958 concurrents étaient au départ de la 3ème étape, les 2 premiers jours de course ont fait des dégâts et laissés des traces avec pas moins de 127 abandons.
Encore plus de 34 km au programme d’une journée moins vallonnée avec une première partie très roulante sur des sols durs et une seconde portion sablonneuse magnifique avec un passage au pied du djebel Zireg mais aussi des montées et des descentes successives sur des sols meubles.
La chaleur éprouvante annoncée a incité le directeur de course Patrick Bauer et son équipe à avancer le départ d’une heure. Une sage décision loin d’être superflue puisqu’en début d’après-midi le thermomètre affichait 40°C sous abri avec une hygrométrie à 7% typique du désert, de quoi fatiguer encore un peu plus les organismes.
Félix (dossard 459) : « Je m’étais inscrit sans trop savoir où j’allais et je ne sais toujours pas pourquoi je suis venu. La première journée fut difficile mais on m’a dit ne t’inquiète pas c’est le temps de s’acclimater, la deuxième journée était horrible… on m’a dit oui c’est vrai en me précisant que la troisième serait un peu semblable, j’ai envie de chialer ! (sourire) non en fait c’est une super aventure la vraie force de cette course pour nous ce n’est pas la performance physique et solitaire mais c’est la communauté, ceux et celles qui te portent quand tu vas moins bien. »
Daisy (dossard 242) gendarme à la brigade de Castelnaudary, est venue pour se dépasser : « J’adore les challenges, l’aventure du Marathon des Sables a commencé à une date symbolique, le 21 avril, c’est la date anniversaire de ma maman décédée il y a un an et demi. Je fais la course en son hommage elle aurait eu 61 ans. C’est un très beau défi j’espère aller au bout. La 3ème étape fut très difficile avec la chaleur, c’est un enfer avec les dunes, le dénivelé où il a fallu faire travailler les mollets. Mon métier de militaire m’aide à repousser mes limites au maximum. »
Victoria toujours dans l’aventure avec sa sœur Elodie : Etape difficile car il a fait très très chaud. La nuit dernière la température n’est pas descendue sous 29°C, ce matin à 11h il faisait 40°C à l’ombre. Aujourd’hui pour une fois j’étais plutôt en forme, Elodie un peu moins bien avec un coup de chaleur on pense mais comme d’habitude on y est allé tranquillement, on s’est reposé par moments, on nous a donné de l’eau en plus à cause de la chaleur. On appréhende forcément demain mais il ne faut pas y penser. C’est difficile d’imaginer courir 90 km, on ne l’a jamais fait, on fera l’étape CP (check-point) par CP sans se cramer en buvant et mangeant énormément. On aimerait ne pas dormir en plein désert, on mettra peut-être 20h on ne sait pas. Il faudra marcher, courir, marcher, courir pour changer de rythme et essayer de courir quand il fera plus frais on va beaucoup courir de nuit. Entre 14h et 18h on sera plus en rando rapide. Notre devise est tout ce qui est pris n’est plus à prendre. »
Pas de grande surprise lors de cette 3ème étape pour la tête de course. Les trois Marocains Mohamed et Rachid El Morabity ainsi qu’Aziz Yachou accompagnés du Français Mathieu Blanchard ont fait course commune jusqu’au premier checkpoint (11,9 km).
À l’occasion d’un réapprovisionnement en eau express, les experts Marocains ont pris le large laissant Mathieu Blanchard esseulé. Dans la partie plus sablonneuse de fin d’étape, les écarts n’ont fait que se creuser.
Au final Mohamed El Morabity l’a emporté avec 3 minutes d’avance sur son frère Rachid arrivé juste devant Aziz Yachou. Mathieu Blanchard a limité la casse en terminant 4ème à 15 minutes du vainqueur.
