Jérôme Travers : » Je ne peux plus courir uniquement pour moi »

Créateur de l'association des Pompiers Raid aventure, Jérôme Travers, s'était aligné avec six coureurs et trois enfants sur le 177 km de l'ultra Marin du Golfe du Morbihan.

joellette ultra trail du golf du Morbihan

Tout a commencé en 2009, sur le marathon des sables (MDS). « Dans ma tente, j’étais le seul coureur qui ne courait pas pour une association. Je me suis dit « plus jamais ça ». »

Pompier de Paris, Jérôme Travers aime la course à pied, les raids, les ultras… Pendant des années, il court et court, et court encore, jusqu’à cette participation au MDS. Un changement s’opère, une décision est prise. De retour en Ile de France à Meudon La Forêt (92) plus précisément, il décide de transformer l’association qu’il était en train de créer afin de participer à des raids aventure, en association caritative au profit des enfants ou jeunes adultes n’étant plus en mesure de courir.

« Aujourd’hui sur le 177 km, nous étions six coureurs et nous avions trois enfants, sans compter bien sûr les membres qui ont assuré la logistique. Notre principe est simple, nous faisons tourner les enfants et nous ne les prenons pas avec nous la nuit pour des raisons de sécurité. Il faut aussi qu’ils se reposent. De fait, durant ce raid nous étions sans joellette de minuit à 7h du matin. Ca nous fait du bien à nous aussi coureurs. Durant quelques heures, nous pouvons évoluer à notre rythme et nous retrouver ensemble. Ça aide à la cohésion même si lorsque nous avons les enfants c’est plus fort que tout. »

En course, il n’est jamais question de flancher quelle que soit la difficulté. « Ils nous donnent de la force. Comment ne pas aller au bout alors que nous courons pour eux ? »

Sur cette épreuve, Kevin, Arthur et Marjorie étaient de la fête. « Kevin est le plus introverti, il raconte après la course ; Arthur chantait et nous encourageait ; Marjorie est la plus habituée et ne manquait pas de voix, elle aussi. »

Pour Jérôme, il n’est plus question de courir sans une joellette. Tous ses projets de course se font avec les enfants, « jamais sans. Je ne peux plus. Passer la ligne avec eux, c’est plus fort que la victoire de la France lors de la coupe du monde 1998 ! Je ne trouve plus d’intérêt à prendre un dossard pour moi, à lutter contre le chrono, à rechercher la perf. Alors que permettre à ses enfants d’être au coeur du peloton, ça n’a pas de prix ! Ils sont durant plusieurs heures dans un monde sans handicap, vous imaginez ? »

Pendant 40 heures, les six hommes ont souffert pour parcourir les 177 km au programme. Dans les chemins escarpés, les sentiers

joellette ultra trail du golf du Morbihan
Après l’effort, il restait un peu d’énergie aux coureurs de l’association pour assurer le show

étroits, les montées, descentes, il a fallu gérer et, même s’ils ont été capables de répondre à un défi lancé par les danseuses qui assuraient l’animation afin de participer à une battle, les jambes étaient lourdes.

Après plusieurs ultras, le groupe se présentait pour la première fois au départ du Golfe du Morbihan. « Belle course, magnifique parcours, superbe météo même s’il a fait un peu chaud, bon accueil. Après, je m’interroge sur la distance. Pourquoi faire 177km si ce n’est pour répondre à cette demande de toujours plus long ? 110, 120 km c’est possible ici et ce serait toujours aussi beau ! Mais bon ce que j’en dis… Sinon, l’accueil était bien mais je sais que derrière nous, il y a eu des soucis. Des postes de ravitaillements qui rangeaient 1h30 avant la barrière horaire, c’est inadmissible. C’est arrivé pour la deuxième joellette d’une autre association tout comme à tous les coureurs qui étaient derrière. Je sais que le ton est un peu monté, j’aurais fait pareil. Il faudrait aussi revoir le road book (que ce soit pour les coureurs ou les accompagnants, difficiles de s’y retrouver sans indications des kilomètres et localisation précise des ravitaillements, ndlr), on ne savait pas où on était, il n’y avait pas de kilométrage, aux ravitaillements pas d’information. Mettre quelques panneaux ne changerait pas l’esprit (au moins aux postes de contrôle) et nous aiderait bien. Surtout en fin de peloton et fin de course, lorsqu’on s’inquiète des barrières horaires. » Descritiques émises par bon nombre de coureurs. Un manque d’informations assez criant que l’on pouvait aussi retrouver sur le village avec des coureurs recherchant la tente de ravitaillement. Avec l’effort, la lucidité n’est pas forcément au rendez-vous et un petit fléchage n’aurait pas été superflu tout comme de l’eau au niveau de la ligne d’arrivée. Des petites corrections à apporter qui permettraient d’assurer une pleine satisfaction des près de 4000 inscrits (2789 classés).

Durant les prochaines semaines, le groupe fait un petit break avant de reprendre la suite des aventures. Et notamment le défi de Coline, une jeune femme de 25 ans avec une maladie dégénérative diagnostiquée à l’âge de 20 ans. L’objectif ? Réaliser son rêve soit 5 Continents et 5 Marathons. Cette année, il y eut Paris, ce sera New York en novembre, puis Dubaï en 2014. « Après tout dépendra des possibilités de financement mais nous avons choisi les épreuves avec Moshi (Tanzanie) et Sydney. Pour les dates, nous espérons que ce sera entre 2014 et 2015 car malheureusement il faut se dépêcher. »

En dehors de ce projet, on retrouvera les joellettes des Pompiers Raid Aventure, sur les classiques parisiennes et notamment Paris-Versailles, puis certainement sur la Trans-Martinique ou le Guadarun en 2014.

Pour joindre l’association : www.pompier-raid-aventure.com

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