Cyclisme : Quel est l’intérêt du travail derrière engin motorisé ?

Depuis des années, les coureurs cyclistes de haut-niveau s’entraînent derrière différents engins motorisés. Dans le temps, certaines épreuves étaient d’ailleurs composées d’une partie effectuée derrière derny comme l’épreuve professionnelle Bordeaux-Paris créée en 1891. Désormais, les dernys de l’époque se raréfient pour laisser la place au scooter d’aujourd’hui. Très utilisé à l’entrainement, l’engin motorisé n’a pas d’égal pour travailler. Mais quel est l’intérêt de ce type de séances ? David Giraud, expert cyclisme de la rédaction, nous éclaire sur le sujet.

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Le principe de rouler derrière un engin motorisé est assez simple à comprendre. L’ensemble pilote-machine étant moins aérodynamique que le système coureur-vélo, il produit un effet important de drafting, aspirant de façon remarquable le cycliste. Ainsi, ce dernier peut atteindre, des vitesses très importantes, rarement atteintes dans d’autres situations.

Rôle motivationnel de l’engin et du conducteur

Travailler derrière un engin motorisé, permet souvent de se surpasser, à l’image de ce qu’on est capable de faire durant une compétition. L’engin motorisé, qui sort le cycliste de sa routine, permet d’atteindre de grande vitesse, ce qui aura un effet grisant chez celui-ci. D’autre part, le conducteur, quel qu’il soit, par ses encouragements ou grâce aux autres interactions qu’il peut avoir avec le compétiteur, aura un rôle motivationnel très important sur ce dernier. Il enchainera plus aisément les exercices car il ne se sentira jamais esseulé et n’aura pas trop la possibilité de cogiter. S’il s’agit de son entraineur ce phénomène risque d’être encore plus marqué, sous réserve bien sûr, qu’il existe entre eux une excellente relation entraineur-entrainé.

La meilleur manière d’être supervisé par un tiers

Si le conducteur possède des compétences dans le domaine de l’entrainement, sa présence permettra au coureur d’avoir une vision extérieure ainsi que des retours sur les exercices effectués. Il pourra ainsi corriger certaines erreurs commises dans l’exécution d’un exercice ou au contraire de le conforter dans la réalisation de celui-ci. De plus, aujourd’hui, lorsqu’un coureur est équipé d’un capteur de puissance, le pilote du deux-roues motorisé peu avoir lui-même un second cadran qui lui indique, en temps réel, ses valeurs de puissance, de fréquence cardiaque ou même de cadence de pédalage. Il s’agit d’un excellent moyen de calibrer la vitesse du deux-roues motorisé afin de respecter des zones de travail précises.

Augmenter l’engagement

Un peu à l’image du spécialiste de cross-country qui va aller faire quelques heures de VTT de descente en station afin, d’une par d’augmenter sa capacité à s’engager dans certains secteurs accidentés, d’autre part de travailler à grande vitesse afin d’améliorer sa technique de pilotage, le cycliste sur route va rouler derrière scooter à vive allure afin d’augmenter sa capacité à rouler vite mais aussi ses qualités de placement. En effet, afin de garder le meilleur abri possible, il doit rester au plus  proche de la roue de son prédécesseur.

Développer des qualités très variées

Le travail derrière scooter permet de développer la quasi-totalité des qualités physiques du cycliste. Grâce à lui on peut développer de façon très spécifique, la vélocité, la force-endurance, le rythme, le seuil ou encore la PMA. On peut également développer les qualités de vitesse grâce à des exercices de sprints, ou même développer la tolérance lactique par du travail d’attaques prolongées.

Les intervalles peuvent être réalisés dans le sillage du scooter, en faisant accélérer  celui-ci à une vitesse adaptée mais aussi à côté de celui-ci. Par exemple, en ce qui concerne ces efforts court à I6 ou I7, le cycliste doit quitter le sillage du scooter l’espace d’un instant pour fournir un effort dans le vent. Pour le travail de PMA, à I5, le cycliste peut également travailler assis en se décalant légèrement afin d’augmenter la résistance à l’avancement durant la durée de l’intervalle,  tout en essayant de conserver la vitesse à laquelle il se déplaçait grâce au phénomène de drafting créé par le scooter.

Enfin, travailler en restant callé dans la roue du véhicule qui vous devance permet également de développer les qualités techniques de placement. La vitesse l’obligeant à toujours rester au plus proche du véhicule qui le précède. En cas de fort vent de côté, ce travail se réalise en éventail en utilisant l’abri latéral du scooter ou sous forme de bordure en restant callé dans son sillage malgré la gêne créée par le vent. Dans ces conditions, le travail derrière scooter permet de travailler d’autres techniques de placements que l’on peut retrouver en compétition.

cycleReproduire des situations de course

Grâce au scooter, on peut reproduire certaines situations de course. On peut simuler, par exemple, un finale de course rapide avec un sprint en conclusion, l’ascension rapide d’une côte courte ou encore l’accélération d’un peloton à l’approche d’un col décisif. Sans l’aide du deux-roues motorisé, ces simulations ne pourraient être reproduites qu’à l’aide d’un collectif important, ce qui est  beaucoup plus difficilement réalisable compte tenu des emplois du temps, des lieux de résidences ou encore des programmes d’entrainements différents, de chaque compétiteur.

Attention à la sécurité

Afin d’effectuer ce type de séance en sécurité, le conducteur doit être un habitué. Il doit savoir comment réagit le cycliste dans différents types de situations et surtout anticiper tout changement de direction, ralentissement important ou passage d’obstacle divers. Il doit communiquer avec celui-ci de façon verbal et/ou de façon non verbal grâce à sa gestuelle, ses clignotants et son klaxon. Les codes utilisés devront être clairement établis.  Tout en gardant sa ligne, accélérant ou ralentissant de manière progressive, il doit être capable, grâce à ses rétroviseurs, de toujours avoir un œil sur le coureur qui est derrière lui.

Attention tout de même à ne pas abuser de ce type de séance qui peut rapidement devenir une solution de facilité pour le cycliste. Celui-ci doit rester autonome et savoir « se rentrer dedans » sans l’aide de quiconque. De plus, exécutées à vive allure, ces séances représentent des charges de travail physiques et psychologiques importantes pour le compétiteur, leurs répétitions dans un intervalle  de temps trop faible, risqueraient de favoriser l’apparition d’un syndrome du surentrainement.

1 réaction à cet article

  1. Bonne analyse dans l’ensemble mais un derny est bien plus régulier qu’un scooter et l’abri ressemble bien plus a celui d’un coureur devant soi qu’un scooter ou l’abri en bas est trop important, ensuite rouler avec des retro n’est pas une gestion parfaite, se retourner et  »sentir le coureur est bien plus pro et générateur de bonne sensation et de feeling…de plus des courses de derny il y en a beaucoup encore sur route et sur piste, désolé de mon intervention mais comme expert derny en toute modestie je suis des bien mieux placé

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