La coordination, voilà une qualité passée sous silence par méconnaissance de ses déterminants et de son développement. Pourtant, en trail encore plus que dans les autres disciplines de course, cette habileté est essentielle à bien des égards. Voyons pourquoi !

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D’après Weineck (1992), la coordination est « faculté de maîtriser des actions motrices avec précision et économie et d’apprendre relativement plus rapidement les gestes sportifs». Il est donc paradoxal de constater que la qualité de coordination est le plus souvent la moins développée chez les traileurs qui en ont pourtant un besoin impérieux, dans le secteur de la descente comme pour l’utilisation des bâtons. Dans le schéma des facteurs constitutifs de la performance, Weineck range cette habileté dans le tiroir « technique », la distinguant ainsi des habiletés physiques que sont la force, la vitesse, l’endurance et la souplesse.

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Dans une autre classification, ce même physiologiste distingue 2 grands types de qualités physiques : celles qui dépendent principalement de la condition physique (et des processus énergétiques) : l’endurance, la force et la vitesse ; et celles qui dépendent principalement des processus de contrôle du système nerveux : la souplesse et la capacité de coordination, car en effet, la capacité de coordination est déterminée en premier lieu par les processus de contrôle et de régulation des mouvements du Système Nerveux central.

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La coordination permet principalement 2 choses :

– exécuter des mouvements avec précision et efficience.

– des apprentissages moteurs plus rapides.

Sur le plan sémantique, la capacité de coordination est à différencier de l’habileté. La capacité de coordination est le résultat d’un développement. Elle représente la condition générale fondamentale à la base de toute action motrice. Elle permet d’apprendre plus vite de nouvelles habiletés motrices.

L’habileté (ou la technique) est le résultat d’un apprentissage. Elle se rapporte à des actes moteurs concrets, consolidés, et spécifiques à une classe de tâches.

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La course en terrain technique sollicite fortement la qualité de coordination. ©Yoan Jeudy

La capacité de coordination dépend des facteurs suivants (interdépendants) :

– La coordination intra- et intermusculaire.

– La force de gainage du corps.

– L’état fonctionnel des récepteurs.

– La richesse et l’expérience motrices.

– La capacité d’adaptation motrice et le transfert.

– L’âge.

– La fatigue.

La capacité de coordination permet d’améliorer la force, la vitesse, l’endurance, et joue un rôle dans la prévention des blessures.

Coordination et trail

La nature du terrain conditionne la nécessité d’une bonne coordination. Et c’est principalement en descente que cette qualité est mise en jeu. Une bonne technique de descente, synonyme de fluidité et de l’économie gestuelle, est un facteur de performance reconnu, indépendant des qualités cardio-vasculaires. En effet, on peut devenir un excellent descendeur malgré un VO2max faible. Cette bonne coordination sera le résultat d’un travail spécifique qui permettra le développement d’automatismes dans le choix des trajectoires et des appuis. Les co-contractions musculaires parasites, entre agonistes et antagonistes, vont se réduire ; la synergie intra et intermusculaire va grandir, induisant relâchement et efficience gestuelle.

Comment développer la coordination ?

Tout d’abord, la capacité de coordination se développe très tôt en confrontant la motricité à des formes variables et diversifiées = adaptation à la richesse de l’environnement.

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On peut travailler la coordination avec des petites haies ou sur une échelle de rythme

Les qualités de coordination se développent par la répétition d’exercices nécessitant une réflexion, un apprentissage, le développement d’automatismes :

  • Des exercices nouveaux, de difficulté croissante, demandant une adaptation de réalisation
  • Des situations motrices simples avec modification de la difficulté, du temps d’exécution, de l’orientation des mouvements, de la stabilité des appuis, des repères visuels …
  • Des situations avec modification des contraintes externes.

Un exercice simple avec complexification :

1 Appui unipodal. Conditions : yeux ouverts, bras écartés

2 Appui unipodal : Conditions : yeux ouverts, bras le long du corps

3 Appui unipodal : Conditions : yeux fermés, bras le long du corps

Et on peut compliquer encore si on met le sujet en terrain instable, ou simplement sur un BOSU.

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A vous de jouer en commençant par la situation 3. Vous risquez d’être surpris !

Ainsi, la coordination peut se travailler en spécifique (sur le terrain en activité de course) comme en non-spécifique avec des ateliers aménagés. Si vous vous sentez démunis par rapport au sujet, rapprochez-vous d’un préparateur physique professionnel qui saura adapter les exercices à votre expertise du moment pour vous faire progresser en sécurité.

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