Au coeur de l’endurance trail (Millau, 12), le 23 octobre 2015

100 km et 4 3000 mètres de dénivelé positif, tel était le programme de cet Endurance Trail 2015 dans le cadre du festival des templiers. Jean-François Mathot y était et nous raconte sa course.

Jeudi 22 octobre 2015. Je prends la route pour mon pèlerinage annuel. Je vais retrouver la petite ville de MILLAU. Nichée au bord du Tarn, elle accueille depuis 2010 le Festival des Templiers, sous l’œil bienveillant du « Puncho d’Agast ».

Après avoir couru les 14 dernières éditions de la course des Templiers, cette année, je me suis inscris à l’Endurance Trail, épreuve qui a lieu le vendredi et qui lance le week-end du Festival.

Nous arrivons dans la capitale de la ganterie sur le coup de midi, déjeunons puis nous allons retirer mon dossard au salon du trail. Il me semble qu’en termes de dotation, nous avons été particulièrement gâtés cette année. En effet, nous avons droit à un très beau coupe-vent, des manchettes, un Buff, une paire de chaussette et aussi un très joli livre sur les Causses. Durant la visite du salon, c’est avec un grand plaisir que je retrouve mes amis Basques, organisateurs de l’Euskal Trail. Nous partageons un bon moment, puis je retrouve mon ami Jean-Marie qui participe également à l’Endurance Trail.

Ensuite, nous prenons la direction de notre lieu de villégiature pour ce long week-end. Il s’agit de l’Etape de DOURBIES qui se situe dans le village du même nom. Un excellent repas sportif nous y attend. Le réveil étant prévu à 2h00, pour un départ de la course à 4h15, je ne traîne pas pour rejoindre les bras de Morphée !

Vendredi 23 octobre 2015. La nuit a été excellente ! Jean-Marie et moi-même prenons un petit déjeuner rapide, mais consistant. Nous prenons ensuite la direction de MILLAU pour rejoindre la ligne de départ. Nous y retrouvons Laurent, un ami de Jean-Marie. C’est, comme pour la course des Templiers, au son « d’Ameno » d’ERA et à la lueur rougeoyante des flambeaux que nous prenons le départ. Nous sommes pas mal placés, mais je tiens à m’extirper du gros du peloton avant d’attaquer la première difficulté. Et après environ trois kilomètres de bitume, nous rejoignons le village de CARBASSAS et sa grosse montée qui nous font accéder au plateau du Causse Noir. Je gère cette ascension tranquillement, ainsi que la descente qui nous amène aux villages de PAULHE, AGUESSAC et COMPEYRE. Cette portion est assez roulante jusqu’au premier ravitaillement de RIVIERE SUR TARN. Mes derniers entraînements m’ont fait comprendre que la forme était là. Je sais aussi que la course sera longue et je cours très relâché en étant sur la réserve dans les descentes.

RIVIERE SUR TARN (18.2 km – 685m positif – 1h51’ – 72ème) – Ravitaillement express, je fais le plein des bidons et je mange une barre en sortant. Je suis serein, les jambes tournent bien et j’ai bien géré cette première section. La suite est encore assez facile. Ce n’est qu’après le village de BOYNES que l’on aperçoit la deuxième difficulté de la journée. En effet, il me semble que les frontales que je devine, sont bien hautes dans le ciel étoilé ! J’arrive au pied de la montée et je décide de sortir les bâtons. Je ne regrette pas mon choix. Arrivé en haut on serpente sur un petit single à travers les buis. Ce petit chemin va me faire redescendre tranquillement sur le deuxième ravitaillement de MOSTUEJOULS.

MOSTUEJOULS (34.4 km – 1416m positif – 3h51’ – 71ème). Là encore, je ne m’attarde pas, je fais le plein des bidons et je mange une barre en repartant. Je suis toujours bien et je gère toujours très bien ma progression. Il fait jour maintenant et je range ma frontale, en espérant ne plus en avoir besoin. Sur cette troisième partie, on a encore une belle bosse à passer avant d’arriver au ravitaillement du village nommé LE ROZIER. Je suis toujours bien et je pense à bien m’hydrater, ce qui me vaudra de nombreux arrêts, et à bien m’alimenter. Les jambes sont toujours là et le rythme est bon.

LE ROZIER (43.7 km – 1892m positif – 5h10’ – 66ème). Troisième ravitaillement et toujours le même rituel avec le plein de liquide et l’ingestion d’une barre. Par contre, celle que je viens de prendre est du genre « étouffe-chrétien ». J’aurais dû la tester avant, tant pis pour moi ! J’ai bien étudié le profil et les cartes IGN du parcours, et je sais que la section que j’entame risque d’être un peu technique, mais pour moi sans trop de dénivelé. Alors là, je me suis bien trompé ! Ca n’est pas technique, c’est très technique, voir casse-pattes ! Et du dénivelé, il y en a plus qu’un peu ! On monte dans des petites cheminées d’une vingtaine de mètres, puis on redescend par le même type de cheminées. C’est incessant, mais c’est magnifique ! On est sur le bord des corniches et on entend le cri des vautours, tout cela sous un magnifique soleil et dans des couleurs automnales d’une rare beauté ! C’est quand même bien passé, mais je pense y avoir laissé un peu de jus et c’est avec plaisir que je vois arrivé le point d’eau de LE TRUEL.