Mathieu Blanchard : « La course me rappelle des souvenirs de 2021, depuis que je suis arrivé il fait tellement chaud que je n’ai pas dormi la nuit dans le sac de couchage, on est quasiment à poil dessus. Tout à l’heure, avec Pierre mon acolyte de tente, j’ai mis ma montre au soleil elle est montée à 55,1°C on connait des températures extrêmes par rapport à d’habitude et on le voit avec les abandons. Nous dans notre équipe on a perdu Cédric, le fils de Méryl, un bon petit roi du désert qui nous donne plein de bons conseils, cela fait mal au cœur mais on a une équipe soudée, on commence à bien s’apprécier les uns les autres, le matin on repart avec le sourire et nous sommes toujours deuxièmes à une trentaine de minutes des premiers. Demain c’est l’étape longue tout peut se passer, on peut perdre très vite 2-3 voire 4 heures. Sur le plan individuel, je me bats derrière les 3 Marocains titans du désert. Aujourd’hui jusqu’au CP2 j’étais devant eux, le sol était assez dur, lac asséché, faux-plat descendant cela m’a rappelé toute ma préparation marathon que je fais depuis 3 mois, j’ai pu caler des « pace » assez rapides pour être devant eux. Après le CP2 on est rentré dans le sable et là ce n’est pas une question de muscle ou de cardio, c’est une question de technique je les vois ils sont stables, gainés et moi dans le sable je pars à droite, à gauche, je me déséquilibre, je m’enfonce, je perds mon énergie, je n’arrive pas à les suivre et je termine 4ème à une dizaine de minutes d’eux. On ne mène pas le même combat, je suis content de ma 4ème place et de notre équipe. Demain c’est là que tout se joue lors de l’étape longue, il faudra mettre notre ego tout au fond de notre poche bien profond qu’il soit coincé, zippé. Il faudra partir très lentement, on parle de 90 kilomètres ce n’est pas les habituels 80-82 voire 85 des autres années, cela fait une grosse différence. La température est extrême, nous sommes dans les 50 premiers donc nous allons partir à 11h dans la grosse chaleur, on va reprendre le djebel de l’étape 2 aux pires heures de la journée, ce sera la même chose pour les autres il faudra se serrer les coudes, on aura tout le temps de débriefer ensuite après l’arrivée dans la nuit. »
Autre membre de l’équipe France , Erik Clavery l’un des ambassadeurs LEPAPE, nous donne de ses nouvelles comme après chaque étape :
« ll fait chaud, encore 40.3° à l’ombre, je trouve que l’on manque d’eau. Quelques ampoules que j’ai fait soigné tout à l’heure par un docteur de Clisson, très sympa. L’étape s’est bien passée, départ roulant, c’est parti super vite. J’ai pris mon allure et fais ce que j’ai pu sur la fin difficile car manque d’eau, avec 13 derniers km très sableux et passage de col. Malgré un départ plus tôt, il a fait très chaud ! Demain départ 11h (13h en France), ça va être un four. il va falloir être super prudent sur les 5 premières heures! Je vais y aller cool sur les 50 premier kilomètres, en plus avec sable et D+. Edition avec paysages très beaux mais très dure. J’arrive à garder mon rang mais tout va se jouer demain. Les écarts peuvent être énorme après l’étape longue. Parcours dur, long et chaud ! »
Coup double pour Mohamed El Morabity qui s’empare des commandes du classement général avec 3 minutes d’avance sur son frère, lui-même une minute devant Aziz Yachou. Mathieu Blanchard est 4ème à 43 minutes du leader.
Chez les femmes, la Néerlandaise Ragna Debats s’est imposée tranquillement lors de cette 3ème étape. Elle a laissé la Marocaine Aziza El Amrany prendre la tête de la course, puis a accéléré vers le milieu de l’étape. La Française Maryline Nakache, légèrement en retrait en début d’étape s’est reprise pour doubler la Marocaine.
Au final, Ragna Debats conforte sa place de leader en s’imposant avec 11 minutes d’avance sur Maryline Nakache et 13 minutes sur Aziza El Amrany.
CLASSEMENT ETAPE 3
HOMMES
- Mohamed EL MORABITY (MAR) 2h29’05
- Rachid EL MORABITY (MAR) à 3’25
- Aziz YACHOU (MAR) à 3’28
- Mathieu BLANCHARD (FRA) à 15’32
- Vasilii KORYTKIN (RUS) à 16’51
FEMMES
- Ragna DEBATS (NED) 3h29’36
- Maryline NAKACHE (FRA) à 11’28
- Aziza EL AMRANY (MAR) à 13’00
CLASSEMENT GÉNÉRAL APRÈS L’ETAPE 3
HOMMES
- Mohamed EL MORABITY (MAR) 7h46’41
- Rachid EL MORABITY (MAR) à 2’58
- Aziz YACHOU (MAR) à 4’06
- Mathieu BLANCHARD (FRA) à 42’23
- Vasilii KORYTKIN (RUS) à 50’42
FEMMES
- Ragna DEBATS (NED) 10h15’30
- Maryline NAKACHE (FRA) à 38’13
- Aziza EL AMRANY (MAR) à 1h16’55
Un grand merci à Elodie Bonnin et Margot Peberat pour leur collaboration au cœur du bivouac et à Céline Clavery.