sont plus utilisés et les réserves glucidiques sont rapidement utilisées.

Pour avoir plus d’informations, c’est ici :

https://www.lepape-info.com/entrainement/entrainement-running/progresser/les-tests-defforts-le-quotient-respiratoire/

 

Cette donnée ne peut se calculer qu’en laboratoire.

  • La consommation d’hydrates de carbone est également plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Cet élément est bien entendu relié au premier.
  • Concernant les substrats lipidiques, les hommes sédentaires oxydent moins de graisses que les femmes sédentaires, mais on n’observe pas de différence significative chez les athlètes hommes et femmes.
  • Enfin, pour les protéines, les données sont trop peu nombreuses pour en tirer une quelconque conclusion.

 

Dans l’explication des différences physiologiques entre les sexes, le fonctionnement hormonal et l’activation adrénergique sont les mécanismes les plus cités. En effet, certaines études montrent que lors d’exercices de longue durée, les femmes utilisent plus de lipides et moins de glucides et de protéines comme source d’énergie par rapport aux hommes.

Pourtant, d’autres auteurs n’ont pas trouvé de différence entre les sexes dans les proportions de substrats métabolisés, mais dans les types de lipides utilisés.

Cette différence dans l’utilisation des substrats serait liée à des concentrations distinctes de certaines hormones chez les hommes et les femmes, telles que le 17β-oestradiol, la progestérone, la testostérone, l’épinéphrine, la norépinéphrine, l’hormone de croissance, l’insuline et le glucagon.

 

Ainsi, il faudra confirmer par de nouvelles études ciblées les différences existantes chez les athlètes. Globalement, les hommes utilisent une proportion plus importante de glucides que les femmes pour soutenir un exercice d’intensité modérée (QR supérieur), alors que les femmes utiliseraient davantage de lipides, mais la différence serait donc plus qualitative que quantitative, et c’est cette voie qu’il faut explorer afin d’affiner les recommandations nutritionnelles.

Ainsi, on comprend mieux que le modèle de la déplétion énergétique cité en introduction est un modèle pertinent de la performance aérobie, mais attention à ne pas le dissocier du modèle de la réplétion énergétique car la reconstitution des stocks énergétiques présente également des différences sexuées.

 

 

Source : (PDF) Analysis of sex-based differences in energy substrate utilization during moderate-intensity aerobic exercise.

Available from: https://www.researchgate.net/publication/354764190_Analysis_of_sex-based_differences_in_energy_substrate_utilization_during_moderate-intensity_aerobic_exercise

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