Au coeur de la XL Race (Annecy, 74), les 30 et 31 mai 2015

Pendant les championnats du monde de trail qui se sont déroulés le 30 mai 2015 et marqué par les titres de l'Equipe de France, de nombreuses courses open dont la XL Race qui offre aux coureurs d'emprunter le parcours de la Maxi-Race en deux jours soit toujours 86 km et 5 300 m D +. Virginie Govignon s'y est imposée et nous raconte sa course.

team Garmin adventure

Vendredi 29 mai, il est 8 h.

Alors que j’allais démarrer mon véhicule pour rejoindre Annecy, Christophe, interne au sein de l’équipe Rythmologie et Insuffisance cardiaque du pôle Cœur-Poumons du CHU de Montpellier, m’appelle. Les résultats du rapide bilan, réalisé le mercredi 27 mai 2015 soit trois jours avant la course sous les recommandations d’un cardiologue andorran (échographie, test d’effort, ECG de repos et d’effort) avec le port d’un Holter (dispositif portable permettant l’enregistrement en continu de l’électrocardiogramme pendant 48 h) et la réalisation d’un entraînement exigeant, sont plutôt rassurants.

Le responsable du service me le confirme par email :« Votre Holter montre : 300 extrasystoles auriculaires isolées sur 48 h, 6 extrasystoles ventriculaires isolées […] Rien d’inquiétant donc pour une athlète comme vous, que des choses banales. A votre place, je ferai la course, tenez-moi au courant. Docteur Stéphane CADE. »

En fait, voilà un mois que mon cardiofréquencemètre me montre des enregistrements inquiétants, atteignant des Fréquences cardiaques de plus en plus élevées, à l’entraînement. Un matin au repos, j’ai même enregistré une aberration lors d’une mesure avec une autre montre. En fait, j’avais déjà réalisé un test d’effort en avril à l’issue duquel le cardiologue avait noté des arythmies. Il m’avait alors conseillé de consulter car si les arythmies cardiaques qui peuvent survenir lors de la pratique intensive de sports d’endurance sont souvent bénignes, d’autres peuvent être révélatrices d’un risque de mort subite ! A l’approche de mes premières « vraies » échéances, je ne pouvais pas rester ainsi… J’ai donc fait ces examens.
Cet appel téléphonique et ce mail me rassurent. J’ai donc le droit de courir avec la consigne de stopper à la moindre alerte, ou gène cardiaque persistante.

Annecy 10 h 30. Je retrouve Vincent Rabec, mon coach en préparation physique spécifique Trail. C’est la 1e année que j’inclus ce type d’entraînement à ma prépa. Certains jugent ce travail risqué (prise de masse musculaire, perte d’élasticité, altération de la foulée…) mais de plus en plus d’études scientifiques montrent l’intérêt du travail de renforcement musculaire, notamment dans la prévention des lésions ou encore dans l’augmentation du temps de soutien.J’ai donc tenté cette préparation.

Me voilà donc partie pour 30 minutes de réveil musculaire, dont quelques jolies lignes droites. Avec les kilomètres de voitures depuis l’Andorre, cette mise en jambes trouve plus que jamais son utilité. Vincent est également kiné : je profite d’un petit contrôle de mobilité. Il me pose un tape : le muscle pyramidal droit [fessier] souffre lui aussi des kilomètres. Il vient me pincer le nerf sciatique ce qui n’est pas très agréable. L’apparition d’une contracture à la fesse gauche le lendemain de la XL race serait-elle la preuve que cette technique de soulagement musculaire est efficace ?

Une course à l’écoute de mon corps

Lors de notre footing, ma Suunto Fenix3 montre encore des FC aberrantes. Je décide de ne pas enregistrer la variation de FC demain. Une bonne occasion de s’écouter !! D’autant que je n’ai pas préparé cette XL Race de façon idéale. J’ai bien mis à profit ma semaine de vacances pour dormir suffisamment mais côté alimentaire je n’ai pas été totalement rigoureuse. Je le paierai un peu à la fin de la 1e journée et surtout le lendemain lors de l’ascension du mont Baron. En effet, j’ai dû me poser 5 bonnes minutes sur le bord du chemin le temps de reprendre mes esprits, manger une barre énergétique et baisser en température sous les conseils attentionnés d’un spectateur, Hubert, qui me laissa un gentil mot sur Facebook, que je recopie en guise de clin d’œil : « On s’est croisés ce matin juste à l’instant d’un petit passage à vide… en fait, j’ai cru à un vrai gouffre !! J’étais bien navré de vous voir dans cet état… du coup, j’ai regardé les résultats pour voir l’étendue des dégâts [arrivée ou pas ??]… et du coup BRAVO… Je constate que j’avais affaire à une pro qui a de la ressource !! Désolé de vous avoir bassiné avec mes questions/conseils basiques… et bonne continuation. »

Que je n’aie pas été sélectionnée pour les championnats du monde de trail n’est pas lié aux polémiques hivernales mais, entre autres, du au fait de n’avoir pas participé aux championnats de France en 2014, condition de sélection. Cela aura un peu blessé mon égo mais on n’a pas de temps à perdre en ce bas monde pour ruminer.

