Julien Chorier : « Retrouver une sensation de vitesse, c’est grisant »

Avant de se lancer sur ses deux gros objectifs de sa saison 2015 – la Western States et l’UTMB – Julien Chorier a décidé de courir le marathon de Paris. Interview de celui qui a remporté (entre autres) la Diagonale des Fous en 2009 et 2011 et la Hardrock 100 en 2011.

Julien Chorier

Lepape-info : Quand avez-vous décidé d’intégrer le marathon – et le semi – de Paris à votre calendrier 2015 ?

Julien Chorier : Quand j’étais sur le GR20, en Corse (lors de sa tentative de record en septembre 2014, ndlr). Je m’en souviens très bien. Je passais mon temps à marcher dans les cailloux. Peut-être d’ailleurs que je faisais une overdose de cailloux à ce moment-là ! (sourire) J’ai eu envie de retrouver des sensations de course. En parallèle, j’avais cette envie de découvrir la Western States. Quand j’ai eu la confirmation de mon inscription, je me suis dit que c’était cohérent d’orienter mon début de saison avec une préparation axée sur la route et la vitesse. J’avais l’impression d’avoir perdu dans ce registre. Cela dit, je ne suis pas parti de très haut en VMA. Je viens du vélo, et j’ai fait ma première course sur la SaintéLyon, donc je n’ai jamais vraiment travaillé la vitesse en course à pied.

Lepape-info : Vous aviez déjà une expérience sur marathon…

J.C. : Oui, j’avais couru le marathon de Venise en octobre 2007, après avoir remporté la CCC fin août. J’avais terminé en 2h40. J’avais commencé à courir en 2006, donc à l’époque, je ne connaissais rien du tout à la course à pied. Je m’étais dit : « pourquoi pas ? ».

Lepape-info : Comment aviez-vous vécu cette expérience ?

J.C. : C’est un effort dur. Il faut maintenir une intensité très élevée pendant 2h30/2h40. Musculairement aussi, c’est difficile. J’ai rarement eu autant de courbatures. Même après un Grand Raid de La Réunion. D’ailleurs, sur le semi de Paris 2015, c’est la même chose, j’ai eu des courbatures quatre, cinq jours après la course. C’est un problème d’adaptabilité du corps.

Lepape-info : Quel sera votre objectif sur le marathon de Paris ?

J.C. : Je veux essayer de faire mieux qu’à Venise. Mais tout est relatif. Je sais très bien que j’aurai vraiment du mal à descendre sous les 2h35. Je suis un ultra traileur, je n’ai pas de vitesse de base. Pour moi, il y a autant de différence entre un ultra trail et un marathon qu’entre un 3 000 m et un 100m. Un champion du monde de 3 000m ne fera pas forcément moins de 10 secondes au 100 m. Ce n’est pas parce qu’on est un bon marathonien qu’on réussira forcément en ultra trail. On le voit bien. Mais je pense quand même qu’un très bon marathonien peut devenir un excellent ultra traileur avec un peu de temps. Dans l’autre sens, ce n’est pas possible.

Lepape-info : Qu’est-ce qui a changé dans votre entraînement du fait de cette préparation sur route ?

J.C. : J’ai remplacé mes une à deux sorties par semaine en montagne avec du dénivelé ou des côtes, par des séances sur plat. Et j’ai intégré des séances à allure marathon. Retrouver une sensation de vitesse, c’est grisant. Je travaillais déjà cela l’hiver, en faisant du cross et de la piste. Mais pas autant.

Julien ChorierLepape-info : Vous avez couru le semi-marathon de Paris (en 1h14mn11s), qui a battu son record de participation avec plus de 34 800 finishers (voir les résultats et statistiques). Comment avez-vous vécu ce moment ?

J.C. : (Il rigole) A trois quarts d’heure du départ, je me suis dit que j’allais m’échauffer. Mais en fait, j’ai tout juste eu le temps de rentrer dans mon SAS. Mon échauffement a été réduit à néant. Je me suis retrouvé au milieu d’une masse, c’était hallucinant. J’ai couru le premier kilo en 3mn50 tellement il y avait du monde, je n’arrivais pas à avancer. Après deux kilomètres, j’ai pu faire ma course. J’ai passé 1h15 à doubler. Sur des courses comme celles-là, on prend conscience de l’impact du running, du jogging. Et le trail est complètement inconnu pour les gens ! Cette masse de passionnés, c’était vraiment hallucinant. Il y a énormément de coureurs très rapides, et derrière une densité incroyable, chose qu’on ne retrouve pas en trail.  Ca reste une niche, même si c’est une niche qui évolue.

Lepape-info : Comment vous sentez-vous à moins de trois semaines du marathon de Paris ?

J.C. : Ca se passe bien, la préparation suit son cours, je n’ai pas de bobos et j’arrive à tenir les chronos. Après, est-ce que ça tiendra sur un peu plus de 2h30 ? Dans la tête, je me dis que je devrais y arriver, mais reste le côté musculaire, tendineux. C’est un peu l’inconnue. Mais heureusement qu’il y a cette part-là, sinon je ne courrais pas !

Lepape-info : Vos objectifs de la saison restent la Western States et l’UTMB, vous n’allez pas bifurquez sur la route ?

J.C. : (Il sourit) Non je ne m’imagine pas devenir un routard ! Parce que j’espère bien encore performer sur ultra, alors que je ne sais que ce ne sera pas le cas sur marathon !

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