LE TRUEL (52.3 km – 2501m positif – 6h27’ – 65ème). Depuis le début de la partie technique précédente, je chemine avec un jeune coureur. Nous avons sympathisé et nous progressons sur un même rythme. Nous faisons le plein d’eau et repartant ensemble en direction du quatrième ravitaillement. La mi-course est passée et les sensations sont bonnes. Les jambes n’ont encore pas pris trop de jeu, donc tout va bien. C’est encore une belle montée qui se profile devant nous. Elle passera sans trop de problème, disons en mode gestion, car je sais qu’après on sera sur le Causse et que les pistes seront larges et belles. Cependant, je commence à marcher un peu plus sur les faux plats montants. J’arrive à ST-ANDRE DE VEZINES. J’y retrouve ma femme Brigitte, ainsi que Nanouk, l’épouse de Jean-Marie et mes amis Basques qui sont aussi présents. Tout ce beau monde me donne un coup de « boost », même si je n’en avais pas encore forcément besoin, mais c’est tellement agréable de retrouver ceux qu’on aime !

SAINT-ANDRE DE VEZINES (63.4 km – 3012m positif – 8h03’ – 59ème). Je prends un petit peu plus le temps pour me ravitailler. Après avoir fait le plein des deux bidons, je repars en marchant, en mangeant quelques morceaux de banane et en discutant quelques dizaines de mètres avec Brigitte. Peu avant l’arrivée à ce ravitaillement, j’ai perdu mon compagnon de course. Tant pis, je continue seul en direction de PIERREFICHE où se situe le prochain ravitaillement. Le profil est plutôt descendant par un magnifique sentier en balcon qui nous amène au point d’eau de LA ROQUE SAINTE-MARGUERITE. Le prochain arrêt au stand n’étant pas très loin, je n’ai pas besoin de recharger en liquide et je traverse le pont sur la Dourbies. J’attaque la montée, que je connais bien car depuis ST ANDRE DE VEZINES, on est sur le parcours commun à la Course des Templiers. Dans cette côte, alterne le raide et le plus roulant. La fin étant plus dure, mais avec les bâtons, ça passe plutôt bien et j’arrive encore relativement bien au ravitaillement de PIERREFICHE.

PIERREFICHE (74.1 km – 3352m positif – 9h35’ – 60ème). Là, comme sur le ravitaillement précédent, je me pose un peu plus longtemps. J’ai faim et je mange des crêpes, qui sont excellentes par ailleurs. Je bois également quelques verres d’eau gazeuse. Je sors, refais le plein des bidons et repars. Même si je sens que le physique commence à décliner, le moral est bon. Je sais que la section qui arrive va être longue et compliqué. C’est ce qui se passe d’ailleurs. Alors, je fais du « Cyrano ». J’alterne le plus souvent la course lente sur le plat et les descentes, la marche dans les montées et la marche rapide sur les faux plats montants. Je mange et bois le plus régulièrement possible. La section s’avère interminable et j’ai l’impression que l’on ne va jamais redescendre dans la vallée. Et pourtant, je suis en terrain connu. Finalement, on arrive à un point de contrôle.

Grandcamp (86.5 km – 3859m positif – 11h41’ – 67ème). Il reste maintenant à descendre sur le point d’eau de MASSEBIAU. Encore une fois, je trouve ça un peu long, mais finalement, j’arrive dans le village. Il était temps, car je n’avais plus rien à boire !

MASSEBIAU (91.1 km – 3889m positif – 12h26’ – 67ème). Je m’arrête remplir mes deux bidons au point d’eau et je repars dans ce qui l’ultime grosse difficulté de la journée, mais sans doute aussi la plus dure. Je le sais, je la connais, mais encore une fois, je n’ai aucun doute. En plus, une bonne surprise m’attend à la sortie du village. Je retrouve Brigitte et Nanouk. Brigitte m’accompagne un peu dans la montée. Elle est vraiment raide cette dernière côte, mais je suis régulier et j’avance sans m’arrêter. De toute façon, il ne peut plus rien m’arriver. Puis, j’arrive sur le replat, dans la forêt où je retrouve une piste qui m’amène rapidement au dernier ravitaillement.

LE CADE (94.4 km – 4348m positif – 13h24’ – 66ème). Ravitaillement plaisir, je m’enfile plusieurs tartines de Roquefort et rempli une dernière fois les bidons. Contrairement à la Course des Templiers, on ne redescend pas. On reste sur la partie haute du Causse, ce qui nous amène assez facilement sur le nez du « Puncho d’Agast ». Ensuite la descente est plutôt technique dans le bois, puis il faut légèrement remonter pour arriver à La Grotte du Hibou. Je traverse le boyau, puis entame la dernière descente, très technique au début, puis facile ensuite jusqu’à l’arche d’arrivée.

MILLAU (100.4 km – 4408m positif – 14h22’16’’ – 69ème – 5ème HV2). Au final, j’aurais vécu une très belle aventure au cœur des Causses. J’aime cette région et le parcours proposé était de toute beauté. Quand s’ajoute à cela un déroulement de course parfaitement maîtrisé et avec une bonne performance qui n’a fait que confirmer le bel état de forme que je ressentais, c’est magique !

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