team Garmin adventureDe fait sur la XL Race, j’ai pu mettre à profit le confort de partager un appartement avec le team Garmin adventure, et d’échanger quelques réflexions sur la course. Nous covoiturons. La place de l’affect est fort importante dans la réussite d’une compétition : j’apprécie le bisou-qui porte chance- de mes coéquipiers et la présence de mes ti rayons de soleil : Hélène, une très bonne amie que je vois trop rarement et une « Galinette » que vous découvrirez en visionnant sa vidéo. https://youtu.be/XbzLvloAjvY. Je me saisis donc de l’enthousiasme débordant de Laurie, de la présence efficace de ses parents qui s’improviseront assistants et de celle inattendue de ma sœur et de sa famille dont mon tout jeune neveu auquel je promets le trophée de la plus haute marche du podium !! Pour le coup, j’ai pris un risque, mais ma bonne Étoile m’a bien aidée ! Il est vrai aussi que mon début de saison est rassurant puisque j’ai gagné toutes mes compétitions. Les distances ont augmenté progressivement mais sans jamais dépasser 30 km. Ainsi même si j’ai enchaîné une verticale race et les 25 km de la verti-Eiffage (sur la Verti-causse, les 9 et 10 mai 2015), je n’ai jamais enchaîné deux marathons-trails sur un week-end comme je dois le faire sur cette XL Race.

Un volume d’entraînement assez faible

Mon hiver fut aussi chaotique avec beaucoup de remises en question de mes planifications d’entraînement, des interruptions et un volume d’entraînement hebdomadaire finalement assez faible dépassant rarement les 10 h. Finalement ces conditions qui auraient pu me stresser, me soulagent : faire avec ses possibles, attendre et voir ! Et c’est ainsi que j’ai couru à Annecy.

Sur le premier jour de course, faute de m’être parfaitement échauffée, je mets 40 minutes à me sentir bien. Pendant ce temps-là, je joue au chat et à la souris avec Christelle Vacher. Une fois « réveillée », j’ai pu reprendre les choses en main et prendre le contrôle de la course. Je termine la course avec 13 minutes d’avance sur Christelle. Malheureusement, elle ne se présente pas sur la ligne de départ le lendemain mais je ne le sais qu’une fois la ligne d’arrivée. De fait, je ne connaitrai jamais la distance qui me sépare de la deuxième ce qui me poussa à ne pas trop trainer même lors de ce méchant coup de pompe qui m’obligea à m’asseoir, les yeux hagards, sur le bord du chemin.

Je termine donc avec une double victoire sur cette XL race de 85 km et 5300mD+, mettant 5 h 13 pour courir les 44 premiers km et 2550 m de dénivelé positif du tour du lac, puis 5 h 27 pour boucler les 41 km et 2750mD+ [pour vois le détail sur ma course vous pouvez consulter ma fiche sur le site de la course http://maxirace.livetrail.net/coureur.php?rech=5022].

Sur cette deuxième journée, je trouve la 2e épreuve plus roulante et plus facile, alors qu’elle est réputée plus difficile. Est-ce en raison de l’absence de coureurs d’autres épreuves sur le parcours ?. Peut-être, car lors de la première étape, nous devions doubler les coureurs de la maxi-race sur des portions étroites, nous obligeant à courir « en hors-piste » et à prendre des risques dans les descentes. Il est vrai que le sommet du pas de l’Aulps et du mont Baron étaient plus raides et techniques que ceux de la 1e étape mais les sentiers étaient propres et permettaient des vitesses de course plus élevées. Et les vues étaient vraiment grandioses sur cette 2e partie !!

Peut-être, est-ce aussi plus facile de courir deux fois un marathon-trail sur un week-end que de courir 85 km d’une seule fois ? Je ne saurai répondre. J’étais de toute façon mieux armée pour 45 km que pour 85 km. Soutenue par Vincent, le samedi après-midi, j’ai aussi pu profiter d’un massage drainant que j’ai complété avec le port d’un pantalon de récupération durant la nuit. J’ai aussi veillé à prendre dans les 30 minutes après la fin de la 1e épreuve 500 ml de boisson de récupération, deux pastilles de citrate de potassium sans oublier de boire régulièrement de l’eau gazeuse citronnée. J’ai aussi bien sûr soigné la qualité nutritionnelle de mes deux repas avec le déjeuner et le dîner. René Rovera, habitué aux raids sur plusieurs jours, m’aussi précisé que le lendemain d’une épreuve le corps demande plus d’énergie : j’ai donc opté pour une boisson plus concentrée en glucides sur la deuxième étape et surveillée encore plus mon hydratation… ce qui ne m’empêchera pas de ressentir un sacré coup de pompe 10km avant l’arrivée. Une diététique plus rigoureuse lors des 10 jours précédant l’épreuve aurait probablement limité les dégâts.

Désormais, j’ai de bons repères sur mes allures en côte mais je dois encore travailler ce secteur. Je vais aussi réfléchir au port de bâtons notamment sur l’Ice Trail Tarentaise, les 11 et 12 juillet 2015, ma prochaine échéance. Ce sera le théâtre des championnats d’Europe de Skyrunning. L’épreuve fera 65 km et 5000mD+. Emelie Forsberg avale le tracé en 9 h 30 ! …

Je serai là encore une fois surtout à l’écoute de mon cœur !!… Mais ai-je une fois cessé de l’être ?!

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