Au coeur du Schneider Electric Marathon de Paris, le 3 avril 2016

Mon premier Marathon…

Après deux tentatives avortées, Pierre-Yves a pris le départ de son premier marathon de Paris. 42,195 km plus tard, il est désormais finisher de cette course mythique avec un chrono de 2h42mn. Récit.

Marathon Paris 2016

Septembre 2015

Je décide de m’inscrire pour la troisième fois au Marathon de Paris. Les deux premières fois j’ai du renoncer après 1 mois et demi de préparation, faute à des déchirures aux mollets (trop fragiles et surtout trop douloureux). Cette fois-ci je suis bien décidé à être vigilant, et j’oublie le dicton qui dit : jamais deux sans trois.

J’attaque donc début janvier ma préparation sur 3 mois. Une fois n’est pas coutume, au bout de 1 mois et demi d’entrainement revoilà ce fameux proverbe qui dit toujours : trois après deux ou après la pluie vient le beau temps…bref je m’y perds un peu. Lors d’une séance de fractionné sur  piste avec un ami, je ressens une violente douleur dans le mollet . Verdict sans appel : 1 mois sans courir .

Me revoilà mi mars et de nouveau opérationnel pour courir. Que faire ? On m’avait dit :  » Te pose pas trop de questions . Tu sais petit, c’est la vie qui répond «  et c’est surement pas Patrick qui me contredira. C’est décidé, il me reste moins d’un mois avant le départ de cette fameuse course . Mais cette fois-ci, quoiqu’il arrive, je serai au départ. Je prends donc en cours la préparation que mes amis enchaînent depuis maintenant plus de deux mois. J’effectue deux semaines complètes d’entraînements (105 et 110 kilomètres dont 2 sorties longues de 32 km).

Je ne sais pas trop : et si vous le saviez vous auriez pu m’en parler. Sur quel objectif partir ? Etant toujours aussi bien servi que par soi même je me dis : « si tu arrives à faire 2h45 tu seras satisfait ». La veille (et non la vieille car pas sûr quelle puisse courir un marathon), je rejoins mes trois amis, afin d’effectuer un briefing de course et d’organisation. La préparation quasi militaire ferait, j’en suis sûr, presque rougir nos généraux et stratèges militaires.

Après une étude minutieuse sur la dépense énergétique pour un marathon :« alors c’est pas compliqué tu perds 30mlg de glucides toutes les heures si toutes les 300 secondes tu en consommes 22 et que tu en retiens 4.. ». Bref j’ai perdu rapidement le fil de notre mathématicien coureur Aurélien.  Je respecterai donc bêtement ses précieux conseils sur l’hydratation pendant le marathon. Nous avons positionné des proches à trois points du parcours afin d’être ravitaillés durant la course.

 

Dimanche 6 avril 2016 à 6h00

Après une nuit un peu agitée, je prends un petit déjeuner relativement léger : quelques tranches de pain complet avec de la confiture et un café grand-mère avant de retrouver mes trois amis à Versailles. Et nous voilà partis, direction l’avenue Foch en deux roues. La météo est douce et le temps semble être une fois encore de la partie. Je crois que les organisateurs doivent brûler plusieurs cierges, car à chaque fois, il fait relativement beau sur le marathon de Paris.
Je suis impatient de courir, de me trouver sur la ligne de départ et surtout de découvrir ce fameux mur des 30. C’est peut être un peu prétentieux mais je ne crains absolument pas cet obstacle. Je l’attends même et je suis prêt à l’affronter tel un combattant sur un ring de boxe. Impatient de savoir comment mon corps de jeune vétéran va réagir.

Après une légère mise en gambettes de 15 minutes nous pénétrons dans le sas préférentiel. Juste derrière celui des élites. Les visages sont tendus et la douce odeur de camphre, mélangée à la sueur, embaume mes naseaux. Pas de camphre pour nous mais plutôt une bonne dose de vaseline pour éviter tous les frottements. (poitrine, aisselles et autres roulements à billes plus intimes…).

8h45 le départ est donné et me voilà parti pour mon premier marathon à bientôt 40 ans. Je suis très concentré sur mon allure de course. Je sais que je dois courir à une vitesse de 3’55 au kilo. Je suis impressionné par l’ambiance autour de moi, et après quelques échanges avec d’autres coureurs sur nos allures, je reste concentré sur la mienne. Certains m’annoncent vouloir terminer en 3h15mn …

– « Mon dieu mais que faites vous là ? Vous êtes sur des bases de 2h45 » 

– « Pour le moment je me sens bien, puis je rester avec vous me demande t –il ? »

– « Faîtes comme vous voulez, mais un marathon se joue au 30 km seulement, pas avant . »

L’heure matinale n’a visiblement pas effrayé les spectateurs venus nombreux sur la rue de Rivoli. Certains ne semblent pas très frais et, visiblement, semblent finir leur nuit un peu trop arrosée. L’entente entre athlètes est à ma grande surprise plutôt bonne. Et les clubeurs licenciés au « Paris vodka club » n’hésitent pas à donner du peu de voix qui leur reste pour  encourager  les coureurs. Je ne suis pas certain qu’on les retrouve à l’arrivée

