La question des fréquences cardiaques en trail dans les situations de montée mais aussi de descente est récurrente.

Pourquoi ? Parce que la vitesse n’est pas un indicateur pertinent de l’intensité de l’effort et que seul le niveau des FC reflète l’engagement de l’athlète. En avril 2018, http://www.lepape-info.com/entrainement/entrainement-running/entrainement-trail/la-montee-des-experts/ , nous avions exploré le lien entre montée et fréquence cardiaque, et nous avions montré que chez les experts en trail et en course de montagne, les FC ne s’élèvent pas avec la pente et qu’elles restent similaires aux FC à plat. Ainsi, chez ces athlètes, l’intensité de l’effort est constante et nous en avions expliqué les intérêts (économie musculaire, déplétion énergétique…).

Plus fort encore, certains coureurs (c’était le cas de Raymond Fontaine, multiple champion de France et vice-champion du monde de course de montagne) disent se « reposer » dans les pentes raides, tellement leur maîtrise est parfaite et l’équilibre respiratoire atteint. Bien entendu, sur des courses courtes, comme en cross par exemple, on peut se permettre de varier les intensités pour réduire la perte de vitesse en côtes, et c’est ce que de nombreuses études démontrent.

Mais si les FC ne montent pas en côte, est-ce qu’elles chutent en descente ? 

 

Une question, plusieurs réponses

La croyance populaire veut que les FC chutent en descente puisque c’est un secteur où la gravité joue apparemment en faveur de l’athlète, contrairement à la montée. C’est en partie vrai, particulièrement dans les descentes à faible pourcentage et non techniques. Dans ce cas précis, pour une vitesse identique ou même plus élevée, l’intensité de l’effort décroit et les FC baissent. Mais la physiologie nous apprend plusieurs choses : le plus faible coût énergétique de la locomotion se calcule pour une pente à 10%, non technique, et au-delà de 15% de pente, les contractions musculaires sont essentiellement excentriques. Ainsi, dévaler des pentes à fort pourcentage met en œuvre des forces de freinage particulièrement éprouvantes, et le coût de la locomotion croît à nouveau. 

Rappelons-nous que les descentes mettent en jeu du cardiovasculaire, du musculaire, de la technique et de l’engagement. Ainsi, une mauvaise maîtrise technique qui implique une concentration accrue, peut-être synonyme d’augmentation de l’intensité de l’effort. Mais au delà de ces aspects, on remarque que les FC des experts baissent peu en descente, secteur clé de la performance en trail où les meilleurs font parfois la différence en conservant une intensité élevée tout en se préservant musculairement. 

Voici l’exemple d’une athlète élite dont la séance consistait en 3 x 10min/3min au seuil anaérobie, les 2 premières fractions en côte et la dernière en descente. La consigne était de conserver une intensité élevée sur la dernière fraction. 

Relevé Suunto Séance Audrey Tanguy, athlète élite ultra trail. Altitude (blanc) et FC (jaune)


image1

 

Données/fraction 1er 10 min 2ème 10 min 3ème 10 min
FC moy en bpm 170 (~90% FCRes) 170 167
FC max en bpm 174 177 176
D+ en m 167 171 0
D- en m 0 0 300
Pente moyenne en % ~10 ~11 ~10
Distance en km 1.72 1.56 2.97
Vitesse en km/h 10.3 9.4 17.8

Tableau comparatif des 3 fractions de 10 min

 

Que constate-t-on ? Sur des pourcentages de pentes identiques (montée vs descente), les vitesses varient fortement (quasiment du simple au double) mais les intensités ne changent pas significativement, de même que la FC max atteinte. Et ce constat se répète sur de nombreux athlètes qui ont investi le secteur de la descente pour en faire un point fort, même si en ultra trail, la descente doit se faire avec la plus grande maîtrise possible afin de se préserver musculairement.

 

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