Les résultats des championnats du monde de trail 2015 (Annecy-le-Vieux, 74)

Les Français à la bataille

Sur la maxi-Race, les Français ont été maîtres des lieux. Sylvain Court et Nathalie Mauclair sont sacrés champions du monde 2015 au terme de magnifiques batailles. Et les deux équipes de France remportent le titre par équipe. Carton plein, comme en 2011.

Championnat du monde de trail 2015
Sylvain Court

Ils vont quitter Annecy-le-Vieux, auréolés d’or. Quatre titres en jeu, quatre titres tricolores. Au regard de ces résultats, il pourrait sembler que la victoire fut aisée. Loin s’en faut. C’est au terme de deux batailles féroces de plus de 8 h chez les hommes et 9h30 chez les femmes que les podium se sont dessinés.

« J’ai tout donné. J’ai serré les dents jusqu’au bout. Jusqu’à la fin, j’ai eu peur que l’Espagnol revienne sur moi. » Lorsque Sylvain Court franchit la ligne d’arrivée les mains en croix puis un doigt vers le ciel, il a bien du mal à réaliser qu’il est champion du monde.  Et pourtant, il a bataillé pour décrocher le Graal. Et l’Espagnol, Luis Alberto Hernando se demande encore, sans nul doute, qui sont ces Français qui lui ont mené la vie dure toute la journée alors qu’il ne connaissait qu’un nom, celui de Xavier Thevenard, vainqueur de l’UTMB (Ultra-Trail du Mont Blanc, à Chamonix) 2013.

Il est vrai aussi que le parcours de la Maxi-Race du Lac d’Annecy offre chaque année de belles joutes. 2015 ne devait pas déroger à la règle en étant le théâtre de la cinquième édition des championnats du monde de trail. Le rendez-vous était fixé au petit-matin avec un départ à 3h30, en ce 30 mai 2015. 259 athlètes dont 95 femmes sont présents et portent les couleurs de 37 nations.

Mais attention car la maxi-Race avec son tracé de 85 km et 5 300 m de dénivelé positif a ceci de particulier que la deuxième partie est plus difficile que la première. Les consignes étaient d’attendre, d’observer sans se laisser trop distancer. Mais ce qui devait arriver arriva. Tant que les hommes que chez les femmes, les fauves étaient lâchés. Au sommet du Semnoz à 1 644 m, après 18 km de course, un groupe défie la difficulté à la frontale. 1h45mn de course, un Américain Tim Tollefson et l’Espagnol Manuel Merillas ouvrent la marche, suivis à 15s d’un autre Espagnol Luis Alberto Hernando et du Français Xavier Thévenard. Mais dans ce groupe de douze, on voit aussi Sylvain Court et Sébastien Spehler. Les autres membres du Team France ne sont pas bien loin. Les tenues blanches sont belles et bien présentes.

Chez les femmes. Même topo. Anne-Lise Rousset assure un rythme d’enfer suivie de Caroline Chaverot et Nathalie Mauclair. Les trois femmes ont creusé un écart de six minutes ! La prudence n’est pas de mise. « Je ne me faisais pas d’illusions ces dernières semaines. J’ai eu quelques pépins physiques, et surtout je trouvais que ce format montagnard ne pouvait pas me convenir surtout sur une distance aussi courte », raconte dans un éclat de rire, la Sarthoise, Nathalie Mauclair qui n’a guère qu’une côte de 1 km avec 50m de dénivelé positif du côté de chez elle.  Anne-Lise de son côté joue son va tout « Je n’avais pas le choix. Je suis partie vite mais j’étais bien et je savais que ça finirait par coincer de toute façon alors autant essayer de creuser l’écart dès le départ en partant énervée puis en serrant les dents. »

Col de Cochette, 33.4 km, huit coureurs sont aux avant-postes avec cette fois, trois Français, qui emmènent le peloton. Julien Rancon assure le tempo suivi de Xavier Thévenard et Sylvain Court. Mais non loin, deux Espagnols semblent avoir opté pour une stratégie plus « calme » en restant à portée de runnings sans trop se montrer. Avec eux, Sébastien Spehler et un peu plus loin, Ludovic Pommeret. « C’est parti très très vite, » commente Luis Alberto Hernando. « Je ne voulais pas opter pour cette stratégie, j’ai été un peu plus prudent. »

Doussard, mi-course. Point stratégique. Il est dit ici que la course commence. Dans la descente qui mène au point de ravitaillement Xavier Thevenard et Luis Merillas se livrent une belle bataille mais à l’entrée du gymnase c’est Sébastien Spehler qui passe en tête suivi à 12s de Sylvain Court et de Manuel Merillas à 48s. Xavier, semble accuser le coup. Son sourire a disparu et il est à près d’1mn30s.

