Jean-Sébastien Braun et Véronique Billat, la science au service de la performance.

Jean Sébastien Braun se lance à l'assaut de l'UT4M épaulé par la chercheuse Véronique Billat dans une approche scientifique de l'ultra-trail.

Jean-Sébastien Braun n’est pas un novice dans le milieu de la course à pied, loin de là. Il compte déjà en effet de beaux résultats à son actif lorsqu’il décide de se lancer en ultra-trail. Le marathon de Hambourg en 2008 (3h10mn28s), la Trans’Aquitaine en 2011 (5ème place), la Saintélyon en 2011 et 2013 (7h00mn26s et 7h10mn29s), et surtout trois participations au Marathon des Sables (2010, 2012, 2014) avec à la clé deux tops 10 en 2010 et 2014 et une place de deuxième meilleur français sur ces deux éditions.

Mais depuis ses début en course à pied, il s’entraîne seul, sans conseil spécifiques et avec des méthodes d’entraînement pas toujours très scientifiques et rigoureuses. « J’ai entendu l’expression VMA pour la première au bivouac du Marathon des Sables, en écarquillant les yeux » raconte-t-il. Il décide donc de prendre contact avec Véronique Billat fin 2010 afin d’effectuer des tests physiologiques à Evry (91) dans le laboratoire de cette professeur des universités, fondatrice et directrice du laboratoire de Biologie Intégrative des Adaptations à l’Exercice au sein du Génopole d’Evry.

« C’était un cadre supérieur stressé et qui ne progressait plus dans son entrainement faute d’avoir une bonne méthode,  » explique Véronique Billat. « Il privilégiait la quantité et le kilométrage au lieu de se préoccuper de la qualité de ses séances. » Une erreur récurrente chez les coureurs selon la scientifique. Elle va donc mettre au point un entraînement plus structuré et scientifique afin de faire progresser Jean Sébastien. En 2013, il décide de s’entraîner avec un programme « maison » élaboré selon une méthode bien particulière ! « Je me suis basé sur le programme que Véronique m’avait élaboré précédemment, de ce que j’ai pu trouver dans la littérature sur le sujet, de mon intuition, et de trois pincées de poudre de perlimpinpin, » raconte-t-il dans un sourire. « Résultats garantis…pendant quelques mois seulement avant une fracture de fatigue au tibia et 6 mois d’arrêt… » Le constat est clair, Jean Sébastien Braun a besoin d’une professionnelle. Il reprend donc l’entrainement fin 2013 en suivant les consignes de Véronique Billat. Un travail qui va s’axer principalement sur la gestion de course et le dosage de l’effort, ses points faibles à l’époque.

Avec un objectif principal, une première participation à l’UT4M (Ultra Tour des 4 Massifs) le 22 août 2014, qui constituera son premier ultra-trail (160 km et 10 000 m de dénivelé positif) et qu’il aborde avec beaucoup de sérieux. « Je vais aborder cette course le plus sérieusement possible, mais en essayant humblement d’apprendre le plus de choses pour les éditions à venir. Cette année est pour moi l’année zéro dans l’ultra de montagne. L’objectif est donc surtout d’apprendre, de comprendre et peut-être de finir la course… »

Une collaboration bénéfique

Avant de rencontrer Véronique Billat, Jean Sébastien avait contacté de nombreux entraîneurs mais il a vraiment été séduit par l’approche scientifique qu’elle lui proposait. « Véronique est vraiment une pure scientifique, à la pointe de la recherche dans la physiologie de l’effort, et ses travaux, dont je ne comprends qu’une fraction, sont passionnants. J’avais donc envie, de la suite en plus du bénéfice personnel de participer modestement à ces recherches de laboratoire. Je suis la souris en quelque sorte! » explique-t-il en souriant. L’autre point positif de cette approche, c’est la personnalisation totale des entraînements puisque ces derniers sont établis sur la base de protocoles de tests très précis (fréquence cardiaque lors de différents types d’effort, gaz exhalés, lactates…) et d’analyse de ces données.

