Inside le marathon de Paris, le 15 avril 2012

Gabriel, stagiaire à la rédaction de lepape-info avait carte blanche pour nous raconter « son » marathon de Paris en tant que journaliste. Récit d’une journée particulière.

Après un réveil hâtif en ce dimanche 15 Avril, c’est dans le froid et un vent glacial de face que je me dirige vers ma gare de RER. Il est tôt, mes yeux sont encore engourdis par ma sortie nocturne de la veille mais rapidement, la fatigue laisse place aux nombreuses espérances : c’est la première fois que j’assiste à la course du Marathon de Paris. Une épreuve hautement symbolique. Tous les coureurs chevronnés y participent ou y ont participé par le passé ou rêvent d’y participer mais je ne m’imagine pas encore l’ampleur de ce qui m’attend.

Il est 7h25, la tension est palpable. On sent sur les visages la pression ressentie par les coureurs.

Des regards fermés et des casques vissés à la manière des joueurs de l’Equipe de France de football à la sortie de leur bus de Knysna, c’est le spectacle qui m’est offert dans le wagon du train ZUCO à Nogent-sur-Marne en partance pour Charles de Gaulle Etoile.
Aller au bout tout simplement
En face de moi, j’assiste à une scène un peu particulière : un père de famille et ses enfants tentent de remobiliser la maman stressée en jouant le rôle de préparateur physique en mettant en place un court échauffement dans le wagon.
Des conseils sont donnés, une tactique de course est mise en place, mais le mot d’ordre et le conseil qu’il prodigue est de prendre du plaisir et d’aller au bout, tout simplement !
Car là est l’objectif principal pour les 40 000 coureurs qui se préparent à affronter ces 42,195 kilomètres : gérer leur course pour goûter à la sensation ultime d’avoir atteint la ligne d’arrivée.
Lors de mon arrivée aux pieds de l’Arc de Triomphe, l’ambiance festive et décontractée contraste avec la vision purement sportive que j’avais de l’événement. Les visages éteints laissent place au plaisir d’être là même si on sent toujours l’appréhension. Je me fraie un chemin assez difficilement vers la zone presse et admire ce climat en ébullition. Des chants sont entonnés, des drapeaux-mats ont été confectionnés pour l’occasion, des échauffements dansants improvisés se mettent en place dans une bonne humeur ambiante.
Inside le marathon de ParisLe speaker amène lui aussi une touche de folie. Et c’est après avoir demandé aux coureurs de lever les bras que je me rends compte de l’ampleur de l’événement.
A 8h35, dans une ambiance tonitruante emmenée par le tube « Think » d’Aretha Franklin, le coup de feu fait partir en trombe la course handisport.
A 8h45 précise, le départ est donné, pour les « fusées ». L’Elite entre en scène sous les acclamations du public et le crépitement des flashs des photographes qui se sont amassés pour l’occasion.
Après le départ des SAS successifs, je retourne dans le métro pour rejoindre le point ravitaillement du Trocadéro non loin du kilomètre 30 pour y recueillir quelques impressions.
Des bénévoles en place depuis 5h du matin
De nombreuses personnes se sont amassées dans la bouche de métro de la ligne 1 direction Vincennes, pour continuer de suivre le parcours de leur proche et sont désabusées en apprenant qu’une « une panne de nature inconnue » est à signaler et les empêchera de parvenir à leurs fins.

Me voici néanmoins au Trocadéro. A peine arrivée, les premières lueurs du soleil font leur apparition, la trentaine de bénévoles mobilisée y voit là un signe de réjouissance et l’espoir de se réchauffer un peu.

Ils sont sur place depuis 5h du matin pour organiser ce point ravitaillement fondamental avant « la dernière ligne droite » ! C’est grâce à leur générosité et à leurs efforts que cet événement populaire et sportif prend tout son sens.

Inside le marathon de Paris
Marie-Laure, Georges et Alain

J’ai à peine le temps de prendre la température avec ces hommes et ces femmes de l’ombre, (pour la majorité des habitués de l’organisation) : les coureurs Elite dépassent à grandes enjambés ce ravitaillement, sans prêter réellement attention aux bouteilles d’eau qui leur sont tendues. « Jacques, pousse toi de la rue tu les gènes » crie Sylvie à son mari qui lui répond « j’ai couru 12 fois le marathon je sais ce que je fais, ils ont besoin de moi ! ».

Le bruit assourdissant de l’orchestre franco-brésilien est là pour apporter de la couleur en continue, tandis que le ciel lui, alterne entre grisaille et éclaircie. Le public n’hésite pas à donner de la voix et à encourager des coureurs qui sont dans le dur, « Allez Stef, t’y es presque, les 3h30 sont juste devant ! » hurle Magalie une Savoyarde venue spécialement d’Annecy pour encourager ses collègues. Enfants, papys et mamies, mamans et papas ou simples passants applaudissent, « c’est ça la grande fête du marathon » me dit alors Jacques tout fier de contribuer à cette belle aventure.

« Ils n’ont qu’à courir au bois de Boulogne »

Il est maintenant 11h45, le peloton continue à s’effiler progressivement, je suis la direction de la course, sur l’avenue de Versailles pour goûter encore un peu plus à l’atmosphère qui règne dans ce quartier si calme habituellement.

Janine et Norbert habitants du quartier marmonnent : « Oh ils nous ennuient chaque année, ils ont qu’à courir dans le bois de Boulogne, ils vont me faire rater mon émission ». Je lui rappelle que c’est une fois dans l’année et que ce genre de course amène de la vie et une certaine fraîcheur dans notre quotidien habituel.

Après avoir déambulé longuement en n’hésitant pas, moi aussi, à me prêter au jeu, à donner de la voix et à encourager tous ces coureurs venus de divers horizons, je conclus mon intense matinée en reprenant le métro. Dans le même temps, Guy exténué et victime d’une contracture s’installe en face de moi, déçu.

Je fais moi aussi mon retour au calme. J’ai des souvenirs plein la tête, des anecdotes à la pelle. Une joie certaine est en moi. Je ressens une envie particulière : celle de revenir l’an prochain mais peut-être pas stylo en main… Pourquoi ne viendrais-je pas en tant que coureur ? Demain, je m’achète des runnings et j’attaque l’entraînement !

Texte et photos Gabriel Anoufa

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