Marathon de Londres : Shura Kitata fait craquer Eliud Kipchoge avant de l’emporter

Sensation ce dimanche lors du 40ème marathon de Londres, le Kenyan Eliud Kipchoge roi de la discipline est tombé. Le recordman du monde du marathon invaincu depuis 7 ans a terminé seulement 8ème de la course en 2h06'49 à plus d'une minute de l'Ethiopien Shura Kitata (24 ans) vainqueur au sprint en 2h05'41 !

Shura Kitata (au centre) vainqueur du marathon de Londres entouré par Vincent Kipchumba (à droite) et Sisay Lemma (à gauche)

Ce 40ème marathon de Londres déjà atypique de part le contexte disputé dans une « bulle sanitaire » sans public autour de Saint James’s Park et uniquement réservé à l’élite nous a offert une incroyable fin de course.

 

Eliud Kipchoge invaincu sur marathon depuis sa 2ème place à Berlin en 2013 et privé de duel après le forfait de  Kenenisa Bekele touché au mollet gauche se présentait sur le papier comme le grand favori. Mais en sport rien n’est écrit d’avance nous en avons eu une superbe démonstration.

 

Parti sur des bases chronométriques modestes vu la qualité du plateau (6 coureurs avec des records personnels à moins de 2h05), un groupe de tête avec une douzaine de concurrents (meneurs d’allures compris) s’est rapidement constitué pour passer au semi-marathon en 1h02’54.

 

Eliud Kipchoge est alors bien entouré en compagnie des Kenyans Vincent Kipchumba, Benson Kipruto, Gideon Kipketer, Marius Kipserem et des Ethiopiens Mosiret Gremew, Shura Kitata, Sisay Lemma, Mule Wasihun et Tamira Tola. Sir Mohamed Farah, meneur d’allure de luxe, étant lui dans un groupe plus loin derrière avec finalement la mission d’emmener les meilleurs Britanniques engagés pour réaliser les minima pour les Jeux Olympiques de Tokyo fixés à 2h11’30.

 

Sous la pluie et avec à peine une dizaine de degrés au thermomètre, les kilomètres passent. Le groupe de tête progressivement délaissé par les meneurs d’allure qui s’écartent un à un continue sa progression à un rythme légèrement supérieur à 3′ au kilomètre. Au-delà du 30ème kilomètre la situation reste inchangée et l’on commence à se dire que tout le monde a sa chance pour la victoire même si Eliud Kipchoge ne semble pas montrer de signe de fatigue.

 

La course bascule peu avant le 38ème kilomètre, Shura Kitata porte une accélération, une première véritable attaque depuis le départ qui fait mal, très mal et la surprise est immense lorsque l’on s’aperçoit qu’Eliud Kipchoge lâche prise en compagnie de Benson Kipruto.

C’est la stupéfaction, Eliud Kipchoge qui subit la 1ère défaillance de sa carrière en 7 ans sur marathon est incapable de réagir, de répondre à l’attaque de Kitata et laisse filer le groupe de tête qu’il ne reverra plus.

Devant l’écrémage se poursuit avant un incroyable finish. À 200m de l’arrivée, à l’entrée de la dernière ligne droite ils sont encore 3 à se disputer la victoire après 42 km d’efforts. Au terme d’un époustouflant sprint, Shura Kitata parvient à l’emporter à l’arrachée en 2h05’41 devant Vincent Kipchumba (2h05’42), le podium est complété par Sisay Lemma (2h05’45). 

 

Kitata 2ème à Londres en 2018 (et 4ème l’an passé) derrière Kipchoge tient sa revanche, une belle récompense pour l’Ethiopien qui a pris ses responsabilités en attaquant avant 4 km de l’arrivée et qui a tenu à rendre hommage à son compatriote Kenenisa Bekele (blessé et forfait) à l’arrivée : « Kenenisa s’est entraîné avec moi et m’avait conseillé avant cette course, je lui en suis très reconnaissant. Je m’étais préparé pour ce marathon disputé sur une boucle et je suis très heureux d’avoir gagné face à une grande adversité et pour mon groupe d’entraînement. »

 

Eliud Kipchoge qui a tenté de limiter les dégâts sur la fin de course pour finalement terminer 8ème en 2h06’49 à plus d’une minute de Kitata a expliqué avoir été handicapé par des crampes, une douleur à l’oreille droite et une autre à une hanche: « Il faisait vraiment froid, mais les conditions ne sont pas une excuse et je reviendrai »

 

Chez les dames, la Kenyane Brigid Kosgei (26 ans) s’est imposée pour la 2ème fois consécutive à Londres en 2h18’58’. La détentrice du record du monde féminin (2h14’04) et grande favorite accompagnée de sa compatriote Ruth Chepngetich championne du monde 2019 s’est échappée peu après le 32ème kilomètre pour s’imposer en solitaire.

Chepngetich qui a payé la première partie de course très rapide (1h08’12 au semi) a finalement pris la 3e place devancée dans la dernière ligne droite pour la deuxième place par l’Américaine Sara Hall (2h21’01) au prix d’un superbe sprint et qui s’est offert à 37 ans un nouveau record personnel.

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