Erik Clavery : « Je suis beaucoup plus serein »

Après son titre de champion du monde et sa victoire sur la SaintéLyon l’an dernier, Erik Clavery (Team Asics Trail) participera au 80 km de l’Eco-Trail de Paris, le 24 mars. Un premier gros rendez-vous pour une saison 2012 chargée, avec notamment la CCC et la Diagonale des Fous. Mais le champion ne veut pas se mettre de pression inutile.

Erik Clavery Team Asics Trail

Lepape-info : Erik, revenons d’abord sur vos sensations aux championnats de France de cross à La Roche-sur-Yon (il a terminé 143ème en 41mn34s)….

Erik Clavery : C’était compliqué ! Très rapide, trop rapide pour moi, même si je suis satisfait de ma course. J’avais fait un 50 kilomètres (le Trail du Vignoble Nantais, qu’il a remporté, ndlr) une semaine avant, ça avait laissé quelques traces. J’étais en forme, mais il y avait un peu de fatigue. Je n’ai pas fait la même course que lors des interrégionaux à Saint-Jean-de-Monts (14ème en 33mn36s), j’ai un peu peiné.

Lepape-info : Participer à la saison de cross vous tient à cœur ?

Erik Clavery : Oui, d’abord parce que c’est une discipline que je pratique depuis tout le temps. Et puis, cela me permet d’assimiler une bonne préparation foncière. Et de travailler la vitesse en situation de course, ce qui est toujours intéressant.
En plus, cette année, les France étaient tout près de chez moi, j’en ai profité !

Lepape-info : Le 24 mars prochain, vous serez au départ du 80 km de l’Eco-Trail de Paris, comment l’abordez-vous ?

Erik Clavery : Sereinement. J’ai fait un bon résultat l’an dernier (3ème) même si je n’ai pas fait une course pleine. Mon objectif principal cette année, c’est de prendre un maximum de plaisir sur les courses, en me fixant le moins de contraintes possible, tout en donnant le meilleur de moi-même. Une grosse partie de ma préparation pour l’Eco-Trail a été faite avec le cross même s’il me reste encore de grosses séances en fin de semaine et la semaine suivante. Pas forcément en termes de volumes, mais surtout en termes d’intensité. Avec un travail à allure spécifique et sur des terrains proches de ceux de l’Eco-Trail.

Lepape-info : Quels enseignements gardez-vous de votre course de l’an dernier où vous aviez connu un passage à vide avant de bien terminer ?

Erik Clavery : C’est une course très spécifique, globalement roulante. Mais entre les 30ème et 70ème kilomètres, il y a une répétition de bosses délicates à négocier, d’autant que l’on commence à accumuler de la fatigue. C’est une course longue, sur 80 kilomètres, et je sais donc qu’il me faudra garder des forces pour cette période un peu plus difficile.

Lepape-info : L’arrivée à la Tour Eiffel vous fait-elle toujours rêver ?

Erik Clavery : Oui ! On la voit des dizaines de kilomètres à l’avance, c’est assez unique. Et puis, on a forcément envie de faire quelque chose de bien dans la Capitale. C’est à Paris, mais la course évite le bitume, avec des passages délicats à négocier, c’est une épreuve très sélective, avec des particularités bien spécifiques au trail. On ne s’improvise pas sur ce parcours.

Lepape-info : Vous avez remporté le Noz-Trail Glazig et le Trail du Vignoble Nantais en début d’année, 2012 commence plutôt bien….

Erik Clavery : Oui, même si ce n’étaient ni les mêmes objectifs ni la même concurrence. Mais c’est plutôt bénéfique. C’est important pour la notion de plaisir, et de performance également. J’ai fait une saison de cross vraiment pleine, j’ai beaucoup progressé. On va donc dire que 2012 s’annonce plutôt bien…

Lepape-info : Avec le Grand Raid de la Réunion comme objectif principal ?

Erik Clavery : C’est un objectif parmi d’autres. Mais c’est vrai que cette course me tient à cœur. Cette île, je la connais pas cœur à force d’y aller. J’ai de la famille là-bas (son frère, ndlr). En 2009, pour ma première participation, ça s’était super bien passé (4ème place, ndlr), mais là ce sera comme une deuxième découverte. Ma famille sera sur place, mes parents vont venir… C’est une épreuve à part pour moi.

Lepape-info : D’ici à cette Diagonale des Fous, du 18 au 21 octobre, vous participerez aussi à la CCC. Comment gérez-vous la longueur des saisons ?

Erik Clavery : Je m’accorde des moments de coupure, mais jamais trop longs. Après l’Eco-Trail de paris, je ferai 10 jours « off », sans courir. C’est déjà long quand on s’entraîne tous les jours ! Et puis, je ferai une reprise progressive. Couper 10 jours, ça va, plus longtemps, c’est délicat. Ca reste un peu une drogue. Mais après un grand rendez-vous, ça fait aussi du bien de souffler.