Tel un métronome quasi parfait, j’enchaîne les 10 premiers kilomètres sans fausse note. Je me laisse doubler par certains coureurs, tandis que d’autres semblent déjà à bout de souffle. Premier ravitaillement au niveau du château de Vincennes. Grâce au briefing de la veille, je savais où se trouvait exactement le frère d’un ami, qui, vêtu d’une chasuble jaune, est prêt à assister un coureur en détresse et m’attendait avec une bouteille d’eau ainsi qu’un gel, scotché à celle-ci. Gel que j’avais préalablement découpé la veille, car durant les essais effectuées dans les sorties longues, je trouvais que celui-ci était parfois dur à ouvrir.
La traversée du bois de Vincennes n’en finit pas, mais je commence à rattraper certains coureurs partis bien trop vite. Je fais un bout de chemin avec un couple d’anglais qui passe leur temps à discuter. Visiblement en surrégime the lady dit « slowly »à plusieurs reprise à son boyfriend.

L’entrée à nouveau sur Paris en impressionnante. La foule des spectateurs nous acclame  Ils scandent mon surnom écrit sur mon dossard. Un peu comme un coureur du Tour de France montant l’Alpe d’Huez, je me sens pousser des ailes. Toujours concentré sur le chrono qui m’indique l’allure à chaque kilomètre, la descente vers le 20ème km se fait un peu plus rapidement. Puis j’enchaîne la remontée sur Bastille, sans réelle difficulté. Je n’entends pas siffler le train, mais plutôt la douce voix d’une amie venue m’encourager.

Le semi en 1h22mn

Je passe la mi-course en 1h22 et des brouettes. Je regrette qu’Aurélien ne soit pas là pour m’aider mais après un savant calcul, je me conforte dans l’idée que l’objectif de descendre sous la barre des 2h45 est envisageable. Je me sens parfaitement bien et, tout en restant prudent, mon allure augmente : de 3’55 au kilo à 3’48. Je n’ose pas aller plus vite car je sais que mon adversaire du jour (the wall) m’attend un peu plus loin.

Le second ravitaillement est prévu au 25 km. Ma famille, venue me supporter, m’attend avec la seconde bouteille d’eau ainsi que le gel. Heureux de les voir, j’esquisse un  sourire ainsi qu’un petit geste amical signifiant que tout va bien pour le moment. Passage sous le long tunnel de Châtelet où règne une ambiance « zen attitude ». La déco spa, massage et détente nous accompagnedurant les quelques mètres du souterrain. Ne prenant aucun détail à la légère les organisateurs ont même pris le soin de diffuser une odeur d’eucalyptus.

Voici que se profilent les premières difficultés du circuit avec les sorties successives des tunnels. Il est vrai que dès que ça monte, l’allure chute rapidement de plusieurs secondes Heureusement que les spectateurs venus nombreux nous soutiennent. Le 30 ème kilomètre se profile. Symboliquement les organisateurs ont érigé un grand mur de part et d’autre de la chaussée. Enfin, je vais pouvoir me mesurer à mon adversaire du jour. Au fur et à mesure que les kilomètres avancent, les jambes sont un peu moins fraîches, même si mon allure de 3’45 est toujours régulière depuis plusieurs kilomètres.

Finisher en 2h42mn

Alors que certains tapent la balle sur ma droite au niveau de Roland Garros, il est temps pour moi de récupérer mon dernier ravitaillement. C’est agréable de voir les têtes connues et d’entendre les derniers encouragements. Cerise sur la tarte aux fraises, un ami va même m’accompagner pendant 2 km.

Passage au 35ème et la petite montée qui pique réellement les jambes. Mentalement je m’étais préparé a cette fameuse montée. Je savais qu’une partie de la course allait se jouer là. Je commence à être dans le dur, mais je ne fais que remonter les concurrents, dont certains commencent à ressembler à des pantins un peu désarticulés. Je double même quelques coureurs élites et ne peux m’empêcher de jubiler d’être devant eux.

Il ne me reste plus que 3 km à effectuer et je suis maintenant dans le dur. Enfin j’y suis ! Enfin mon adversaire du jour pointe le bout de son nez et me décroche directement un uppercut au niveau des mollets (il actionne le bouton de mon souffle afin d’augmenter celui-ci et finit par me mettre un bon direct dans  les ischios –jambier). Les crampes se font sentir, mais je m’accroche. Dès que je les sens monter, je ralentis, l’espace de 2 ou 3 foulées, afin que celles-ci s’effacent. Je suis à la bagarre avec moi même, mais j’adore cette sensation. Je m’accroche pour rester dans l’allure. La dernière ligne droite se profile, le chrono au loin, la foule, les bruits, le tapis vert, la douleur… ça en deviendrait presque jouissif.

Enfin, je franchis la ligne d’arrivée de mon premier marathon en 2h42. Heureux et satisfait de ma gestion de course : je suis  FINISHER du marathon. Le marathon est une course vraiment particulière. J’ai eu de la chance d’avoir  accès aux précieux conseils de mes proches qui avaient déjà une certaine expérience sur cette distance. Le moindre détail est important. La préparation matérielle et mentale est tout aussi précieuse que la préparation physique.

Courir cette 40 ème édition du marathon de Paris dans l’une des plus belles ville du monde restera un beau souvenir sportif. J’ai vraiment pris mon pied car si j’avais pris le votre, vous vous en souviendriez…

Réagissez