Athlétisme: ma semaine en tant que sparring partner

La semaine du 2 au 9 Août 2015, mon partenaire d'entrainement Pierre Ambroise Bosse (800m) était en stage à Montpellier pour finaliser sa préparation pour les Mondiaux de Pékin. Ma nano carrière en tant que sparring partner était alors lancée, le temps d'un stage... Récit.

Piste athletisme

Ni Pierre Ambroise Bosse (P.A.B) ni mon coach Bruno Gajer ne m’ont dit « Erwan, on te réquisitionne pour faire le lapin le temps d’un stage « . J’ai été invité en stage à Montpellier pour accompagner « P.A.B. » et comme un accord tacite, cela s’est fait naturellement.

Mon rôle s’est alors résumé à quelques caractéristiques bien précises. Faciliter le travail de l’athlète ou au contraire, l’aider à le pousser dans ses derniers retranchements. Quand c’était nécessaire, mon but était bien déterminé par l’entraîneur afin de faire travailler Pierre-Ambroise Bosse dans des caractéristiques se rapprochant des conditions réelles de compétitions. Parmi les séances qui ont rythmé ce stage, deux d’entre elles ont vraiment sollicité mon statut de sparring partner.

La première séance était un fartleck dans le zoo de Montpellier. La chaleur était torride et le parcours vraiment pas évident. Clairement, pour nous deux, la séance s’annonçait rude ! Allez, on boit un coup et c’est parti…

Les minutes défilent, c’est de plus en plus exigeant physiquement. Je me mets à la hauteur de Pierre. Je relance dès que je peux et surtout dès qu’il est pertinent de le faire, (dans les côtes, virages et descentes). Je veux le pousser à faire un bon fartleck et le mettre en confiance avant sa séance spécifique. Mais Pierre ne se laisse pas faire, c’est un joueur et il aime répondre. On arrive à l’avant dernière course, nos regards se croisent et dans ce bref laps de temps, nos regards communiquent  « ouah ce 3 minutes m’a séché! ».  Plus que 30 secondes de récupération, je prends toujours mon rôle de sparring partner à cœur alors j’utilise le peu de souffle qu’il me reste pour l’encourager « ça va aller plus qu’une course. Après on se boit un cocktail, prèsde la piscine? ». Je crois que Pierre Ambroise apprécie l’idée puisqu’à son tour, il reprend son souffle et m’encourage également. On repart puis on arrive dans la dernière ligne droite… On commence à connaitre le parcours et nous savons que c’est bientôt la fin. Je suis sec comme un pruneau d’Agen mais je relance quand même. Pierre suit le mouvement et accélère à son tour. Je suis asphyxié mais je veux le pousser à aller encore plus loin dans l’effort. Je fini par ouvrir ma foulée et mon souffle se mêle au sien. Le bip sonne, « la délivrance ». En cet instant, je suis satisfait. Je l’ai aidé à se dépasser et il m’a fait faire une bien belle séance ! J’ai rempli mon rôle et je suis content d’avoir été une source d’encouragement afin qu’il se surpasse.

Un sparring partner ne court pas pour soi

La deuxième séance était la fameuse « spé 800 ». Les consignes étaient très précises. Pierre avait une séance sur le tartan et moi aussi. Au milieu de mon bloc, je devais faire lièvre sur une distance donnée et sur un tempo plutôt rigoureux vue les conditions de vent et la pré-fatigue. J’avais envie de bien faire, la séance était très importante. Par rapport à un fartleck ou une séance au seuil, la rigueur de la piste rend la tâche du lièvre encore plus exigeante, car un témoin nous guette tous les 100m. Ce témoin c’est le chrono et le coach guette le chrono. Comme pour me rassurer, Pierre me demande si je suis prêt, je lui retourne la question et enclenche la foulée. Je pars et lance rapidement le 400m sur de très bonne bases, je ne veux pas partir trop vite pour ne pas gâcher la séance de Pierre et ne veux pas m’endormir pour qu’il ne soit pas obligé de relancer quand j’aurai fini de l’emmener. Finalement, je maîtrise bien les temps de passages. Je relance quand le vent se fait violent et surtout je reste à l’écoute de sa foulée pour évaluer s’il est bien au contact. Et dans tout ça, je ne dois pas être en surrégime ! Verdict, je suis dans l’allure et le temps de passage est parfait. J’ai bien rempli mon rôle.

Être sparring partner, c’est accompagner l’athlète pour qui nous courrons. Nous nous devons de mettre nos sensations de côté et tout faire pour que l’athlète en question n’ait pas autre chose à faire que courir. Le métronome, c’est le lièvre. Mais finalement que ce soit en club ou dans un petit groupe d’entraînement, nous sommes tous sparring partner, nous sommes tous lièvres, et dans les moments de méforme, on nous le rend bien.

Réagissez