Chronique de Marc Cornec : faut-il vraiment compliquer l’entraînement ?

Pour progresser revenez à des choses simples !

Marc Cornec est un coureur assidu et performant. A 50 ans, il est capable de courir un 10 km en moins de 33mn (32mn30s, en 2012). Alors qu’il s’occupe d’un groupe d’athlètes au sein de son club de Quimper, il s’interroge sur les méthodes d’entraînement moderne…

Marc Cornec (ici sur les foulées de Bohars)

« Cela fait maintenant de nombreuses années que j’entraîne et cours au sein d’un club d’athlétisme, plus de 10 ans. Ma passion est intacte, mon envie aussi mais je dois avouer que je m’interroge sur l’intérêt du vocabulaire et des termes employés dans les revues spécialisées et les plans entraînement destinés aux coureurs « de base ». Ne voyez pas du tout dans cette dernière appellation le moindre dénigrement, je veux juste tenter de distinguer le peloton de l’élite qui n’a pas besoin de revues pour s’entraîner.

Dans toutes « ces bibles » du coureur à pied, il faut absolument avoir à portée de main un lexique afin de comprendre et bien appréhender les plans d’entraînement et les différents articles proposés. « VMA….FCM….Seuil aérobie, seuil anaérobie… »  et j’en passe.

Loin de moins l’idée d’écrire que ces notions ne sont pas importantes et ne permettent pas de progresser. Toutefois à mon sens une notion primordiale est oubliée : le plaisir, l’écoute de soi et la simplicité afin de ne pas avoir sans cesse l’œil rivé sur son chrono ou son cardiofréquencemètre. Une approche plus simple de la course serait certainement bien plus profitable pour un grand nombre de coureurs et permettrait de parler plus souvent d’envie. La course à pied peut très bien être expliquée dans des termes simples sans pour autant oublier la progression…

Il faut se souvenir que pendant de nombreuses années, les seuls termes connus du coureur se résumaient à endurance, résistance (fractions de course à hautes intensités), footing moyen, footing rapide. Des termes qui parlent et qui ne demandent ni un long apprentissage ni une calculatrice…

Je pense sincèrement que la progression d’un athlète n’est pas conditionnée par les termes techniques mais par le plaisir qu’il éprouve dans sa pratique de la course à pied et par son assiduité à l’entraînement. Une dernière notion tout aussi importante sans oublier de prendre en compte l’environnement professionnel et familial afin que la course à pied n’implique pas des sacrifices surdimensionnés, que ce soit pour l’athlète ou son entourage. Tout est une question d’équilibre, ne l’oubliez pas.

J’ai donc envie de le dire haut et fort : le coureur débutant ou n’ayant pas d’ambitions chronométriques trop importantes (par exemple pour les coureurs autour d’1 h et plus sur 10km) peut très bien se contenter de trois types d’entraînement, et ce pendant de nombreux mois, avant de se plonger dans les livres de physiologie.

  1. Des footings faciles de trente minutes à une heure (le coureur doit être capable de parler pendant son entraînement).
  2. Des footings sur des terrains variés où la topographie permet d’accélérer sur les parties montantes (côtes) et de récupérer en descentes. Une séance d’entraînement qui doit être réalisée de façon tonique et sur des durées courtes (pas plus de 30 s par fraction). Cette séance n’excèdera pas 1h, échauffement et retour au calme compris (soit au moins 15 mn d’échauffement et 10 mn de retour au calme).
  3. Un footing alternant des périodes rapides et des périodes lentes communément appelé fartlek (jeux de courses, de durées et d’intensité variées, sur divers terrains à l’extérieur). Ici pas de notion de temps, selon son envie le coureur sur une durée de maximum trois minutes accélère puis récupère.

Avec ces trois séances, le coureur peut s’amuser, varier les plaisir, progresser. Il apprend à s’écouter, sait quand il est à l’aise, essoufflé, très essoufflé… Il mémorise ses allures sans « se prendre la tête ». Pour moi c’est cela la course à pied : le plaisir de courir. C’est ce que nous devons tous et toutes chercher en alternant les séances, les parcours, les terrains de jeux. Je n’oublierai pas les partenaires d’entraînement… Courir seul c’est bien, en groupe c’est mieux. L’émulation se crée, l’effort se partage, la motivation est entretenue. Voilà d’autres facteurs de progression. Et à mon sens, ce sont certainement les plus sûrs moyens de pratiquer durablement la course à pied avec un maximum de plaisir.

N’est-ce pas ce que nous recherchons tous et toutes ?

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