Erik Clavery Team Asics TrailLepape-info : Revenons sur 2011 marqué par votre titre de champion du monde de trail et votre victoire sur la SaintéLyon. Qu’est-ce que ce nouveau statut a changé pour vous ?
Erik Clavery
:
Ce qui a changé, c’est l’intérêt que l’on me porte, et c’est très agréable, très appréciable de pouvoir partager tout cela.
D’un point de vue personnel, ça m’a apporté plus de sérénité, même si j’ai eu du mal à apprécier mon titre, à le digérer. Depuis trois, quatre mois, je sais l’apprécier. Je suis beaucoup plus serein. Je sais que LE gros résultat de ma carrière, je l’ai déjà fait. Il y en aura peut-être d’autres, et bien sûr on a toujours quelque chose à prouver, on se remet toujours en question. Mais je n’ai pas de raison de me prendre la tête.

Lepape-info : C’est d’ailleurs dans cet esprit que vous aviez décidé de participer à la SaintéLyon, un peu au dernier moment….

Erik Clavery : Je voulais vraiment rebondir après être passé à côté de ma course aux Templiers. J’y suis  allé sans pression, sans me prendre la tête. C’est ce que je voulais aux Templiers, mais c’était ma première sortie après mon titre de champion du monde, et la pression est finalement venue. J’ai vécu un vrai chemin de croix, une grosse galère, je n’ai pris aucun plaisir. Je n’avais plus du tout envie de revivre ça. Entre la SaintéLyon et les Templiers, à la base les sentiments sont complètement opposés, mais j’en arrive à la même conclusion : je cherche avant tout le plaisir. Tout en sachant, bien sûr, que si le plaisir est là, la performance ne sera certainement pas loin.

Lepape-info : Vous donnez parfois l’impression de ne pas avoir de limites. Savez-vous justement où sont vos limites ?

Erik Clavery : Pas du tout ! En 2009, quand je me suis engagé sur le Grand Raid de la Réunion, c’était pour voir jusqu’où je pouvais mener mon corps. Je partais pour courir 24 heures… Je l’ai fait, et au final, je n’ai couru « que » 23 heures puisque j’ai réussi à arriver avant (sourire) !
C’est vrai que j’aime bien repousser mes limites. Je suis un peu fou (rires) !

Lepape-info : Etes-vous aussi comme ça dans la vie quotidienne ?

Erik Clavery : Pour moi, le sport est un refuge. Je m’ouvre par le bais du sport. Je suis réservé de nature, et le sport me permet de m’extérioriser. Alors, je suis moins comme ça dans ma vie perso.

Lepape-info : 2012 est une année olympique, en tant que sportif que vous inspirent les JO ?

Erik Clavery : C’est un rêve. Quand on est petit et qu’on fait du sport, on rêve de quoi ? D’être en équipe de France, d’être champion du monde, et de faire les Jeux Olympiques. Personnellement, j’ai eu la chance de réaliser deux de ces trois rêves. Le trail n’étant pas discipline olympique, je ne pourrai pas réaliser le troisième. Ou alors, s’il y a quelque chose à faire qu’on me le dise (sourire). Mais le trail discipline olympique, oui, forcément, j’aimerais. Et je crois que c’est une discipline qui pourrait être très appréciée. Le VTT est bien venu aux JO, je ne vois pas pourquoi le trail ne pourrait pas.

Lepape-info : En dehors de cela, comment voyez-vous l’avenir du trail ? Du toujours plus long ?

Erik Clavery : Je ne l’espère sincèrement pas. Car cela deviendrait trop extrême et cela renfermerait la discipline sur elle-même. Il faut garder des trails « courts », sur des distances ouvertes, même si cela reste une discipline d’endurance. Il faut également des distances de 40 à 80 kilomètres. Et puis effectivement des ultras, parce que c’est aussi l’image de marque du trail. Je crois que le trail a un grand avenir, à condition de garder et de valoriser ces trois aspects.

Erik Clavery 
Né le 7 juin 1980 à Coutances (50)
1.80 m – 70 kg
En couple, père d’un petit garçon de 17 mois
Travaille en tant que contrôleur territorial
Membre du Team ASICS Trail

Palmarès

2012
Vainqueur du Noz-Trail Glazig
Vainqueur du Trail du Vignoble Nantais

2011
Champion du monde de Trail
Vainqueur de la SaintéLyon
Vainqueur du Noz-Trail Glazig
3ème de l’Eco-Trail de Paris (80 km)

2010
Vainqueur de l’Oxygen Challenge
3ème du TTN long

Réagissez