Chez les femmes, Anne-Lise Rousset est dans le dur, Nathalie Mauclair toujours là mais devant, Caroline Chaverot avale les difficultés et semble très sereine. « En cet instant,  je n’envisageais encore rien J’étais à mon rythme », explique Nathalie Mauclair. Derrière, toujours personne. Les trois Françaises peuvent se livrer leur bataille même si l’Espagnole Maite Mayora réduit petit à petit son retard.

Luis Alberto Hernando aux avant-postes

Sébastien Spehler
Sébastien Spehler

Chalet de l’Aulps, 54,8 km et 3 569 m de dénivelé positif effacé. Sébastien Spehler vainqueur ici l’an passé est seul en tête suivi à 4 minutes de l’Espagnol Luis Alberto Hernando qui montre le bout de son nez tandis que Sylvain Court est à moins d’une minute : « lorsque j’ai vu que je ne perdais pas de terrain, j’ai commencé à me dire qu’il y avait un truc à faire». Mais Sébastien Spehler semble bien et chacun sait que la fin de parcours lui convient. Et comme un Français semble en cacher un autre, au Pas de l’Aulps après 58,9 km et à 1620m d’altitude, Patrick Bringer est là. Passé de la 14e à la 4e place. Ce qui fait que dans les dix premiers, on compte six Français avec Ludovic Pommeret (5e), Xavier Thevenard (6e) et Nicolas Martin (8e) qui viennent se placer en embuscade.

La deuxième partie de la Maxi-Race est alors le théâtre de multiples rebondissements. Sébastien Spehler fléchit (et abandonnera sur malaise en raison d’une forte déshydratation), Luis Alberto Hernando prend le commandement. Le favori de l’épreuve confirme les pronostics de nombreux observateurs. Mais lorsqu’un Français craque, un nouveau sort du chapeau avec  cette fois Sylvain Court qui revient sur l’Espagnol. Commence alors un terrible mano a mano. L’un attaque, l’autre réplique. « Je serrais les dents. Dans la côte du Mont Baron, je prends 100m mais j’ai tenu. On ne se lâchait pas. Et dans la descente, j’ai pris un peu d’avance. J’ai ensuite passé mon temps à me retourner pour surveiller. Je n’ai jamais été rassuré, c’est Luis Alberto quand même ! Et puis surtout, je ne voulais pas que ça termine au sprint. Ce matin, je suis parti en me disant que je ne voulais rien regretter. … Je crois que je vais mettre du temps à réaliser. »

De son côté, il est certain que Louis Alberto Hernando connaîtra le nom d’un nouveau Français. « C’est un parcours superbe mais aussi très très dur. Il y avait une grosse concurrence, je crois que c’est la course la plus compétitive que je n’ai  jamais faite. Je ne regrette pas d’avoir été sur la Transvulcania mais je peux peut-être me poser des questions sur ma performance. J’ai gagné, ça oui, mais je n’aurais peut-être pas dû aller chercher le record. Mais je ne veux pas chercher d’excuse, Sylvain Court a vraiment été très fort et a fait une superbe course. Je n’ai jamais rien lâché, j’ai cru jusqu’aux derniers mètres que je pourrais m’imposer. L’Equipe de France était vraiment très très forte. »

Et le troisième sur le podium est un certain Patrick Bringer, serrant le point de bonheur. « J’ai fait une course prudente. J’avais choisi de rester caché jusqu’à Doussard puis de voir ce que je pouvais faire en accélérant. Je n’ai jamais pensé pouvoir aller chercher la victoire, mais le podium, ça me va très bien ! »

Restait à assurer la médaille d’or par équipe. Ludovic Pommeret (5e) n’étant pas dans l’équipe*, c’était Nicolas Martin avec sa 7e place qui s’en chargeait.

