Odyssea Paris, les 6 et 7 octobre 2012 dans le Bois de Vincennes

10 ans de course pour les autres

Il est bien loin le temps de la première édition d’Odyssea Paris. En 2002, 900 femmes avaient participé à l’événement. Dix ans plus tard, 26 000 personnes sont attendues les 6 et 7 octobre, hommes, femmes et enfants confondus. Retour sur cette aventure avec Anne Bergougnoux, un des piliers de l’association.

Lepape-info : Avant de revenir sur l’historique, une question pratique : cette dixième édition d’Odyssea Paris ne présente pas de grands changements ?

Anne Bergougnoux : Non, mais nous avons instauré des SAS de départ pour le 10 km, pour offrir plus de confort aux participants. Les participants ont donc pu choisir un temps en fonction de leur objectif : moins de 50 minutes, entre 50 minutes et 1 heure, ou plus d’une heure. Ces objectifs correspondent à des dossards de couleurs différentes, avec des SAS délimités par des portillons.

Lepape-info : Vous attendez plus de 10 000 personnes sur le 10 km, 26 000 sur la totalité de l’événement… On est loin du temps des 900 participantes…

A.B. : Oui ! Sur les premières années, nous avons doublé nos chiffres de participation d’une édition sur l’autre. Et depuis trois ans, nous augmentons par tranche de 20%. Ce qui est d’autant plus satisfaisant, c’est que nous reversons toujours plus à la lutte contre le cancer du sein. Pourtant, au départ, nous reversions la totalité des inscriptions. Aujourd’hui, nous n’avons plus les mêmes infrastructures, parce que les contraintes notamment en matière de sécurité ne sont plus les mêmes. Nous reversons l’intégralité des bénéfices, soit environ 80 à 85% du prix d’inscription. Si la hausse des sommes reversées est équivalente à la hausse du nombre de coureurs, c’est grâce aux entreprises qui nous suivent et font de plus en plus de dons. Ces inscriptions par entreprise représentent aujourd’hui plus de la moitié des inscrits.

Lepape-info : Au début de l’aventure, imaginiez-vous un tel succès ?

A.B. : Ce qui est sûr, c’est qu’on a toujours eu un objectif élevé, sans se mettre de frein. Et on continue à raisonner comme cela. Nous sommes une des rares courses de cette ampleur, si ce n’est la seule course, qui offre encore des dossards le jour de l’événement. Parce qu’il est difficile de dire aux gens « stop, on arrête », alors que ce sont de nouvelles possibilités de fonds… Tant que nous n’avons pas de mauvais retours de la Préfecture en amont, et que nous obtenons nos autorisations sans problème comme c’est le  cas, nous continuons. Nous visons 28 000 personnes l’an prochain.

Lepape-info : Dans la configuration actuelle, combien de personnes pensez-vous pouvoir accueillir sur le site de Vincennes ?

A.B. : 30 000, je pense. C’est ce que fait le semi-marathon de Paris. Au-delà, je ne suis pas sûre, si on veut conserver un confort de course et assurer la sécurité de chacun de participants. Mais pour l’instant un changement n’est pas à l’ordre du jour, on continue sans trop se poser de questions.

Lepape-info : Le circuit compte cette année huit étapes (voir les étapes). Pourrait-il aussi se développer ?

A.B. : On aimerait bien ! Mais les courses sont financées par les partenaires. Or le nombre de partenaires a plutôt tendance à baisser. Aujourd’hui, nous n’avons donc pas les moyens de développer le réseau. On travaille déjà à asseoir et développer l’affluence sur les villes en place. Et puis, certains événements se créent dans des villages et nous sollicitent pour utiliser notre logo. On leur fournit des objets publicitaires et eux nous reversent un ou deux euros par  inscription. Grâce à ces « petites sœurs d’Odyssea », nous pouvons venir en aide à certaines autres associations, comme Etincelle.

Lepape-info : Quel regard portez-vous sur les premières éditions ?

A.B. : Sans dire que c’était du bricolage (rires), c’était évidemment plus familial au niveau de l’organisation. Ça le reste d’ailleurs d’un certain point de vue puisque nos proches, amis, familles, sont à nos côtés depuis 10 ans. Les émotions aussi sont les mêmes, notamment lors de l’échauffement et du départ, lorsque tout le monde lève les bras en l’air. Mais il y a aussi plus d’angoisse, parce que l’enjeu sécuritaire n’est pas le même, et moins d’intimité.

Odyssea Frédérique Quentin, Frédérique Jules et Anne Bergougnoux
Frédérique Quentin (à gauche) et Frédérique Jules (au centre) ont créé l’association Odyssea en 2002. Elles ont été rejointes deux ans après par Anne Bergougnoux (à droite).

Lepape-info : quels sont vos plus beaux souvenirs ?

A.B. : Il y en a beaucoup ! Des personnes soignées à l’Institut Gustave Roussy qui sont venues courir à la fin de leur traitement, ou même pendant. Je pense aussi à cette famille qui avait créé une équipe de 150 personnes pour courir pour un enfant malade. Le petit est mort 3 jours avant la course, mais tout le monde est quand même venu. Une année aussi, un homme avait mobilisé 150 personnes de son entourage pour sa femme atteinte d’un cancer. L’année suivante, il m’a rappelée en me disant « on sera 200 cette année, ma femme est morte, mais on continue ». Ce sont des histoires un peu lourdes, mais qui symbolisent bien ce qu’est Odyssea : des personnes qui courent pour quelqu’un d’autre.

Lepape-info : D’où le fait qu’Odyssea ne soit pas restée une course féminine ?

A.B. : Oui, ça ne l’a été que durant deux ans. Rapidement, on s’est dit que ce n’était pas notre philosophie. Des hommes nous faisaient d’ailleurs part de leur envie de courir. Le cancer du sein ne concerne pas que la femme, mais aussi tout son entourage. Nous voulions aussi promouvoir ce message. Odyssea est aujourd’hui vraiment un événement familial.

Lepape-info : Depuis la création d’Odyssea, plus de 2 millions d’euros ont été reverses à la lute contre le cancer du sein. A Paris, comment travaillez-vous avec l’Institut Gustave Roussy ?

A.B. : Nous voyons une à deux fois par an les professeurs qui travaillent sur le programme de recherche que nous soutenons pour la cinquième année. C’est un programme de recherche concret, avec des résultats immédiats, au travers duquel plus de 400 femmes sont traitées en France.
Cette année, nous avons aussi choisi de soutenir le projet de Clara Nahmias qui travaille sur une molécule particulière. Il s’agit là de recherche fondamentale, peut-être la recherche d’une vie pour elle. Elle a des résultats sur les rats, mais on n’en est pas encore à l’échelle du cobaye humain. Il n’empêche, c’est une association coup de cœur (l’association Prolific, ndlr), et on se dit qu’il faut aussi aider ces personnes-là.

NB : L’équipe d’Odyssea Paris accueille de nouveaux bénévoles à bras ouverts, notamment pour la remise des dossards. Si vous êtes intéressé(e), contactez l’association par mail : odyssea@netcourrier.com

Toutes les informations pratiques sont sur la fiche d’Odyssea Paris dans notre calendrier des courses. A noter que les inscriptions en ligne sont clôturées le mardi 2 octobre à minuit. Elles sont ensuite possibles sur place, vendredi, samedi et dimanche. Pour le 10 km, les inscriptions sur place se font uniquement pour la version non chronométrée. Le certificat médical reste obligatoire.

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