Vous avez vu mon profil ?

Avant de vous inscrire sur une course, apprenez à lire son profil.

Le profil d’une épreuve constitue une donnée essentielle. Mais elle n’est pas toujours facile à décrypter. Sébastien Chaigneau vous guide pour y voir plus clair.

Vous souhaitez vous inscrire sur une course. Vous avez un lieu, une date, un dénivelé, mais avez-vous pensé à en regarder le profil ?

Cette information est importante pour une course sur route et primordiale en trail.

La première information à collecter est le dénivelé : recherchez d’abord si le dénivelé annoncé est le dénivelé total ou le dénivelé positif.

J’ai eu moi-même par le passé quelques mauvaises surprises et je dois avouer que, depuis, je me méfie. Ainsi, on m’avait annoncé 5 500 m de dénivelé ; sur place, je me suis rendu compte qu’il n’y avait que 2 900 m de dénivelé positif sur 100 km, le tout tracé sur de grandes pistes forestières, alors que j’avais quasiment le même matériel obligatoire que pour l’UTMB… Je n’étais pas correctement préparé ni équipé pour une course bien plus rapide que prévu. La surprise était dans ce sens, mais j’aurais aussi pu découvrir une course bien plus difficile qu’attendu.

Dénivelé, échelle, cumul… passez tout au crible

De ce fait, je réalise toujours une analyse très précise du profil de chacune de mes courses et je vous conseille fortement de faire de même.

Attention, vous devrez faire ce travail avant même de vous inscrire, afin de pouvoir établir le programme de votre saison. Vous ne préparerez pas une course à fort dénivelé comme vous préparerez une course plus roulante, même si elles font la même distance !

Après avoir récupéré le profil vous allez devoir regarder différentes choses.

  • Le dénivelé annoncé, méfiance !

Certaines organisations ont tendance à annoncer un dénivelé gonflé voire, dans certains cas, énormément gonflé, afin d’obtenir la classification de course qualificative pour certaines épreuves comme, entre autres, l’UTMB. Cette qualification est donnée par les membres du comité d’organisation de l’UTMB qui vont accorder 1, 2 ou 3 points selon le rapport entre la distance et le dénivelé. Ce rapport peut rarement être vérifié, certains en profitent donc pour gonfler la difficulté de leur épreuve et ainsi obtenir des points qualificatifs qui permettent de grossir les pelotons.

  • Soyez attentif à l’échelle

Le profil se présente sous la forme d’une carte, regardez immédiatement l’échelle.

Vous pouvez très bien avoir un profil avec des montées et des descentes énormes, mais si votre échelle est de 10 m pour 1 cm, ces montées et ces descentes seront bien plus impressionnantes sur le papier qu’en réalité. Le phénomène peut être inverse, avec des difficultés qui semblent moindres, si l’échelle est trop importante.

  • Examinez les difficultés

Un dénivelé positif est un cumul. De fait, vous pouvez avoir 2 000 m de dénivelé positif avec 10 x 200 m de côtes ou deux côtes de 1 000 m ; la donne est alors différente.

Il est donc recommandé de bien regarder le nombre de bosses et de recalculer le dénivelé total, en positif mais aussi en négatif. Vous pourrez ensuite établir votre entraînement puis votre carnet de route pour la course.
Pour ce faire, vous prenez l’altitude au pied de la bosse et celle au sommet, et vous faites la soustraction. Vous côte commence à 150 m d’altitude et se termine à 500 m, vous avez donc 500-150 = 350 m de dénivelé positif.

Attention, regardez bien si la tendance est brute ou si vous avez des descentes et des montées intermédiaires. Vous devrez alors les intégrer dans votre calcul. Parfois le graphique n’est pas assez précis, essayez de le faire « à la louche » afin de ne pas avoir de surprise pendant votre épreuve et d’être le plus près de la réalité.

  • Faites les cumuls

Pensez à faire le cumul positif mais aussi négatif. Pourquoi ? Parce que si, par exemple, vous avez une côte de 950 m de dénivelé positif suivie d’une descente de 1 500 m de dénivelé négatif, vous allez vous apercevoir que la descente – qui devrait être un temps de récupération – va vite devenir une difficulté au niveau musculaire. Il faudra donc accentuer le travail en descente lors de votre entraînement. Vous devrez apprendre à vous servir des descentes pour vous ravitailler et surtout faire en sorte de ne pas trop vous solliciter musculairement, afin de pourvoir réattaquer la bosse suivante. Tout ceci se prépare, aussi bien au niveau de l’entraînement que de la stratégie de course.

  • Etudiez le rapport pente/distance

Six cents mètres de dénivelé sur 5 ou 10 km, ce n’est pas la même chose ! Étudiez donc le profil de la course, afin de connaître le pourcentage de la pente et pouvoir ainsi gérer votre effort.

  • Repérez les postes de secours et de ravitaillement

Le profil et/ou le tracé de la course vous indiquent les postes de secours et/ou de ravitaillement. Il est important de les connaître afin de pouvoir estimer la quantité de ravitaillements solides et liquides que vous devez avoir sur vous entre chaque point.

S’ils ne sont pas indiqués sur le profil, n’hésitez pas à les marquer vous-même, toujours dans un souci de mieux gérer votre course et de pouvoir vous dire : « Là, j’arrive au ravito, je prends quelques minutes car, ensuite, c’est une grosse descente ou une grosse montée et ça risque d’être long. »

  • Veillez aux altitudes

Pensez aussi que le profil vous donne les altitudes auxquelles vous allez passer. Ce n’est pas la même course si on reste entre 100 et 1 500 m d’altitude ou si on doit passer à 3 000 m ! La fatigue, la sollicitation de l’organisme et l’équipement sont différents.

Un gage de réussite

Tous ces petits détails vont contribuer à la réussite de votre épreuve et vous permettre de « rentrer dedans » petit à petit, au fil des semaines, et non seulement la veille de l’épreuve, voire au départ. Cette analyse fait partie de votre préparation. Faites-la bien en amont, elle oriente votre entraînement en conséquence. Une évidence bonne à rappeler : on ne prépare pas de la même façon le SaintéLyon et la Diagonale des fous !
La première présente un parcours plutôt roulant et donc très courant ; votre préparation sera donc orientée sur la rapidité de course. La seconde se court en alternant marche et course, le travail sera donc plus sur la durée de l’effort, le dénivelé et la technique de pieds.

Je vous conseille aussi d’établir des petits pense-bêtes que vous aurez sur vous en course.

Vous y noterez vos temps de passage estimés à différents endroits afin de pouvoir évaluer votre état de forme et pouvoir au maximum anticiper. Plastifiez-les et accrochez-les à votre sac ou encore scotchez-les sur vos bâtons. Je connais même des coureurs qui notent toutes ces informations sur leur avant-bras ! L’essentiel est que vous ayez l’info quelle que soit la méthode choisie.

Une chose est sûre, ce travail permettra que vous ayez le parcours dans la tête, vous pourrez ainsi anticiper et maîtriser au mieux votre effort. Vous aurez ainsi l’opportunité de vous faire plaisir. En revanche, soyez prêt à toute modification de parcours et/ou d’horaires ; dans le trail, ça arrive, le plus souvent pour votre sécurité. Le terrain reste le même, vous devrez seulement vous adapter.

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