Course du Cœur 2015 : la « Team Necker » prend tout son sens

C’est une première. Parmi les équipes engagées sur la Course du Cœur 2015 (18-22 mars), figure une joyeuse troupe de l’hôpital Necker. Objectif : relier Paris aux Arcs en quatre jours. 750 kilomètres à la sueur de leur front pour parler du don d’organes. Tout un symbole.

Team Necker Course du Coeur 2015

A une semaine du départ de l’épreuve, la réunion a été organisée à 12h30, dans une salle du service de réanimation. Les seize membres de l’équipe (dont quatorze coureurs) ne peuvent pas tous être là. « On n’arrive jamais à tous se voir ensemble, confie Mélanie. Entre ceux qui travaillent de nuit, de jour, qui sont de garde, qui sont absents, etc… Heureusement, il y a les mails. En ce moment, on doit en être à une dizaine par jour ! ».

Ils sont finalement dix à avoir pu se libérer, ce mercredi. Le principal sujet à l’ordre du jour, c’est la répétition de leur chanson. C’est en grande partie Régis, coordonnateur aux prélèvements d’organes et de tissus, qui a rédigé les paroles. On ne trahira pas le secret de ce qui deviendra l’hymne de la « Team Necker » sur cette Course du Cœur 2015. On dira juste qu’ils ont répété, ce jour-là, dans une bonne humeur qui transpirait la sincérité. Et qu’ils ont repris une chanson connue de tous, remodelant le texte pour livrer leur message sur le don d’organes.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Si ces huit hommes et huit femmes ont décidé de troquer leur « casquette » de personnel technique ou administratif, leur blouse de médecin, infirmier, attaché de recherche clinique (entre autres), pour des chaussures de running, s’ils ont décidé de se lancer dans cette Course du Cœur (750 km en relais non-stop pendant 4 jours entre Paris et Les Arcs), c’est « par rapport à la cause ». C’est le fait de sensibiliser au don d’organes qui les a tous réunis. « Et pour cette cause, on a accepté le défi sportif », explique Guillaume, le capitaine de l’équipe.

L’idée est née l’an dernier, lorsqu’Olivier Coustère, le directeur de la course, lui-même triple greffé du rein, est venu à l’hôpital Necker-Enfant malades (Paris, 15ème) pour remettre les « cœurs » collectés sur l’événement. Ces cœurs réalisés par des enfants tout au long du parcours de la course, et ensuite remis à des patients en attente de greffe en guise de soutien. « On s’est dit : « ça, c’est pour nous »», sourit Laure, médecin au service réanimation et qui se définit comme « coureuse du dimanche ». Pas forcément parce qu’elle choisit ce jour pour faire son footing – « je travaille aussi le dimanche », sourit-elle – mais surtout parce que si elle « aime bien courir » son « sport fétiche, c’est l’escrime ». Sauf que depuis quelques mois, elle a « arrêté l’escrime ».

Team Necker Course du Coeur 2015Après avoir sollicité le service communication de l’hôpital, reçu une trentaine de « candidatures » pour des futurs participants, avoir dû procéder à un douloureux tirage au sort pour ne garder 16 personnes, bataillé pour réunir un budget de 25 000 euros (quasiment bouclé), cette dynamique équipe s’est donc lancée à fond dans l’aventure Course du Cœur. Au programme : un entraînement tous les mercredis à 19h15 pour qui pouvait venir, trois séances collectives organisées en parallèle, dont le semi-marathon de Bullion en février 2015, des échanges avec d’autres équipes engagées sur l’événement et plus expérimentées – notamment Oracle et Silca.

« Me lever un dimanche matin pour courir, c’était l’angoisse la plus totale de ma vie, lâche Régis dans un grand éclat de rire. Ca m’a fait faire des trucs de dingue ! Et en même temps, j’ai découvert un plaisir physique. Le lendemain du semi de Bullion, même si j’avais mal partout, j’avais envie de courir. Dans le métro, partout ! », sourit-il. « On n’en est pas tous là », se moque gentiment Guillaume qui, plus sérieusement, complète : « On a vu qu’on était tous capables de se dépasser ». Quitte à « aller courir juste après une garde », renchérit Laure, concédant volontiers que l’appel de la couette l’aurait emporté quelques semaines avant.

Ce mercredi-là, à une semaine du début de l’aventure, certains confient « angoisser un peu ». Léo doute d’avoir la bonne paire de chaussures qui correspond à sa foulée, lui qui « part de zéro » en matière de course à pied et n’avait évidemment jamais entendu parler de « pronateur » ou « supinateur ». Laurent s’amuse et amuse ses compères en essayant toutes les couleurs de tutu fluo que l’équipe portera pendant la course. Guillaume, « optimiste de nature », ne ressent « pas d’appréhension particulière ». Tous se disent qu’ils ont l’avantage de savoir être performants dans leur vie professionnelle avec un minimum de sommeil. Et d’avoir un vrai esprit d’équipe parce que chacun sait qu’il ne peut « pas prendre en charge un patient seul ». Le défi physique sera peut-être difficile, mais comme ils le disent dans leur chanson : dans leur quotidien professionnel, ils ont l’occasion de voir « bien d’autres misères ».

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