Osez le cyclo-cross !

Avec les années le cyclo-cross s’est ouvert à une base plus large. Ces apports, notamment physiologiques, pourraient séduire jusqu’au-delà des rangs des pratiquants cyclistes. Emmanuel Brunet, manager général du Haut Niveau / Performance à la FFC nous en fait l’article.

cyclo cross

Certes, il faut prévoir un vélo spécifique et des vêtements de rechange, chauds de préférence. Mais aujourd’hui, le cyclo-cross est un des meilleurs moyens pour le cycliste, qu’il soit coursier, cyclosportif ou simple randonneur, de progresser dans sa pratique de sa discipline, en maintenant un travail à vélo l’hiver. Un travail utile d’abord pour ses apports physiologiques particuliers. « On pratique sur tout type de sol au sein d’un même parcours, précise Emmanuel Brunet : goudron, sable, sous-bois, gravier… Il y a des buttes très raides, des escaliers et des obstacles type rondins qui impliquent des passages à pied. » Résultat cette épreuve d’endurance (d’une durée d’une heure au niveau international et 50 minutes en régional) nécessite de grosses qualités d’explosivité. « La difficulté des trajectoires, les buttes et les obstacles occasionnent des arrêts incessants, de nombreuses relances. Il y a une répétition continuelle d’efforts courts et intenses. » A la fin d’une épreuve, le cyclo-crossman sentira clairement la complète sollicitation musculaire. Y compris dans le haut du corps, qui devra être bien gainé pour supporter les montées de marches et portés de vélo.

La discipline développe également la rapidité d’exécution et la coordination. « Avec tous les enchaînements, il faut savoir coordonner ses gestes. Il n’y pas de temps d’adaptation entre les obstacles. Quand on passe de la course à pieds au pédalage sur un passage, il n’y a pas de transition comme sur un duathlon. Il y a deux schémas moteurs qui doivent être coordonnés rapidement. »

Le cyclo-cross est une école de technique inégalée. « La variété des sols et la sinuosité des parcours implique une diversité des trajectoires. Il faut avoir un pédalage rond dans les parties grasses. Et en virage il faut essayer ne pas perdre de vitesse et conserver sa motricité, ce qui peut coûter plus cher en potentiel énergétique. Et il y a évidemment tout un travail en capacité d’équilibre. »

Développer l’adresse est également au programme, ce qui sera très utile, y compris pour le simple randonneur pas spécialement pressé. « En apprenant à passer des rondins on est formé à tout. Cela permet ensuite sur la route de se sortir plus facilement de situations difficiles. On évite certaines chutes en passant sur les trottoirs, on peut enjamber certains terre-pleins en cas de nécessité. » L’utilisation intensive du matériel apporte au pratiquant une meilleure finesse dans ses choix de pneus et de gonflage. « On voit parfois au niveau international des champions gonfler leurs boyaux de 32/33 à moins d’un kilo ». Un usage plus optimisé des braquets est également requis. « Quand après une descente on a un passage plat avec au bout une butée à 20 %, il faut être apte à des changements de braquets instantanés. Si on change trop tard on ne gravit pas la butte, si on change trop tôt, on perd en efficacité. On apprend à faire sur 10 mètres ce qui se fait sur 300 sur route. C’est extrêmement formateur. »

En tout, de nombreuses qualités qui concernent également les sportifs non cyclistes. Le cyclo-cross est une activité extérieure agréable à pratiquer en hiver. La neige ou la pluie ne sont pas trop gênants, la vitesse moins rapide que sur route et l’exercice en sous-bois protègent des basses températures, le corps de toute façon montant rapidement en chauffe vu l’intensité de l’exercice. «Et puis le cyclo-cross est ludique. Les parcours sont souvent vallonnés, les sensations sont aussi celles de la glisse. Les compétitions sont souvent organisées dans des endroits sympas autour de bases de loisirs ou des environnements naturels comme les lacs. » Alors, pour mettre un peu de rythme à vos aux sorties automnales en sous bois, rendez-vous sur les parcours de cyclo-cross !

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