Au cœur du Cross du Mont-Blanc, le 30 juin 2012

François, 66 ans, 34 éditions à son actif

Depuis 1979, les coureurs se passent le mot : courir le Cross du Mont-Blanc est une vraie expérience. Ce n’est certainement pas François Tinjod qui va le démentir. Il a couru toutes les éditions, dont la 34ème, ce samedi 30 juin 2012.

François Cross Mont Blanc 2012

Ils sont donc environ 1 500. Certains à trottiner sur place. D’autres à lever les bras pour mettre de l’ambiance. D’autres encore, peut-être, à savourer leur première participation au Cross du Mont-Blanc… sans forcément se douter que « quand on y a goûté, on est obligé de revenir ». C’est François qui le dit. A 66 ans, lui aussi est sur la ligne de départ ce samedi 30 juin 2012. Comme l’année dernière. Et celle d’avant. Et… comme, en fait, lors des 33 précédentes éditions. Depuis que le Cross existe, François l’a toujours couru. « J’avais 33 ans pour le premier. On s’était dit « pourquoi pas ? » avec des copains. Je suis toujours là, alors que beaucoup de mes copains se sont mis au vélo ! »

Au moment de prendre son 34ème départ, François se souvient encore très bien de sa première fois. « La course avait été très dure. Je ne m’étais pas beaucoup entraîné. Arrivé aux escaliers de Planpraz, je n’arrivais plus à monter les marches ».

Le parcours du cross n’a pas toujours fait 23 kilomètres, l’arrivée n’a pas toujours été jugée au même endroit, mais François l’affirme, le plaisir est intact au fil des années. Lui qui se dit bien moins en forme avec le poids des années, continue de s’entraîner trois à quatre fois par semaine, mais uniquement en montagne, plus sur route. Et c’est avec un grand sourire qu’il se fond dans la foule de concurrents, à 8 heures 30 précises.

Après cinq kilomètres, on retrouve celui qui a un record personnel à 3h14 sur marathon, à Lavancher, à la sortie d’un bois. Plutôt frais et assurément souriant, il est confortablement placé au sein d’un peloton encore très nourri et compact.

François Cross Mont Blanc 2012Au premier ravitaillement, à Tré-le-Champ, l’ambiance est bon-enfant. « Et après, elle fait quoi maman ? », demande un jeune fils à son papa sur le bord de la route. « Après, elle continue à courir dans la montagne, jusqu’à l’arrivée ». Nous sommes environ à mi-parcours, et les quelques gorgées d’eau offertes par les bénévoles sont les bienvenues. Les coureurs défilent à travers le hameau. Ici Guillaume en profite pour immortaliser la vue sur le Mont-Blanc sur son téléphone portable. Là Jean-Claude reçoit le bisou de son épouse avant de repartir à l’assaut de la montagne. Souvent, les participants se retrouvent entre copains. « On repart ensemble ? » « Oui, mais tranquillement ! » Il y a aussi Sandrine qui cherche son tube d’Arnica pour son copain Yves qui est tombé un peu plus tôt. Et puis… soudain, François surgit. A peine le temps de lâcher un « ça va bien, merci », et d’avaler un verre d’eau, qu’il repart.

Avec l’expérience, il sait qu’il va maintenant falloir dompter la montée vers la Flégère. « Le passage le plus difficile », selon lui, avec les dernières centaines de mètres pour gagner l’arrivée. « Vraiment terribles ». D’ailleurs, durant ces ultimes minutes avant la libération, certains coureurs marchent. D’autres grimacent à cause des crampes. Ou trouvent des ressources insoupçonnées pour se remettre à courir. Il y a également ceux qui bénéficient du soutien de leurs proches, qui les prennent pas le bras ou les poussent dans le dos. Et puis il y a le public, qui applaudit inlassablement et félicite les participants grâce aux prénoms inscrit sur les dossards.

François Cross Mont Blanc 2012C’est d’ailleurs sous les applaudissements que François franchit pour  la 34ème fois de sa vie la ligne d’arrivée du Cross du Mont-Blanc. Après environ 4h20 d’effort. « C’est mon pire temps, lâche-t-il dans un grand sourire. Elle est loin l’époque où je l’ai couru en 2h30. Mais ce n’est pas grave, ce qui compte c’est d’être là. Il faut savoir accepter la vieillesse. Et c’est formidable avec cette vue sur le Mont-Blanc et les Aiguilles ».

Et de conclure : « Je serai là l’année prochaine avec plaisir ». Pour saisir une nouvelle fois sa chance de revoir en peine vallée les gentianes et autres rhododendrons qui continuent de réjouir, année après année, cet ancien fleuriste.

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