Anthony Charteau évoque la Tropicale Amissa Bongo

La 11eme édition du Tour du Gabon, connue sous le nom de Tropicale Amissa Bongo, se déroulera du 18 au 24 janvier. Anthony Charteau l’a emporté de 2010 à 2012, il témoigne des charmes et des spécificités de la plus célèbre course du continent Africain.

Lepape-info : Anthony quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette course ?

C’est une course sur laquelle on porte un regard exotique en Europe. On pense que c’est une épreuve facile d’un point de vue sportif. Tout cela ce sont des regards extrêmement faussés. Beaucoup d’éléments viennent durcir cette épreuve comme la chaleur évidemment. Les terrains qui sont parfois très durs, on passe très vite du plat à la montagne. La façon de courir des locaux, très désordonnée, demande une vraie adaptation. Pour moi ça reste un excellent souvenir, d’abord parce que je l’ai emportée trois fois. Mais aussi parce que c’est une véritable aventure et aussi une expérience humaine incroyable. On échangeait beaucoup avec les coureurs locaux, ils étaient très demandeurs de conseils. Ils étaient vraiment heureux de nous voir.

Lepape-info : L’organisation était-elle aussi aventureuse ?

Franchement, nous coureurs, n’avons jamais eu à nous plaindre. Les conditions de transport et d’hébergement y ont toujours été impeccables. Par contre pour le reste des staff, les mécaniciens notamment, cela parfois été difficile, avec des transferts en train aléatoires, ou des hôtels très loin de l’arrivée.

Lepape-info : Que pensez-vous des coureurs africains ?

Ils sont plus difficiles à battre qu’on ne le croit, déjà parce qu’ils sont plus habitués que nous à rouler dans ces conditions. Ils ont de grandes qualités, ils peuvent être endurants comme les Erythréens ou les Kenyans, comme on le voit en athlétisme. Ce qui est étonnant c’est que même avec des gabarits de grimpeurs ils développent aussi des qualités au sprint.

Lepape-info : Comment se passe la course ?

La course est très difficile à contrôler, il y a quelques années c’était encore foufou. Ils pouvaient attaquer 100 fois dans une étape, de manière très désordonnée. Certaines fois on aurait pu croire disputer une course de minimes, ça flinguait tout le temps. Mais ce manque de culture tactique allait de pair avec une volonté, un courage incroyable qui leur permettait de rivaliser.

Lepape-info : Les choses ont évolué ?

D’année en année, leurs équipes progressent en organisation. Sur la dernière édition que j’ai disputée, j’ai constaté une véritable évolution. Les structures sont mieux coordonnées, on commence à voir de bons directeurs sportifs.

Lepape-info : Que faudrait-il au cyclisme africain pour avancer encore ?

On a vu des Erythréens cette année au tour de France, c’est bien. Après il faudrait mieux organiser le calendrier autour des épreuves phares. Les coureurs n’ont pas de courses avec le tour du Gabon pour se préparer. Parfois, ils s’entraînent à peine 15 jours avant ! Il leur faudrait structurer des DTN, des écoles de vélo. L’UCI emmène les meilleurs éléments en formation en Suisse. C’est tout un continent qui découvre le cyclisme mais avec leurs qualités naturelles et l’arrivée des meilleurs éléments dans les équipes pro, ils ont vraiment la possibilité de réaliser de très belles choses dans les années à venir.

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