Séverine Hamel et Benoît Holzerny : atout cœur

Installés au Mans mais souvent en vadrouille à travers la France, Séverine Hamel et son entraîneur et conjoint Benoît Holzerny, vivent leur passion de la course à pied à cent à l’heure. Rencontre avec ces jeunes parents complices et compétiteurs.

C’est un petit bonhomme de trois ans et demi qui déborde d’énergie. Lancer la lecture de ses dessins animés préférés, jouer avec lui à la pâte à modeler, admirer (ou réprimander) ses sauts sur le canapé, partir faire des tours de vélo au pied de l’immeuble : il faut beaucoup d’’imagination et d’énergie pour l’occuper. « Il nous fait vite penser à autre chose », confirme Benoît Holzerny. Avec sa compagne Séverine Hamel, ils sont les heureux parents du petit Noa. Un jeune garçon qui impose à ces coureurs souvent partis aux quatre coins de la France, de tourner la page sans tarder après une compétition, qu’elle soit couronnée de succès ou marquée par un échec.

Peut-être un élément essentiel dans l’équilibre de ce couple qui parvient à faire fonctionner le mariage délicat entre vie privée et relation « entraîneur/entraînée ». « Bien sûr, on parle course à pied à la maison, mais il n’y a pas que ça non plus », sourit Benoît. A 37 ans, il gère l’entraînement de Séverine depuis 2009. S’occupe également d’une dizaine d’autres personnes au sein de leur club commun, Free Run 72. Et a récemment créé sa propre structure de coaching, avec son pote Aurélien Breton. Une activité annexe pour celui qui travaille par ailleurs comme taxi pour personnes handicapées, 25 heures par semaine. « Les coureurs qui nous sollicitent sont de tous les niveaux. Ils ont un investissement très important, et mettent tout en place pour réussir. Ca donne autant de responsabilités et d’attente de résultats que pour des personnes de plus haut niveau. On gère l’entraînement à distance. Par mail, par téléphone ».

Avec Séverine Hamel, les choses sont évidemment différentes. « Sans lui demander, je sais au quotidien comment elle va », explique Benoît. « C’est elle qui choisit ce qu’elle veut faire, après j’adapte les séances ». Un calendrier tout de même établi en étroite concertation : « On n’aime pas trop faire des week-ends séparés, je n’aime pas ne pas aller le voir courir », confie Séverine qui sait que leurs orientations de saison ne seront pourtant pas toujours compatibles.

En cette fin d’année 2013, Benoît se tourne déjà vers le cross – « un passage obligé et une préparation idéale pour la suite » – après une « saison de transition vers le long globalement satisfaisante » (entre autres deuxième du 68 km des Gendarmes et Voleurs de Temps, vainqueur du Trail 56 et du 42 km de la Côte d’Opale, ndlr). Séverine a choisi d’ajouter le semi-marathon de Boulogne-Billancourt à son programme. « J’étais très déçue après les France à Belfort (elle a terminé 8ème en 1h19mn55s le 22 septembre, ndlr). Mais juste après, j’ai fait Paris-Versailles (quatrième en 59mn57s, ndlr)  et le 10 km de Noyelles (vainqueur en 35mn05s) et ça s’est bien passé. J’ai hésité entre repartir sur un semi, et faire le cross d’Allonnes. Finalement, j’irai à Boulogne-Billancourt avec l’objectif de faire mieux que mon record (1h18mn09s à Beaufort pour son premier semi en 2012) et d’augmenter dans les bilans français ».

Dans un coin de sa tête : une sélection en équipe de France de semi-marathon pour les Mondiaux de Copenhague le 29 mars 2014.  Impensable il y a encore quelque temps pour celle à qui « il ne fallait pas parler du long ». « Avant ma grossesse, c’était inimaginable. Même au-delà de 5 000m. Et puis, quand j’étais enceinte, j’ai suivi Benoît à vélo pendant ses séances. Le regarder, ça m’a donné envie ». De ses trois participations sur les 21.1 kilomètres, cette professeur des écoles garde la frustration de ne pas avoir réussi à améliorer son chrono : 1h20mn01s au  Mans en mai, et donc 1h19mn55s à Belfort en septembre. « Mais tu es jeune sur cette distance », relativise son entraîneur et conjoint. « Il faut du temps pour appréhender un semi ».

Reste que celle qui a débuté l’athlétisme à l’âge de 12 ans, et a testé et apprécier le 32 km des Gendarmes et Voleurs de Temps cette année, a des fourmis dans les jambes. Sa saison 2014 dépendra évidemment de ses résultats sur semi. Mais elle aimerait « préparer vraiment un 10 bornes, peut-être à Sénart le 1er mai. J’ai un record à 34mn31s, sans avoir fait de préparation spécifique ».

Pour Benoît, l’attirance vers le long se confirme. « Augmenter la distance, c’est un défi personnel. Quand j’ai fait le 68 km des Gendarmes cette année, c’était une première de tenter de courir 5h30 non-stop. Pour les Templiers, ça rajoutait une heure. Et dans ma tête, j’ai l’UTMB, où on passe un nuit sans dormir ». Habitué des vacances en montagne et randonnées à ski depuis son plus jeune âge, il ne cache pas son attrait pour les reliefs montagneux… même s’il n’est pas gâté en la matière au Mans. « J’en ai parlé avec Nathalie Mauclair (championne du monde de trail, vainqueur de la TDS et de la Diagonale des Fous 2013, ndlr) ». Une voisine mancelle qui a « la même problématique. Mais elle fait beaucoup de vélo. C’est peut-être une piste pour adapter mon entraînement ».

D’ici là, le couple s’apprête à changer de voiture. Pour plus de confort lors des longs déplacements. Et parce qu’entre leurs affaires, et celles du jeune Noa, l’agencement dans le coffre se transforme parfois en casse-tête. Ils ont beau courir très vite, Séverine Hamel et Benoît Holzerny  restent des parents ordinaires pour qui le quotidien reprend vite le dessus. 

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