Mondiaux de Moscou 2013 : le grand flou autour du marathon français

Après la déroute tricolore aux Jeux Olympiques de Londres, qui représentera la France sur marathon aux championnats du monde 2013 à Moscou (10-18 août) ? Sportivement, trois athlètes (Benjamin Malaty, Abraham Kiprotich et Carmen Oliveras) ont à ce jour rempli les critères de qualification. Mais une sélection en équipe de France impose le respect d'autres règles... qu'Abraham Kiprotich ne remplit pas actuellement.

Benjamin Malaty cross championnats de France 2012
Benjamin Malaty

« La FFA dément avec vigueur les propos prêtés à son Président, M. Bernard AMSALEM, et son Directeur technique national, M. Ghani YALOUZ dans l’article intitulé « Kiprotich, un marathonien embarrassant pour la fédération française », datant de jeudi 18 avril 2013 (du quotidien 20 Minutes, ndlr). Contrairement à ce qui est indiqué dans cet article, M. Abraham KIPROTICH n’a en aucun cas été suspendu suite à des suspicions de dopage, mais suite à des manquements administratifs dans le cadre de la surveillance médicale particulière relative aux sportifs de haut-niveau ».

A moins de quatre mois des championnats du monde d’athlétisme, le communiqué publié ce jeudi 18 avril par la Fédération Française d’Athlétisme témoigne du malaise suscité par ce qu’il convient de nommer « le cas Kiprotich ».

L’an passé, l’athlète d’origine kényane, naturalisé français après avoir officié dans la Légion Etrangère, faisait partie des trois marathoniens qui ont représenté la France aux Jeux Olympiques de Londres. Comme ses deux autres collègues, il n’a pas franchi la ligne d’arrivée, ayant abandonné après le 15ème kilomètre. Et depuis ?

Depuis, il a participé au marathon de Tiberias le 10 janvier 2013 où il a signé 2h12mn29s. Et puis,ce dimanche 14 avril, il s’est imposé – quasiment dans le grand secret – sur le Daegu Marathon (Corée du Sud) en 2h08mn33s (voir les résultats). Un chrono qui, sportivement, lui permet de réaliser les minima pour les championnats du monde de cet été.

A ce sujet, rappelons les modalités de qualification pour ces Mondiaux. La Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF) a fixé les minima sur marathon à 2h17mn00s pour les hommes et 2h43mn00s pour les femmes. Mais de son côté, la Fédération Française (FFA) a instauré ses propres critères de sélection qui prévoient plusieurs cas de figure pour qu’un athlète obtienne une pré-qualification.
Le règlement stipule ainsi : « Un groupe d’athlètes sélectionnables sera déterminé en fonction notamment des critères suivants :
–  la réalisation des minima France entre le 1er septembre 2012 et le 1er mai 2013 (Homme : 2h10 et Femme : 2h33)
– des résultats lors du marathon de Paris : le premier et la première Française seront sélectionnables pour les championnats du monde sous réserve d’avoir réalisé les minima IAAF
– le respect des règles fédérales qui seront communiquées aux athlètes par le manager en charge du marathon, notamment, la validation du programme de compétition entre le marathon de Paris et celui de Moscou ».

C’est sur ce dernier point que le cas Abraham Kiprotich pose problème. « La réalisation des minima demandés par la FFA est un critère nécessaire mais non suffisant pour être sélectionné », précise le communiqué de la Fédération publié ce jeudi. « Sportivement, il a effectivement réalisé les minima, explique Jean-François Pontier, manager du hors stade. Mais il doit également remplir un certains nombre d’autres obligations ». Parmi lesquelles : un suivi longitudinal imposé à tous les athlètes de haut niveau.

C’est parce qu’il n’a pas fourni tous les éléments nécessaires dans le cadre de ce suivi qu’Abraham Kiprotich est actuellement suspendu… et le restera « jusqu’à ce qu’il présente les éléments demandés », nous a-t-on précisé du côté de la Fédération. Pas plus de précisions, la nature de ces éléments tombant sous le coup du secret médical. Et officiellement, il n’y a pas de réelle date butoir fixée par la FFA. Mais comme le soutient le communiqué : « M. Abraham KIPROTICH reste sélectionnable en Équipe de France, comme tous les athlètes qui ont réalisé les minima exigés par la FFA ».

Dans le règlement, la date de publication de la sélection officielle est fixée au 30 juillet 2013 et il est stipulé que « Tous les sélectionnables devront être à jour de leur suivi médical réglementaire à la date des championnats de France Elite (12 juillet 2013). Pour le marathon et la marche, les athlètes sélectionnables pourront être amenés à réaliser un suivi biologique spécifique dans le cadre et selon les modalités fixées par la FFA dans une période allant de J-20 à J-10 de l’épreuve sur laquelle il est sélectionnable ainsi que pour le championnat du monde 2013. (…) En cas de non réalisation du suivi dans les conditions citées ci-dessus, l’athlète sera retiré de la sélection ».

Reste que ce « cas » ne doit pas faire oublier que d’autres marathoniens ont à ce jour rempli les critères de pré qualification déterminés par la FFA. En l’occurrence Benjamin Malaty et Carmen Oliveras qui ont terminé premier Français et première Française du marathon de Paris le 7 avril dernier  (voir les résultats) en respectivement 2h12mn00s et 2h35mn57s (soit en dessous des minima IAAF). Les règles étant les mêmes pour tous, pour eux aussi il s’agit bien d’une pré-qualification, mais la validation de leur billet devrait poser moins de souci.

Sollicité quelques jours avant la publication de l’article de 20 Minutes et du communiqué fédéral, Jean-François Pontier avait expliqué : les athlètes seront informés « suffisamment en amont de la compétition afin de pouvoir assurer leur préparation marathon. Mais le prise de décision n’est pas à l’ordre du jour pour les prochaines semaines ».

Et sur ce point, ce n’est surement pas l’affaire Kiprotich qui va changer la donne…

La vidéo de l’Audition auprès de la Commission(s) : Commission d’enquête sur la lutte contre le dopage de Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’athlétisme (FFA) et Ghani Yalouz, directeur technique national de la Fédération française d’athlétisme (FFA), au Sénat, le 18 avril 2013. La vidéo

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