Nathalie Mauclair double championne du monde

Chpts du monde de trail 2015
Nathalie Mauclair championne du monde de trail 2013 et 2015

Et chez les femmes ? Il fallait aussi un beau mano à mano. Il a eu lieu entre Caroline Chaverot et Nathalie Mauclair, l’Espagnole Maite Mayora grignotant les secondes pour se placer en troisième position. Entre les deux Françaises l’écart devient pot de chagrin et à Menthon, à 15 km de l’arrivée et avant la dernière difficulté, il est d’une minute. Dans la montée, la championne du monde en titre place une attaque et revient sur sa compatriote. « Si durant la course, je ne pensais pas pouvoir m’imposer, lorsque j’ai eu la tête, je n’ai eu qu’une idée : la garder. Lors des moments difficiles, je me disais que j’avais gagné la Réunion et que je devais pouvoir tenir. L’expérience de l’ultra m’a aidée pour tenir car, quand même, il a fallu tenir. »

Une déception légitime pour Caroline Chaverot qui fut victime d’un léger malaise et dû « ralentir afin d’assurer sa deuxième place » tandis que l’Espagnole grimpait sur la troisième marche. Anne-Lise Rousset, rayonnante, termine à la quatrième place « trop contente et trop surprise et trop… heureuse. C’est énorme. » Anne-Lise ne figurant pas dans l’équipe*, c’est Maud Gobert avec sa septième place qui assure la médaille d’or par équipe.

Et alors que Bernard Amsalem, président de la FFA et Ghani Yalouz, Directeur technique National savouraient « ces instants de parfaite communion, avec un véritable amour du maillot et une incroyable abnégation », Jean-François Pontier, manager du hors stade, concluait tout sourire « on n’aurait pas pu faire mieux ! »

Hommes

  1. IMG_3244Sylvain COURT (France),8h15mn38s
  2. Luis Alberto HERNANDO (Espagne), 8h19mn06s
  3. Patrick BRINGER (France), 8h21mn43s
  4. Tom OWENS (Grand-Bretagne), 8h26mn23s
  5. Ludovic POMMERET (France), 8h33mn07s
  6. Alex NICHOLS (USA), 8h38mn15s
  7. Nicolas MARTIN (France), 8h41mn01s
  8. Xavier THEVENARD (France), 8h41mn45s
  9. Thorbergur Ingi JONSSON (Island), 8h47mn24s
  10. Didrik HERMANSEN (Norvège), 8h59mn39s

Les autres Français

11. Fabien ANTOLINOS (France), 9h01mn51s
13. Benoit CORI (France), 9h17mn31s
19. Julien RANCON (France), 9h21mn47s

Par équipe 
*Le classement par équipe se faisait en prenant en compte les trois meilleurs résultats parmi six athlètes sélectionnés.

  1. France
  2. Etats-Unis
  3. Grande-Bretagne

Composition de l’Equipe de France Hommes.- Equipe : Fabien Antolinos, Patrick Bringer, Sylvain Court, Nicolas Martin, Julien Rancon, Sébastien Spehler,
Ne comptant par pour le classement par équipe : Benoit Cori, Ludovic Pommeret, Xavier Thevenard,

IMG_3781
Caroline Chaverot (2e), Nathalie Mauclair (1ere) et Maite Mayora (Esp, 3e)

Femmes

  1. Nathalie MAUCLAIR (France), 9h30mn59s
  2. Caroline CHAVEROT (France), 9h33mn21s
  3. Maite MAYORA (Espagne), 9h39mn36s
  4. Anne-Lise ROUSSET (France), 10h05mn19s
  5. Andrea HUSER (Suisse), 10h20mn31s
  6. Uxue FRAILE (Suède), 10h25mn25s
  7. Maud GOBERT (France), 10h33mn25s
  8. Mimi KOTKA (Suède), 10h46mn09s
  9. Anna STRAKOVA (Rép. Tchèque), 10h46mn56s
  10. Teresa NIMES (Espagne), 10h55mn46s

Les autres Françaises

14. Sarah VIEUILLE (France), 11h02mn11s
16. Stephanie DUC (France) et Aurelia TRUEL (France), 11h16mn18s
32. Sylvaine CUSSOT (France), 11h43mn28s

Par équipe Femmes
*Le classement par équipe se faisait en prenant en compte les trois meilleurs résultats parmi six athlètes sélectionnés.

  1. France
  2. Espagne
  3. Italie

Composition de l’Equipe de France Femmes.- Equipe : Caroline Chaverot, Stéphanie Duc, Maud Gobert, Nathalie Mauclair, Aurélia Truel, Sarah Vieuille. Championne du monde par équipe : France
Ne comptant par pour le classement par équipe :  Juliette Benedicto, Sylvaine Cussot, Anne-Lise Rousset,

Le classement complet des championnats du monde 2015

La galerie photos

1 réaction à cet article

  1. Super reportage , merci , une belle bataille digne de ce nom ! Nos Français on bien joués le jeux, et un grand Merci à / Sylvain Court / qui encore une fois a créé la surprise ! , et confirme ! son talent . Respect aux bleus .

    Répondre

Réagissez