Test JS Braun - Billat trainingJuin 2014 Herbeys - Chamrousse

« Je commence toujours par un audit énergétique avec analyse du débit sanguin, et de de la force musculaire du coureur qui est pour moi le facteur le plus important de la performance, » commente Véronique Billat. La musculation est primordiale et elle peut s’effectuer de manière très simple en trail urbain ou dans des escaliers par exemple, pas besoin d’exercices compliqués. » Un travail musculaire couplé à un travail sur la posture afin d’optimiser la foulée du coureur et d’utiliser au mieux sa force. Si on résume la course pied selon Véronique Billat, on en revient toujours aux principes basiques de la mécanique et donc à une approche scientifique. Un exemple très simple illustre parfaitement cela à ses yeux. « On voit souvent des coureurs marcher lorsqu’ils sont fatigués ou dans des portions à fort dénivelé. En marchant, ils perdent tout le bénéfice de l’élasticité de leur foulée qui découle du rebond du pied sur le sol. Il vaut donc mieux courir très lentement que marcher mais sans l’éclairage scientifique, très peu de personnes le savent et l’appliquent. » Une approche scientifique qui permet un travail beaucoup plus qualitatif avec des temps d’entraînement réduits et qui diminuent d’autant les risques de blessures.

Attention pas de miracle tout de même précise Jean-Sébastien Braun « Les séances sont très intenses quand, il ne faut pas espérer de miracle en dilettante. Mais disons que le temps de l’entrainement est vraiment optimisé pour un résultat maximal. A titre personnel, cela me permet de voir grandir mes enfants et tant pis s’il faut chausser ses baskets quand ils sont endormis! »

Une gestion spécifique de l’UT4M

Pour préparer au mieux l’UT4M, Véronique Billat s’est penchée sur la gestion de course. Elle peut en effet, sur la base des données recueillies lors des séances d’entraînement de montagne (Jean Sébastien Braun s’entraîne près de Laruns dans la Vallée d’Ossau), calculer précisément un « plan de course ».
Pour cela, elle a mis en place un protocole précis qui consiste, pour le coureur, à décrire ses sensations lors des séances d’entrainement avec des termes simples tels que facile, moyen, dur ou très dur (échelle de Borg / RPE). Des sensations qui sont ensuite reliées à des réalités physiologiques sur la base des données collectées à l’entrainement (dénivelé, vitesse, rythme cardiaque…). Elle peut alors calculer la course idéale et fournir au coureur un plan de course avec pour repères ses sensations. « Le but est de permettre au coureur de mieux se connaitre afin qu’il adapte lui même sa course en fonction de ce qu’il ressent. J’essaye vraiment de tendre vers une logique d’auto entrainement dans laquelle le coureur est à l’écoute de son corps et de ses sensations » précise Véronique Billat.

Une aide personnalisé pour les inscrits UT4M Dans le cadre de sa collaboration avec les organisateurs de l’UT4M, Véronique Billat propose à tous ceux et celles qui disposent d’un dossard une analyse gratuite de leurs fichiers Garmin. Elle fournira en retour gratuitement des conseils adaptés.

Mais la chercheuse ne laissera pas Jean Sébastien courir seul puisqu’elle sera présente tout au long du parcours afin d’adapter si besoin les consignes de course. Elle mettra également en place les ravitaillements de son coureur, calculés au mieux selon ses dépenses physiques et ses besoins. L’approche scientifique toujours!

C’est donc un beau défi qui attend Jean Sébastien Braun sur une course qui ne l’est pas moins. « La course est plus jeune que l’UTMB, mais le profil de l’UT4M n’a rien à lui envier, au contraire. Elle est plus accessible tout en étant aussi exigeante, et la succession des massifs devrait également nous offrir des paysages grandioses. Et ça me donne l’occasion de voir Véronique. Bref, on va voir comment ça va se passer, mais il se pourrait que je devienne un habitué… » conclu-t-il dans un sourire.

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